L'arrivée d'un nouvel iPhoto est toujours un événement, car il touche aux contenus numériques parmi les plus précieux que l'on possède. Comme pour la précédente version (test d'iPhoto '08) l'accent a été mis sur des fonctions de tri et de classement plus sophistiquées. S'y ajoutent des possibilités de partage sur le web moins bridées et une pincée d'améliorations dans les fonctions d'édition, d'impression et de présentation.
Sur son interface générale et son principe de fonctionnement, iPhoto '09 s'inscrit dans la continuité. Les habitués du logiciel seront en terrain parfaitement connu. Mais pour qui fait ses premiers pas avec lui ou qui vient de switcher depuis le monde Windows, il est utile de rappeler comment ce logiciel gère ses contenus (photos ou vidéos, puisqu'il accepte les clips produits par les appareils compacts).
Les utilisateurs Windows par exemple ont coutume de gérer leurs photos comme on gère les fichiers de son disque dur. iPhoto lui masque cette complexité derrière son interface. Pour lui confier ses images, on a le choix entre deux modes (à choisir dans les Préférences du logiciel, onglet "Avancé"). Soit, on laisse iPhoto s'occuper du stockage des images. Il va les transférer (ou les décharger) dans sa base de données, dont le contenu est invisible à l'utilisateur (le fichier "iPhoto Library" dans le sous dossier Images). Soit, on préfère tenir rangées manuellement ses images selon une arborescence de dossiers bien à soi, auquel cas il faudra décocher l'option "Copier les éléments dans la photothèque d'iPhoto". iPhoto laisse alors les images dans leur emplacement d'origine. Si d'aventure vous retouchiez une image, iPhoto agit sur une copie qu'il va ranger dans sa base et afficher comme la nouvelle image par défaut. Il laisse ainsi votre original intact, et du coup la possibilité de le récupérer à tout instant (commande "Revenir" à l'original dans le menu "Photo").
Avis de recherche
Au premier lancement, iPhoto '09 met à jour sa base de données (elle ne sera plus exploitable avec les versions antérieures). Une opération qui a pris quelques secondes sur notre base (7800 éléments photo et vidéo pour un total de 56,5 Go). iPhoto demande également l'autorisation de chercher les données GPS éventuellement présentes dans certaines images, et ce, pour la nouvelle fonction de géolocalisation baptisée "Lieux" (voir plus loin).
Pendant ce temps le logiciel a déjà lancé le passage en revue de chacune de vos photos pour y chercher et analyser les visages qu'elles contiennent. Là en revanche il faudra prendre son mal en patience. Avec notre iMac Core 2 Duo 2.16 GHz (4 Go de RAM) il lui a fallu deux bonnes heures pour en venir à bout. Cependant, on peut suivre l'avancée de cette tâche et surtout elle n'empêche en rien d'utiliser les autres fonctions du logiciel pendant ce temps (sur fond parfois de bruit des ventilateurs lors de notre second essai avec un MacBook Pro). Mieux, on peut au besoin la mettre en pause, sans perdre le bénéfice du travail accompli (à noter l'excellente traduction de l'alerte qui l'explique…). Si d'aventure cette analyse n'était pas menée à bout, une astuce permet de la relancer. Mais une option en bonne et due forme serait appréciée.
L'objectif de Visages est d'offrir un nouveau point d'entrée dans sa collection d'images. Non plus par la date ou l'heure de prise de vue (comme les Événements apparus avec iPhoto '08), mais par les personnes photographiées. Vous cherchez toutes les photos où apparait votre soeur ? Visages est là pour ça. Cette reconnaissance faciale ne se fait néanmoins pas toute seule, iPhoto a besoin de l'oeil et de l'assentiment de l'utilisateur pour valider ses choix et améliorer sa capacité de reconnaissance.
Pour créer le dossier d'une personne, on commence par choisir une photo assez représentative. On clique sur le nouveau bouton "Nommer" et un cadre de sélection se positionne automatiquement autour du visage.
On lui assigne un nom et d'un clic on file vers une trieuse. iPhoto affiche alors une collection d'images, extraites de votre base par ses soins, et susceptibles de contenir la personne en question.
