À son train de sénateur, Apple met à jour ses Mac Pro tous les 18 mois. Une mise à jour plus interne qu'externe, puis l'apparence des stations de travail de la firme à la pomme n'a pas évolué depuis juin 2003 et l'apparition des Power Mac G5.
On ne change pas une formule qui gagne doit-on se dire à Cupertino, et si le Mac Pro n'est pas le Mac le plus vendu, il répond à une demande de niche à la confluence de la puissance et de l'évolutivité, toutes choses justifiant un investissement conséquent. Les Mac Pro 2010 ont-ils justement ce qu'il faut pour motiver la dépense de 2.400 à 3.400 € ?
Chers Mac Pro
Les signes extérieurs de richesse du Mac Pro restent les mêmes, donc : un imposant boîtier en aluminium de 51x21x47 cm pour 18 kilos doté de quatre ports FireWire 800 (deux en façade, deux à l'arrière), cinq ports USB 2.0 (deux en façade, trois à l'arrière), ainsi que des prises entrée/sortie audio optiques (S/PDIF / TOSLINK) et analogiques et deux ports Ethernet. Alors qu'Apple avait revu la conception interne des Mac Pro en 2009, elle a cette fois conservé la même architecture, les processeurs Xeon Westmere reprenant les fondamentaux des Xeon Nehalem. Le cerveau du Mac Pro est disposé sur une carte-fille extractible comprenant processeur, mémoire vive et contrôleurs.
La configuration Quad-Core est centrée autour d'un processeur Xeon Nehalem quadricœur cadencé à 2,8 GHz et de 3 Go de mémoire vive SDRAM DDR3 ECC à 1.066 MHz. La configuration monoprocesseur, facturée 2.399 €, dispose de quatre banques mémoire, pour un maximum de 16 Go. La version 8-core est quant à elle basée sur deux processeurs Xeon Westmere quadricœur cadencés à 2,4 GHz. Alors que certains se demandent pourquoi Apple met toujours du matériel de serveur dans ses Mac Pro, on rappellera que seuls les Xeon autorisent des configurations bi-processeurs, historiques dans la gamme. Chaque processeur étant accompagné de quatre banques mémoires, ce sont donc huit banques mémoires qui équipent les Mac Pro 8-core. Par défaut, Apple fournit 6 Go de RAM SDRAM DDR3 ECC 1.066 MHz — en 6x1 Go, petite mesquinerie difficilement acceptable sur une machine à 3.399 €.
Il faudra passer aux processeurs six cœurs pour bénéficier de la mémoire à 1.333 MHz : l'intégration des contrôleurs mémoire aux processeurs permet néanmoins une forte réduction des temps de latence. Les processeurs, justement, sont compatibles Turbo Boost et Hyper Threading. La première technologie permet des performances dynamiques : si seulement un ou deux cœurs de processeurs sont utilisés, le Turbo Boost va désactiver les cœurs inactifs et augmenter la cadence des cœurs actifs par paliers de 133 MHz jusqu'à atteindre la limite thermique du processeur. Sur le Nehalem 2,8 GHz, on peut ainsi atteindre jusqu'à 3,06 GHz, alors qu'on peut atteindre 2,66 GHz sur chaque processeur Westmere 2,4 GHz. L'Hyper Threading, lui, permet au système d'adresser deux cœurs processeurs virtuels pour chaque cœur processeur physique : le Nehalem 2,8 GHz dispose ainsi de huit cœurs virtuels, alors que le Westmere 2,4 GHz dispose de pas moins de 16 cœurs logiques.
Les deux modèles sont fournis avec une carte graphique ATI Radeon HD 5770 avec 1 Go de mémoire GDDR5, une carte milieu de gamme dont la présence dans les Mac Pro pourrait être contestée — Apple offre en option une ATI Radeon HD 5870 1 Go autrement plus convaincante, pour 200 € de plus tout de même. L'une comme l'autre peuvent piloter trois moniteurs 30" (par le biais de deux ports Mini DisplayPort et d'un port DVI à double liaison) : on peut installer deux cartes HD 5770, pour un total de six écrans. Enfin, le disque dur fourni d'origine est un Western Digital Caviar Black 1 To 7200 TPM avec 32 Mo de cache, un disque dur réputé performant — la version 2 To offrant 64 Mo de cache et des performances à l'avenant est disponible en option pour 150 €. Les quatre tiroirs sont toujours là : ce sont donc 8 To qui pourront trouver place dans les Mac Pro, qui offrent pour la première fois une option SSD (1.400 € le disque de 512 Go, soit 5.600 € pour remplir les quatre baies).
