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Test du MacBook Pro 13" Core i5 2,3 GHz « Thunderbolt » (début 2011)

Anthony Nelzin-Santos

mercredi 09 mars 2011 à 10:30 • 39

Matériel

Processeurs Sandy Bridge avec nouvelle micro-architecture, processeur graphique Intel Graphics HD 3000, nouvelle entrée-sortie Thunderbolt : Apple a appuyé sur la pédale d'accélérateur avec ses nouveaux MacBook Pro, sans pour autant les modifier radicalement. L'entrée de gamme passe enfin au Core i5 après des années de Core 2 Duo sans gagner un centime. La mise à jour que l'on attendait tous ? La réponse dans notre test.

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Le jeu des sept erreurs
Bien malin celui qui pourrait distinguer du premier coup d'œil un MacBook 13" Core i5 de 2011 d'un MacBook Pro 13" Core 2 Duo de 2010 tant les différences sont minimes. Même poids (2,04 kg), mêmes dimensions (32,5x22,7x2,41 cm), même profil : les deux générations sont pour l'essentiel identiques. On pourrait remarquer que la finition de l'aluminium est légèrement différente, que les bords sont légèrement moins tranchants, que la charnière est un peu plus ferme ; ce seraient bien les seuls détails, infimes, ayant été modifiés. C'est en fait à l'intérieur que le gros du travail a été réalisé.

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Au-dessus de l'écran, Apple a revu son iSight, qui s'appelle désormais caméra FaceTime. Les ingénieurs de Cupertino n'ont pas repris la bonne idée du MacBook Air consistant à rapprocher la webcam de l'écran, ce qui évite d'y poser les doigts à chaque ouverture du capot. Ils ont par contre fait en sorte que la caméra FaceTime enregistre en HD 720p (1280x720, encodage et décodage effectué par la puce graphique).

Cette webcam est un peu plus grand-angle que l'iSight : avec FaceTime en plein écran, on peut tenir une discussion à plusieurs devant l'écran, la webcam captant tout le champ. Elle tire un peu plus sur le magenta que les précédentes versions, mais délivre des couleurs plus saturées plus proche de la réalité, possède un bien meilleur piqué, et offre donc une qualité globale plutôt bonne — pour une webcam s'entend. La qualité des discussions FaceTime en sera donc grandement améliorée, si bien sûr votre connexion Internet suit le rythme (lire : MacBook Pro : un aperçu de FaceTime HD).

L'écran est inchangé : Apple n'a pas jugé bon d'augmenter sa définition de série comme elle l'a fait sur le MacBook Air. On ne trouvera d'ailleurs pas d'option « écran HD » pour les modèles 13", qui sont aussi privés de dalles mattes. C'est plutôt dommage : le MacBook Pro 13" reste un peu à l'écart du reste de la famille, qui offre ces possibilités. Les autres éléments extérieurs n'évoluent pas plus, ou presque : on remarque désormais, à la gauche du port mini-DisplayPort, un petit logo en forme d'éclair.

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Le port Thunderbolt reprend le connecteur mini-DisplayPort. Le port SD est désormais compatible SDXC.


Thunderbolt : un port pour plus tard
C'est que ce port s'appelle désormais Thunderbolt, et est bien plus qu'une simple sortie vidéo. Thunderbolt est l'appellation commerciale d'une technologie développée par Intel sous le nom de Light Peak (lire : Thunderbolt : à quoi bon ?). Apple ayant collaboré de près à sa conception, les MacBook Pro sont les premiers ordinateurs à l'utiliser : cette situation rappelle celle de l'iMac, qui avait été le premier à intégrer l'USB, autre technologie d'Intel.

Thunderbolt Performances
Thunderbolt est vingt fois plus rapide que l'USB 2.0, 12 fois plus rapide que le FireWire 800, et même deux fois plus rapide que l'USB 3.0, tout en étant plus polyvalent.


Thunderbolt véhicule les données sur un bus PCI Express, et utilise le port mini DisplayPort : il rappelle l'Apple Display Connector, qui faisait lui aussi transiter données, son et vidéo numérique par un seul câble. Le câble Thunderbolt, justement, est constitué d'une paire de faisceaux cuivre : il permet donc la transmission des données dans les deux sens jusqu'à 10 Gb/s, et transmet un courant électrique d'une puissance de 10 W. Comme le FireWire avant lui, Thunderbolt permet de chaîner 6 périphériques, dont deux écrans haute résolution. Compatible USB, FireWire et Ethernet par le biais d'adaptateurs, ainsi que DVI, VGA et HDMI, Thunderbolt est un port mis en avant par Apple comme idéal pour la transmission de vidéo.

Voici Thunderbolt
La configuration Thunderbolt standard selon Apple. Nul doute qu'avec sa démocratisation, ce connecteur trouvera d'autres applications. Dans cette configuration et avec des câbles 2m, MacBook Pro et baie Promise R6 communiquent à 700 Mb/s, baie et écran communiquent à 900 Mb/s.