D'un clic sur le bouton "Confirmer le nom" on change une nouvelle fois de vue et on peut alors valider ou rejeter chacune des propositions, en les basculant entre le vert ou le rouge. C'est par ce travail de tri que l'on aide iPhoto à affiner ses critères de sélection de notre sujet.
Le processus pouvant être fastidieux, par exemple dans les images avec de nombreuses personnes, iPhoto a une fonction astucieuse : il sait présenter les images en les cadrant sur le visage du sujet, ainsi débarrassé de tout ce qui l'entoure. Les vidéos seront aussi prises en compte pour peu que leur vignette de prévisualisation contienne le visage du sujet.
Apple ayant fait ses démos avec des photos impeccables montrant des visages nets et bien détachés, on pouvait s'attendre à quelques déconvenues. Mais dans l'ensemble les présélections réalisées par iPhoto sont bonnes, même avec des images largement sous-exposées ou dans lesquelles le sujet n'est pas franchement face à l'objectif. Cela n'empêche pas qu'on trouve quelques intrus dans les clichés qu'il soumet.
Quelques exemples pour illustrer ces erreurs de jugement. La première est amusante : on a pour référence une adulte âgée de 100 ans qui se voit associée aux photos d'une enfant de 2 ans ! Il est possible que les expressions de leurs visages, qui présentent des similitudes dans les formes (bouches et yeux), auront pu tromper le moteur d'analyse.
Autres exemples avec des intrus ça et là, cette fois avec comme référence l'enfant mentionné précédemment.
Cette confirmation faite pour toutes les images, et fort de ces nouveaux renseignements, iPhoto suggérera peut-être un nouveau lot d'images à traiter, jusqu'à épuisement de son stock. Il y a d'ailleurs sur ce point un effet de va-et-vient dans l'interface assez lassant. Autant dire que les amateurs de portraits qui ont le déclencheur facile risquent d'avoir du travail. Cependant, la capacité de détection d'iPhoto gagne en pertinence au fil des tris.
Ou pas… Il nous est arrivé que le logiciel semble avancer avec une canne blanche. Dans un cas, malgré deux visages de référence, iPhoto a accumulé des choix erronés, mélangeant sujets avec ou sans lunettes (il peut aussi arriver à contourner cet obstacle), féminins et masculins. Certes, à sa décharge, pour un oeil informatique certains visages pouvaient avoir quelques ressemblances dans leur traits généraux.
Et que se passe-t’il lorsqu'on décharge de nouveaux portraits dans la base d'iPhoto ? Celui-ci ne prend aucune initiative, il n'y a pas d'analyse automatique. Ce travail est à refaire sur les derniers clichés, mais avec un raccourci lorsque le sujet est déjà connu. On sélectionne les nouvelles images, iPhoto repère les visages et pour chacun d'eux (il sait travailler sur plusieurs sujets dans un même cliché) il va demander s'il correspond à un nom déjà existant dans son dossier Visages
Cette fonction Visages s'avère un ajout intéressant. Elle a un côté ludique et elle s'en tire - globalement - assez bien. Mais il faut garder les pieds sur terre, elle ne remplace pas une bonne vieille indexation par des mots-clefs. C'est certes moins amusant, cela demande rigueur et patience, mais lorsqu'on s'y tient et qu'on le fait proprement, c'est un moyen imbattable et 100% fiable pour retrouver la photo où figure untel ou untel.
Car avec Visages, on a toujours un doute sur le possible oubli d'une photo, dans laquelle par exemple la personne aura été photographiée trop de profil et ainsi inrepérable. On l'a constaté sur certaines de nos images de test. Dès lors, il faut considérer Visages comme une fonction de tri supplémentaire et originale, mais ne pas oublier ses limites.
Deux détails à préciser. L'opération initiale d'analyse des photos n'alourdit presque pas la base d'iPhoto en nouveaux fichiers, la nôtre n'est passée que de 56,5 Go à 56,8 Go. Enfin, ce classement par Visages n'est pas encore visible depuis le Navigateur de photos de Mail, ni depuis ceux des tout nouveaux logiciels d'iWork '09. À suivre dans Snow Leopard ?