Aluminium brut, performances brutes
On attend évidemment de ces Mac Pro des performances à la hauteur de leur tarif : sur le papier, les performances sont là, et ces deux Mac Pro surpassent les deux modèles qu'ils remplacent. Aux tests GeekBench, tournant autour de la puissance processeur et des performances mémoire, le Mac Pro 2010 Nehalem 2,8 GHz fait mieux que son prédécesseur 2,66 GHz, et le bi-Westmere 2,4 GHz met une petite gifle au bi-Nehalem 2,26 GHz. La contre-performance mémoire s'explique par l'utilisation de mémoire 1.066 MHz — le huit cœurs profiterait de mémoire à 1.333 MHz. Le Mac Pro Nehalem huit cœurs à 2,93 reste logiquement devant.
Vieillissant, xBench n'est pas le test le plus fiable, mais il offre un premier aperçu des performances brutes globales, notamment du côté de la carte graphique et du disque dur. xBench ne travaillant que sur un seul processeur (mais sur l'ensemble des cœurs de ce processeur), la fréquence est cruciale : le Mac Pro Westmere huit cœurs est donc distancé par le Nehalem quatre cœurs — et l'iMac Core i5 3,6 GHz survole les débats (lire : Test de l'iMac Core i5 3,6 GHz). L'écart entre les deux modèles de 2010 est comparable avec celui qui existait entre l'octocœur et le quadricœur de 2009. Là encore, on constate que le petit speed-bump a fait son effet (modéré), sans que l'architecture Westmere ne révolutionne les choses en quadricœur face au Nehalem. Il faudra donc attendre les résultats des tests des Mac Pro équipés de processeurs six cœurs pour constater les bénéfices du Westmere.
S'il fallait encore une preuve que les modèles quad et octocœur de 2010 surpassent leurs aînés de 2009 tout en restant en dessous du huit cœurs 2,93 GHz, les tests Cinebench R10 apporteront cette confirmation, tout en montrant que la Radeon HD 5770 ne fait pas d'étincelles.
Les tests Cinebench R11 sont donnés pour pure indication : nous manquons encore de recul pour pouvoir les interpréter correctement, même si là encore, les tests OpenGL confirment que la 5750 est au niveau de la 4850 qu'elle remplace dans la gamme ATI.
Il faut dire un mot des performances du disque dur, un Caviar Black 1 To : elles sont tout simplement excellentes, avec des pointes à 175 Mo/s en écriture aléatoire de pourtant gros fichiers, et un plateau en lecture/écriture séquentielle autour des 126 Mo/s avec une belle linéarité. Le cache de 32 Mo joue clairement son rôle et permet à ce disque dur de scotcher sur place des Velociraptor qui ont longtemps fait autorité grâce à leur vitesse de rotation de 10.000 TPM. La densité d'écriture des données sur les plateaux est aujourd'hui telle qu'elle permet mécaniquement des débits très élevés.
Ceci n'est pas un radiateur d'appoint à 2.500 €…
Mais les performances brutes ne font pas tout : il faut vérifier ce que cela donne avec des applications qui pour la plupart ne sont pas optimisées pour le nombre de cœurs aujourd'hui offert par les Mac Pro. La comparaison est compliquée par le fait que les précédents Mac Pro étaient livrés sous Mac OS X Leopard, Snow Leopard ayant changé pas mal de choses (voir les résultats du Mac Pro octo-2,93 GHz). La comparaison des deux systèmes entre eux et avec les iMac les plus puissants est néanmoins instructive.
iMovie cale à 8 huit cœurs : le Mac Pro Westmere ne peut donc profiter de ses seize cœurs virtuels, le Nehalem prenant le meilleur grâce à sa fréquence supérieure. Logiquement, le Nehalem 2009 à 2,93 GHz reste loin devant. L'iMac Core i5 à 3,6 GHz domine dans tous les tests « tirant » sur un seul cœur : c'est alors la fréquence qui prime, et il frôle alors les 4 GHz grâce à l'Hyperthreading.