L'illustration utilisée pour mettre en avant Thunderbolt ne fait pas de mystère : Apple pense que ce nouveau connecteur est parfait pour les cinéastes qui pourront se constituer un studio mobile très performant. De retour derrière un bureau, ils pourront relier grand écran et solution de stockage sur un seul câble. Les rares produits Thunderbolt annoncés, chez Promise ou LaCie, sont résolument destinés aux professionnels, notamment de la vidéo, grande consommatrice de bande passante. Les ingénieurs d'Apple estiment qu'un MacBook Pro relié à une baie Promise R4 ou R6 permet d'éditer quatre flux HD en simultanée (la carte graphique sera la seule limite). Seuls manquent donc, pour le moment, les périphériques compatibles.

Processeur et carte graphique : enfin du nouveau
La précédente génération de MacBook Pro 13" était restée au Core 2 Duo faute d'un accord permettant à Nvidia de développer des chipsets pour les processeurs Core iX. Les performances graphiques des chipsets Intel devenant passables, Apple a fini par abandonner son partenaire pour passer aux processeurs Sandy Bridge.

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Le premier MacBook Pro 13" utilise un processeur Intel Core i5 « Sandy Bridge » 2410M cadencé à 2,3 GHz. Cette génération de processeurs utilise une nouvelle microarchitecture qui regroupe cœurs processeurs, cœurs graphiques, cache et contrôleur mémoire sur la même puce, pour un gain de place et des performances améliorées. Le i5-2410M possède deux cœurs physiques : grâce à l'Hyper Threading, il dispose de quatre cœurs logiques. S'il est cadencé à 2,3 GHz, il peut atteindre jusqu'à 2,9 GHz sur un seul cœur avec Turbo Boost. Cette technologie a d'ailleurs été mise à jour : elle monte désormais à la fréquence maximale par de plus petits paliers, ce qui permet d'adapter au mieux la fréquence du processeur aux besoins. Une fois cette fréquence maximale atteinte, le mode Turbo Boost peut être activé plus longtemps qu'avant.

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Deux cœurs physiques, cela fait quatre cœurs logiques. Peu d'applications en tirent encore partie, mais quand c'est le cas (ici avec Handbrake), ça carbure !


Le Core i5-2410 intègre une puce graphique Intel HD Graphics 3000, une marque commerciale générique désignant les diverses solutions graphiques intégrées d'Intel. Celle utilisée par le processeur du MacBook Pro d'entrée de gamme n'est pas la plus performante : elle plafonne à une cadence maximale de 1,2 GHz (contre 1,3 GHz dans sa déclinaison la plus rapide), et prélève 384 Mo de mémoire sur la RAM de l'ordinateur. Cette puce n'est pas la plus performante que l'on puisse trouver pour jouer, mais elle tire son épingle du jeu en encodage / décodage de flux HD, et est capable de moduler sa fréquence pour économiser l'énergie. La puce Intel HD Graphics 3000 est censée être compatible OpenCL, mais impossible d'exécuter le moindre test OpenCL dessus — heureusement, ce ne sont pas les benchs qui manquent.

Performances : un sacré coup d'accélérateur
Les résultats des tests bruts sont sans appel : le MacBook Pro 13" d'entrée de gamme cuvée 2011 (en bleu) enterre son prédécesseur de 2010 (en gris). Mieux, il dépasse dans la plupart des cas le MacBook Pro 17" de la précédente génération, une machine qui coûtait plus de 2 000 € il y a quelques semaines à peine ! L'effet Sandy Bridge se fait sentir dans tous les domaines, mais les outils de benchs étant assez peu sensibles aux dernières optimisations processeur, il est surtout visible dans le domaine de la mémoire : le passage à 1 333 MHz et l'intégration du contrôleur au sein du PoP (package on package) se sentent. Notons que Cinebench, qui met l'accent sur les performances graphiques, montre que l'Intel HD Graphics 3000 se place entre les Nvidia GeForce 320M et 330M qu'embarquaient les précédents MacBook Pro.

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Cliquer pour agrandir.


Seul bémol, mais on commence à s'y habituer : les performances, catastrophiques quant à elles, du disque dur 5 400 TPM fournit par Apple (un Hitachi Travelstar 5K320). Alors que le SSD du MacBook Air carbure à plus de 200 Mo/s et qu'un disque dur 7 200 TPM comme le Hitachi Travelstar 7K500 débite à plus de 100 Mo/s, le 5K320 ahane à 80 Mo/s — au moins a-t-il le bon goût de le faire en silence. La chose se ressent lors du test de compression de fichiers dans le Finder, qui tient autant du processeur que du disque dur.

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Les tests applicatifs confirment les tests bruts : cette machine se permet de surclasser l'ensemble de l'ancienne gamme MacBook Pro, y compris les 17", à de très rares exceptions près. Musique, image, vidéo, rien ne semble lui résister… ou presque. L'Intel HD Graphics 3000 affiche en moyenne 12 i/s. dans Starcraft en 2C2 à la définition native avec les options graphiques « Élevées ». Bien sûr, en utilisant les options recommandées (1152x720 avec les options « Moyennes »), on remonte à 25 i/s.. C'est au moins aussi mauvais que d'habitude sur Mac, au niveau de la GeForce 320M qui équipait la précédente génération. Notre partenaire Barefeats montre que sur d'autres jeux, la Intel HD Graphics 3000 est légèrement en dessous de la GeForce 330M, carte graphique dédiée que l'on trouvait dans les anciens MacBook Pro 15". Bref, cette carte graphique n'est pas un désastre, mais n'est pas non plus un miracle.