Les mots-clefs font du surplace
S'agissant des mots clefs on garde le même principe de fonctionnement. Avec une fenêtre qui les liste tous - sans possibilité de classement, entre eux - et une zone dans laquelle on glisse ceux utilisés fréquemment. À ces derniers on peut associer un raccourci clavier pour accélérer leur attribution à une image.
Un shareware comme Keyword Manager (ci-dessous, pour l'instant incompatible avec cette version d'iPhoto) garde donc l'avantage de pouvoir créer des groupes hiérarchisés de mots-clefs. Ex : Famille > Grands-parents > Rose. Si vous associez "Rose" à une photo, Keyword Manager va automatiquement lui affecter en plus les mots "Grands-parents" et "Famille". Chose toujours impossible avec iPhoto où il faut les entrer un par un.
Keyword Manager
Cours de géographie
L'autre nouvel accès à ses photos est baptisé Lieux et il utilise les coordonnées GPS incluses dans les fichiers. De rares appareils sont dotés d'un GPS, mais les téléphones aujourd'hui le sont davantage, et notamment l'iPhone. En l'absence de ces équipements, on pourra néanmoins ajouter aisément ces infos à ses images en désignant sur une carte géographique, dans iPhoto, le lieu de leur prise de vue.
De petites épingles signaleront ensuite vos pérégrinations et les photos qui leur sont rattachées. À noter que la prise en compte du lieu de prise de vue d'une image est une option débrayable dans les préférences d'iPhoto. Il faudra aussi vérifier la justesse de la position de certaines épingle, notamment avec les photos prises par le premier iPhone, dépourvu de véritable GPS. Certains de nos clichés de la banlieue Lyonnaise se sont retrouvés dans l'océan Atlantique…
L'ajout manuel d'une donnée géographique se fait en sélectionnant l'image et en la retournant. Là diverses métadonnées peuvent être précisées, comme le nom de l'image, sa notation et l'endroit de sa prise de vue. Si la saisie d'un endroit ne produit aucune réponse dans le champ de recherche, on se tournera vers le moteur de Google intégré. L'absence de réponse avec le premier n'est pas toujours imputable à l'importance trop relative d'une ville (Vienne en France et Montélimar n'apparaissent pas). Moscou par exemple est aussi ignoré, mais en tapant son nom en anglais "Moscow" la réponse surgit… Cet exemple semble toutefois assez anecdotique. Ce qui ne l'est pas en revanche c'est que la carte géographique de Google exploitée par iPhoto présente les noms dans leurs langues originales. Londres s'affiche en London, et les rues de Moscou, justement, dans l'alphabet Russe…
La seconde fenêtre de recherche avec le moteur de Google liste d'un côté les noms de villes ou villages déjà utilisés pour d'autres images "Mes lieux" et de l'autre la recherche intégrée Google, plus efficace. Ici Moscou est trouvé sans problème (Montélimar, Vienne de petits villages de quelques centaines d'âmes aussi). Mais allez comprendre pourquoi il faut en passer par deux étapes et autant de boîtes de dialogue.
Outre la carte et ses épingles cliquables (dont on peut augmenter le rayon d'affichage sur la carte), on peut utiliser un navigateur à la iTunes. Dans lequel on trouve les différents lieux géographiques déjà enregistrés. Les noms de ces lieux peuvent servir de critères de tri lors de la création d'albums intelligents.
L'attrait d'un repérage géographique des images ne se limite pas à iPhoto. Le site de partage de photos Flickr par exemple sait interpréter ces informations pour situer lui aussi vos images sur une carte en ligne. Rien de tel en revanche dans les galeries Web de MobileMe. La compatibilité avec les données GPS d'iPhoto n'est pour l'heure d'aucune utilité avec le service en ligne d'Apple.