Dans Photoshop, l'iMac est le plus rapide au test DriverHeaven : on sait que Photoshop est conçu avant tout pour 2 à 4 cœurs — pire, ses performances peuvent être en retrait si trop de cœurs sont présents ! (lire : Photoshop CS5 : plus de cœurs, moins de performances). Pourtant, au test Retouch Artists, le Mac Pro Westmere Octo-2,4 GHz prend le meilleur sur le Nehalem Quad-2,8 GHz. La mémoire joue son rôle : le Nehalem n'est doté que de 3 Go, alors que le Westmere est doté de 6 Go — grâce au 64-bits, Photoshop alloue jusqu'à 4 Go de mémoire pendant ce test. L'autre explication est la nature des filtres employés : alors qu'avec le test DriverHeaven, 2 cœurs sont employés à 100 % et que les autres sont inactifs, lors du test Retouch Artists, les 16 cœurs sont employés, avec une occupation variant entre 20 et 30 %.
Que choisir ?
De fait, les machines se comportent très différemment selon les logiciels employés, ce qui rappelle s'il le fallait que l'optimisation des logiciels est critique sur ces ordinateurs débordant de puissance qui ne demande qu'à être domptée et utilisée.
Encoder un album en ALAC Lossless avec XLD ne prend qu'une poignée de secondes avec le Mac Pro Westmere huit cœurs, machine qui encode un DVD de 90 minutes en un fichier H.264 1.800kpbs en à peine 15 minutes. Cette machine est à considérer si vous employez des applications tirant parfaitement parti du multicœur : ce n'est malheureusement pas encore le cas de toutes les applications de la suite Final Cut Studio, mais heureusement le cas d'un nombre croissant d'applications professionnelles de 3D (nous aurons l'occasion d'ajouter des benchs spécifiques à ce type d'applications dans nos prochains tests).
Le choix d'une machine va donc être à méditer, et on serait bien en peine de conseiller une configuration plutôt qu'une autre. Ceux qui ont un Mac Pro de l'an dernier, notamment le modèle 8 cœurs à 2,93 GHz, ont tout intérêt à continuer de rentabiliser leur investissement. Ceux qui trouvent les modèles 2010 un peu chers se lèveront tôt pour guetter les bonnes affaires sur le refurb : les modèles 2009 sont loin, très loin de démériter. Le changement de la carte graphique ou le remplacement des disques durs par des SSD donnera le coup de fouet nécessaire dans quelques années.
La seule grande différence entre le Nehalem quatre cœurs et le Westmere bi-quatre cœurs est le nombre de banques mémoires : quitte à s'endetter pour payer une machine que l'on gardera plusieurs années et que l'on fera évoluer au fil du temps, autant prendre celle qui garantit la plus grande pérennité. Celui qui a déjà un écran et dispose d'un budget limité tout en souhaitant une machine évolutive pourra cependant lorgner sur le quatre cœurs sans aucun regret. C'est toute la difficulté de cette gamme 2010 : aucun des deux modèles d'entrée de gamme ne sort du lot, même si le huit cœurs est clairement tourné vers l'avenir.
Seule machine évolutive de la gamme Apple, le Mac Pro est aussi la machine qui comporte le plus grand nombre de configurations possibles : si Apple n'affiche que trois configurations standard (quatre cœurs, huit cœurs, douze cœurs), il existe un très grand nombre de configurations intermédiaires, les premiers tests confirmant par exemple l'intérêt des processeurs six cœurs. Nous aurons bientôt l'occasion d'en reparler lors du test d'une machine un peu hors-norme qui nous permettra de tester les différentes options graphiques, de disserter de l'intérêt d'un SSD à 1.400 €, ou encore de savoir si avoir douze cœurs permet a un réel intérêt. En attendant, les Mac Pro 2010 4 et 8 cœurs sont à considérer comme des mises à jour mineures de leurs prédécesseurs, bienvenues certes, mais en aucun cas révolutionnaires.