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Cliquer pour agrandir.


Autonomie : un chameau
Cette débauche de puissance ne se fait pas au détriment de l'autonomie : la possibilité qu'ont le processeur et la puce graphique de moduler finement leur puissance et donc leur consommation permet à ce nouveau MacBook Pro d'offrir des performances en hausse tout en augmentant encore son autonomie ! Notre premier test consiste à lire un fichier HD 1080p H.264 dans un conteneur Matroska avec QuickTime X et Perian — Wall-E, pour les curieux. Ce MacBook Pro 13" a rendu l'âme après 4h01 de lecture ininterrompue (luminosité à 80 %, son à 50 %, WiFi activé avec Mail relevant le courrier toutes les minutes), à une vingtaine de minutes du recordman du genre, le MacBook Pro 15" Core i7 de 2010.

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Notre test « Web en musique » consiste à recharger notre page d'accueil toutes les 30 secondes dans Safari en écoutant de la musique en boucle dans iTunes avec la luminosité de l'écran à 80 % et le volume sonore à 50 %. Cette fois, le MacBook Pro 13" tient 7h14, nouveau record absolu. C'est même un petit quart d'heure au-dessus de l'estimation d'Apple, qui utilise un test aussi intensif (rechargement des 25 pages Web les plus populaires). Si l'on remplace iTunes par Pages et un document de 200 pages mêlant texte et images, c'est cette fois-ci 8h48 d'autonomie qu'offre ce MacBook Pro 13", là encore un nouveau record.

Son autonomie est tellement bonne que nous avons renoncé à notre test empirique d'utilisation quotidienne avec Safari (donc WiFi activé), Mail (relève toutes les 5 minutes), TextMate, Antidote, iTunes et Yoru Fukurou : 5 heures après son démarrage, ce MacBook Pro 13" avait encore 25 % de réserve. Un étudiant devrait pouvoir oublier son adaptateur secteur chez lui et tenir une journée de cours sans trop forcer. La recharge, quant à elle, prend environ 2h30.

Une mise à jour mi-figue mi-raison (c'est peut-être le vrai goût de la pomme)
Cette mise à jour est donc à la fois la plus décevante et la plus réjouissante qu'Apple aurait pu offrir. Réjouissante, car elle justifie à nouveau le suffixe « Pro » de ces MacBook Pro, et de la plus belle manière. Nouveaux processeurs surpuissants, superbe autonomie : cette mise à jour est loin d'être mineure. Carte graphique moyenne, entrée/sortie Thunderbolt certes prometteuse, mais pour le moment inexploitable : elle laisse sur sa faim. Pire, elle déçoit parfois à l'heure des choix qu'a opérés Apple sur le MacBook Air.

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Cette machine est tout en conservatismes, et représente la dernière évolution d'un concept certes éprouvé, mais qui n'est peut-être pas le plus passionnant de l'univers Apple. Passe encore que le design n'ait pas évolué depuis trois ans, il représente ce qu'Apple sait faire de mieux ; mais on aurait pu espérer qu'Apple décale légèrement la caméra FaceTime (une bonne idée du MacBook Air) ou qu'elle propose un écran HD ou mat au moins en option (une autre bonne idée, de série, du MacBook Air). Ne nous lancez même pas sur la présence d'un disque dur anémique sur une machine à 1 200 € : sans aller jusqu'à exiger un SSD, la présence d'un disque 7 200 TPM aurait peut-être été souhaitable.

Le nouveau processeur est une petite merveille, mais la carte graphique ne fait pas de miracles : Apple privilégie l'autonomie, ce qui limite donc l'espace disponible sur la carte-mère et donc la présence d'une solution dédiée. Cette Intel HD Graphics 3000 s'en sort cependant bien dans son traitement de la vidéo, et fait aussi bien qu'elle le peut côté jeu vidéo.

Le PC est un camion disait Steve Jobs, et c'est l'impression que laisse ce nouveau MacBook Pro 13", représentant le plus récent d'une espèce appelée à disparaître (la conclusion serait valable pour le reste de la gamme). En mettant l'accent sur la puissance, Apple redonne ses lettres de noblesse à sa gamme professionnelle tout en laissant plus d'espace à sa gamme de MacBook Air, choisie pour faire la promotion de Mac OS X Lion, et qui est clairement le nouveau centre de gravité de la gamme (lire : Le MacBook Air serait un poids lourd des ventes). Ce nouveau MacBook Pro 13" est sans conteste le meilleur MacBook Pro 13" réalisé par Apple — et après tout, c'est peut-être tout ce qui compte. Est-il le MacBook Pro 13" que l'on attendait ? C'est une tout autre histoire…

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