S'agissant du zoom dans la carte géographique, Apple aurait pu se fendre d'un support de la bille de sa Mighty Mouse ou des trackpad multi-touch… Pour l'activer il faut quitter iPhoto et taper une commande dans le Terminal :
defaults write com.apple.iphoto MapScrollWheel -bool YES
ou
defaults write com.apple.iphoto MapScrollWheel -bool NO
Pour revenir à l'état d'origine.
iPhoto découvre Flickr (et Facebook)
Apple consent enfin à offrir une fonction de publication sur le web ailleurs que vers MobileMe. Elle laisse à l'utilisateur le choix entre deux sites (qu'on ne présente plus) Facebook et Flickr. Le module d'export Flickr est toutefois sommaire et des plug-ins pour iPhoto, gratuits ou payants, sont plus riches en options. Du coup, d'abord satisfait de cette arrivée, on se trouve ensuite frustré.
Avec le module Flickr par exemple on choisit le niveau de confidentialité d'une image, sans pouvoir cumuler deux options (famille et amis). On précise aussi la qualité du fichier transmis (sa version originale ou des formats plus réduits) mais on ne peut choisir un album de destination. Impossible aussi d'envoyer une vidéo faite avec un APN sur Flickr alors qu'il les accepte depuis… avril 2008 ! Par contre, les descriptions et mots clefs attachés à une image dans iPhoto sont repris automatiquement sur le site.
Autre singularité, à chaque publication, iPhoto génère un album dans sa colonne latérale. Avantage on peut effacer des photos envoyées sur Flickr directement depuis iPhoto, mais cette liste risque de rapidement s'allonger à chaque publication. Pour un usage très occasionnel de Flickr cela peut passer, mais au-delà on reviendra immanquablement vers l'utilitaire officiel, Flickr Uploadr, bien plus complet.
Dans la catégorie partage, un détail surprenant, iPhoto offre toujours le choix entre Mail et Entourage pour l'envoi d'image par courrier électronique, mais on trouve encore et toujours Eudora et American Online… Laisser une entière liberté de choix de son application de courrier serait peut-être plus avisé que conserver ces anciennes gloires.
La retouche retouchée
La palette Ajuster, qui propose quelques réglages sur l'image a reçu aussi sa petite révision. D'interface d'abord avec un contenu réagencé et redessiné.
Le réglage de saturation est doublé d'une case à cocher qui évite, lorsqu'on travaille sur un visage, des changements trop vifs sur les tons chair. La saturation sera donc appliquée de façon plus sélective au cliché selon les endroits.
Les réglages de netteté sont plus explicites dans leur interface et l'on note l'arrivée d'une option de "Définition". Elle va donner plus de piqué à une image trop lisse ou légèrement floue, ainsi qu'apporter plus de contraste, renforçant quelque peu son effet de profondeur.
Sans renforcement de la définition
Avec plus 50% de renforcement de la définition
Rappelons une astuce, toujours présente, lorsqu'on appuie sur la touche option, le bouton Réinitialiser de la palette Ajuster devient Revenir. Dans un cas on retrouve l'image avec ses valeurs d'origine dans l'autre on revient sur les modifications plus récentes. Et comme dans iPhoto '08, le logiciel persiste à refermer les palettes affichées lorsqu'on quitte le mode d'édition. Il faut à chaque fois les rouvrir lorsqu'on y retourne.
Des thèmes dans le diaporama
La fonction Diaporama a vu l'interface de sa fenêtre transformée et divisée en trois onglets. Six thèmes de présentation sont maintenant offerts (pour les images comme pour les vidéos).
Avec le thème classique on a toute liberté de programmer le diaporama, avec les autres on est calé dans une mise en scène de ses images avec des animations pré-programmées. Une ou deux sont assez plaisantes dans leurs effets. Toutes les six ne seront néanmoins pas permises selon que l'on a un Mac Intel ou PowerPC (voir l'article Les diaporamas d'iPhoto '09 allégés sur G4 et G5).
Une timeline en bas d'écran liste les images prévues et montre la progression du diaporama, mais on ne peut pas s'en servir pour réordonner à la volée les images entre elles.
Albums de voyages
L'option de commande d'albums de photos imprimés en propose un nouveau contenant des fonds de cartes géographiques. On fournit le nom des villes étapes d'un voyage et iPhoto va dessiner le trajet effectué. Cette fonction n'est pas toujours très réactive dans son exécution (iPhoto a d'ailleurs planté à une occasion) mais le résultat - à l'écran du moins - est d'une belle facture. A signaler que la page web vers laquelle iPhoto renvoie pour connaître les tarifs des albums imprimées n'existe pas, elle se trouve ici.