On ne change pas une formule qui gagne doit-on se dire à Cupertino, et si le Mac Pro n'est pas le Mac le plus vendu, il répond à une demande de niche à la confluence de la puissance et de l'évolutivité, toutes choses justifiant un investissement conséquent. Les Mac Pro 2010 ont-ils justement ce qu'il faut pour motiver la dépense de 2.400 à 3.400 € ?
Chers Mac Pro
Les signes extérieurs de richesse du Mac Pro restent les mêmes, donc : un imposant boîtier en aluminium de 51x21x47 cm pour 18 kilos doté de quatre ports FireWire 800 (deux en façade, deux à l'arrière), cinq ports USB 2.0 (deux en façade, trois à l'arrière), ainsi que des prises entrée/sortie audio optiques (S/PDIF / TOSLINK) et analogiques et deux ports Ethernet. Alors qu'Apple avait revu la conception interne des Mac Pro en 2009, elle a cette fois conservé la même architecture, les processeurs Xeon Westmere reprenant les fondamentaux des Xeon Nehalem. Le cerveau du Mac Pro est disposé sur une carte-fille extractible comprenant processeur, mémoire vive et contrôleurs.
La configuration Quad-Core est centrée autour d'un processeur Xeon Nehalem quadricœur cadencé à 2,8 GHz et de 3 Go de mémoire vive SDRAM DDR3 ECC à 1.066 MHz. La configuration monoprocesseur, facturée 2.399 €, dispose de quatre banques mémoire, pour un maximum de 16 Go. La version 8-core est quant à elle basée sur deux processeurs Xeon Westmere quadricœur cadencés à 2,4 GHz. Alors que certains se demandent pourquoi Apple met toujours du matériel de serveur dans ses Mac Pro, on rappellera que seuls les Xeon autorisent des configurations bi-processeurs, historiques dans la gamme. Chaque processeur étant accompagné de quatre banques mémoires, ce sont donc huit banques mémoires qui équipent les Mac Pro 8-core. Par défaut, Apple fournit 6 Go de RAM SDRAM DDR3 ECC 1.066 MHz — en 6x1 Go, petite mesquinerie difficilement acceptable sur une machine à 3.399 €.
Il faudra passer aux processeurs six cœurs pour bénéficier de la mémoire à 1.333 MHz : l'intégration des contrôleurs mémoire aux processeurs permet néanmoins une forte réduction des temps de latence. Les processeurs, justement, sont compatibles Turbo Boost et Hyper Threading. La première technologie permet des performances dynamiques : si seulement un ou deux cœurs de processeurs sont utilisés, le Turbo Boost va désactiver les cœurs inactifs et augmenter la cadence des cœurs actifs par paliers de 133 MHz jusqu'à atteindre la limite thermique du processeur. Sur le Nehalem 2,8 GHz, on peut ainsi atteindre jusqu'à 3,06 GHz, alors qu'on peut atteindre 2,66 GHz sur chaque processeur Westmere 2,4 GHz. L'Hyper Threading, lui, permet au système d'adresser deux cœurs processeurs virtuels pour chaque cœur processeur physique : le Nehalem 2,8 GHz dispose ainsi de huit cœurs virtuels, alors que le Westmere 2,4 GHz dispose de pas moins de 16 cœurs logiques.
Quand 16 cœurs sont à l'ouvrage…
Les deux modèles sont fournis avec une carte graphique ATI Radeon HD 5770 avec 1 Go de mémoire GDDR5, une carte milieu de gamme dont la présence dans les Mac Pro pourrait être contestée — Apple offre en option une ATI Radeon HD 5870 1 Go autrement plus convaincante, pour 200 € de plus tout de même. L'une comme l'autre peuvent piloter trois moniteurs 30" (par le biais de deux ports Mini DisplayPort et d'un port DVI à double liaison) : on peut installer deux cartes HD 5770, pour un total de six écrans. Enfin, le disque dur fourni d'origine est un Western Digital Caviar Black 1 To 7200 TPM avec 32 Mo de cache, un disque dur réputé performant — la version 2 To offrant 64 Mo de cache et des performances à l'avenant est disponible en option pour 150 €. Les quatre tiroirs sont toujours là : ce sont donc 8 To qui pourront trouver place dans les Mac Pro, qui offrent pour la première fois une option SSD (1.400 € le disque de 512 Go, soit 5.600 € pour remplir les quatre baies).
Aluminium brut, performances brutes
On attend évidemment de ces Mac Pro des performances à la hauteur de leur tarif : sur le papier, les performances sont là, et ces deux Mac Pro surpassent les deux modèles qu'ils remplacent. Aux tests GeekBench, tournant autour de la puissance processeur et des performances mémoire, le Mac Pro 2010 Nehalem 2,8 GHz fait mieux que son prédécesseur 2,66 GHz, et le bi-Westmere 2,4 GHz met une petite gifle au bi-Nehalem 2,26 GHz. La contre-performance mémoire s'explique par l'utilisation de mémoire 1.066 MHz — le huit cœurs profiterait de mémoire à 1.333 MHz. Le Mac Pro Nehalem huit cœurs à 2,93 reste logiquement devant.
Vieillissant, xBench n'est pas le test le plus fiable, mais il offre un premier aperçu des performances brutes globales, notamment du côté de la carte graphique et du disque dur. xBench ne travaillant que sur un seul processeur (mais sur l'ensemble des cœurs de ce processeur), la fréquence est cruciale : le Mac Pro Westmere huit cœurs est donc distancé par le Nehalem quatre cœurs — et l'iMac Core i5 3,6 GHz survole les débats (lire : Test de l'iMac Core i5 3,6 GHz). L'écart entre les deux modèles de 2010 est comparable avec celui qui existait entre l'octocœur et le quadricœur de 2009. Là encore, on constate que le petit speed-bump a fait son effet (modéré), sans que l'architecture Westmere ne révolutionne les choses en quadricœur face au Nehalem. Il faudra donc attendre les résultats des tests des Mac Pro équipés de processeurs six cœurs pour constater les bénéfices du Westmere.
S'il fallait encore une preuve que les modèles quad et octocœur de 2010 surpassent leurs aînés de 2009 tout en restant en dessous du huit cœurs 2,93 GHz, les tests Cinebench R10 apporteront cette confirmation, tout en montrant que la Radeon HD 5770 ne fait pas d'étincelles.
Les tests Cinebench R11 sont donnés pour pure indication : nous manquons encore de recul pour pouvoir les interpréter correctement, même si là encore, les tests OpenGL confirment que la 5750 est au niveau de la 4850 qu'elle remplace dans la gamme ATI.
Il faut dire un mot des performances du disque dur, un Caviar Black 1 To : elles sont tout simplement excellentes, avec des pointes à 175 Mo/s en écriture aléatoire de pourtant gros fichiers, et un plateau en lecture/écriture séquentielle autour des 126 Mo/s avec une belle linéarité. Le cache de 32 Mo joue clairement son rôle et permet à ce disque dur de scotcher sur place des Velociraptor qui ont longtemps fait autorité grâce à leur vitesse de rotation de 10.000 TPM. La densité d'écriture des données sur les plateaux est aujourd'hui telle qu'elle permet mécaniquement des débits très élevés.
Ceci n'est pas un radiateur d'appoint à 2.500 €…
Mais les performances brutes ne font pas tout : il faut vérifier ce que cela donne avec des applications qui pour la plupart ne sont pas optimisées pour le nombre de cœurs aujourd'hui offert par les Mac Pro. La comparaison est compliquée par le fait que les précédents Mac Pro étaient livrés sous Mac OS X Leopard, Snow Leopard ayant changé pas mal de choses (voir les résultats du Mac Pro octo-2,93 GHz). La comparaison des deux systèmes entre eux et avec les iMac les plus puissants est néanmoins instructive.
iMovie cale à 8 huit cœurs : le Mac Pro Westmere ne peut donc profiter de ses seize cœurs virtuels, le Nehalem prenant le meilleur grâce à sa fréquence supérieure. Logiquement, le Nehalem 2009 à 2,93 GHz reste loin devant. L'iMac Core i5 à 3,6 GHz domine dans tous les tests « tirant » sur un seul cœur : c'est alors la fréquence qui prime, et il frôle alors les 4 GHz grâce à l'Hyperthreading.
Dans Photoshop, l'iMac est le plus rapide au test DriverHeaven : on sait que Photoshop est conçu avant tout pour 2 à 4 cœurs — pire, ses performances peuvent être en retrait si trop de cœurs sont présents ! (lire : Photoshop CS5 : plus de cœurs, moins de performances). Pourtant, au test Retouch Artists, le Mac Pro Westmere Octo-2,4 GHz prend le meilleur sur le Nehalem Quad-2,8 GHz. La mémoire joue son rôle : le Nehalem n'est doté que de 3 Go, alors que le Westmere est doté de 6 Go — grâce au 64-bits, Photoshop alloue jusqu'à 4 Go de mémoire pendant ce test. L'autre explication est la nature des filtres employés : alors qu'avec le test DriverHeaven, 2 cœurs sont employés à 100 % et que les autres sont inactifs, lors du test Retouch Artists, les 16 cœurs sont employés, avec une occupation variant entre 20 et 30 %.
Que choisir ?
De fait, les machines se comportent très différemment selon les logiciels employés, ce qui rappelle s'il le fallait que l'optimisation des logiciels est critique sur ces ordinateurs débordant de puissance qui ne demande qu'à être domptée et utilisée.
Encoder un album en ALAC Lossless avec XLD ne prend qu'une poignée de secondes avec le Mac Pro Westmere huit cœurs, machine qui encode un DVD de 90 minutes en un fichier H.264 1.800kpbs en à peine 15 minutes. Cette machine est à considérer si vous employez des applications tirant parfaitement parti du multicœur : ce n'est malheureusement pas encore le cas de toutes les applications de la suite Final Cut Studio, mais heureusement le cas d'un nombre croissant d'applications professionnelles de 3D (nous aurons l'occasion d'ajouter des benchs spécifiques à ce type d'applications dans nos prochains tests).
Le choix d'une machine va donc être à méditer, et on serait bien en peine de conseiller une configuration plutôt qu'une autre. Ceux qui ont un Mac Pro de l'an dernier, notamment le modèle 8 cœurs à 2,93 GHz, ont tout intérêt à continuer de rentabiliser leur investissement. Ceux qui trouvent les modèles 2010 un peu chers se lèveront tôt pour guetter les bonnes affaires sur le refurb : les modèles 2009 sont loin, très loin de démériter. Le changement de la carte graphique ou le remplacement des disques durs par des SSD donnera le coup de fouet nécessaire dans quelques années.
La seule grande différence entre le Nehalem quatre cœurs et le Westmere bi-quatre cœurs est le nombre de banques mémoires : quitte à s'endetter pour payer une machine que l'on gardera plusieurs années et que l'on fera évoluer au fil du temps, autant prendre celle qui garantit la plus grande pérennité. Celui qui a déjà un écran et dispose d'un budget limité tout en souhaitant une machine évolutive pourra cependant lorgner sur le quatre cœurs sans aucun regret. C'est toute la difficulté de cette gamme 2010 : aucun des deux modèles d'entrée de gamme ne sort du lot, même si le huit cœurs est clairement tourné vers l'avenir.
Seule machine évolutive de la gamme Apple, le Mac Pro est aussi la machine qui comporte le plus grand nombre de configurations possibles : si Apple n'affiche que trois configurations standard (quatre cœurs, huit cœurs, douze cœurs), il existe un très grand nombre de configurations intermédiaires, les premiers tests confirmant par exemple l'intérêt des processeurs six cœurs. Nous aurons bientôt l'occasion d'en reparler lors du test d'une machine un peu hors-norme qui nous permettra de tester les différentes options graphiques, de disserter de l'intérêt d'un SSD à 1.400 €, ou encore de savoir si avoir douze cœurs permet a un réel intérêt. En attendant, les Mac Pro 2010 4 et 8 cœurs sont à considérer comme des mises à jour mineures de leurs prédécesseurs, bienvenues certes, mais en aucun cas révolutionnaires.