Derniers détails
Dans le rayon des toutes petites nouveautés on a noté le choix d'une autre bibliothèque iPhoto au démarrage (appui sur la touche Option) qui se fait dans une fenêtre plus pratique où sont listées les bases existantes et permet d'en créer de nouvelles à d'autres emplacements.
Enfin, Apple ne propose toujours aucune solution officielle aux développeurs pour créer et ajouter des plug-ins à iPhoto, autres que ceux touchant à l'exportation de photos. C'est le domaine réservé de son grand cousin Aperture. Dommage, car entre les thèmes de diaporama, les possibilités de publication en ligne (vers Picasa ou sur les principales plateformes de blog) ou encore pour des outils de retouche supplémentaires, il y aurait du travail pour les développeurs et de quoi enrichir les possibilités d'iPhoto.
Autre absence, une fonction pour effacer les originaux des photos que l'on a retouchées, lorsqu'on estime ne plus en avoir besoin. Et ce, afin de faire maigrir un peu la base d'iPhoto.
Tout le monde - sous réserve d'être sur Leopard, c'est nouveau aussi - trouvera au moins une ou deux choses à son goût dans cet iPhoto '09. L'utilisation des données GPS a comme attrait de ne pas exclure les utilisateurs dépourvus de ce type de matériels. L'accès à Flickr (enfin) et à Facebook est une bonne chose mais ternie par une mise en oeuvre trop timide qui en limitera l'intérêt (pour le premier).
S'agissant de Visages l'appréciation est plus délicate et méritera d'être jugée dans le temps. Cette fonction rappelle les Événements apparus avec iPhoto '08. Une fonction qui sans être inutile ne révolutionnait pas le fonctionnement du logiciel. Tout ce que Visages fait, on peut le faire, avec moins d'effets, au moyen d'une sérieuse indexation de ses photos par des mots-clefs. Et malheureusement, Apple néglige un peu cette méthode plus traditionnelle et moins tape à l'oeil. Visages est là, tant mieux. Mais passé la phase de découverte, est-ce qu'il va vraiment amener un plus à l'utilisation d'iPhoto ? La question reste ouverte.
Pour le reste, on est dans le saupoudrage de petites nouveautés et d'améliorations. Vendue seule cette nouvelle version d'iPhoto mériterait qu'on se pose la question de l'urgence à mettre à jour sa version '08. Mais dans le cadre du pack iLife et si l'on a quelque utilité des autres logiciels inclus, on ne boudera pas son plaisir.
Sur son interface générale et son principe de fonctionnement, iPhoto '09 s'inscrit dans la continuité. Les habitués du logiciel seront en terrain parfaitement connu. Mais pour qui fait ses premiers pas avec lui ou qui vient de switcher depuis le monde Windows, il est utile de rappeler comment ce logiciel gère ses contenus (photos ou vidéos, puisqu'il accepte les clips produits par les appareils compacts).
Les utilisateurs Windows par exemple ont coutume de gérer leurs photos comme on gère les fichiers de son disque dur. iPhoto lui masque cette complexité derrière son interface. Pour lui confier ses images, on a le choix entre deux modes (à choisir dans les Préférences du logiciel, onglet "Avancé"). Soit, on laisse iPhoto s'occuper du stockage des images. Il va les transférer (ou les décharger) dans sa base de données, dont le contenu est invisible à l'utilisateur (le fichier "iPhoto Library" dans le sous dossier Images). Soit, on préfère tenir rangées manuellement ses images selon une arborescence de dossiers bien à soi, auquel cas il faudra décocher l'option "Copier les éléments dans la photothèque d'iPhoto". iPhoto laisse alors les images dans leur emplacement d'origine. Si d'aventure vous retouchiez une image, iPhoto agit sur une copie qu'il va ranger dans sa base et afficher comme la nouvelle image par défaut. Il laisse ainsi votre original intact, et du coup la possibilité de le récupérer à tout instant (commande "Revenir" à l'original dans le menu "Photo").
Avis de recherche
Au premier lancement, iPhoto '09 met à jour sa base de données (elle ne sera plus exploitable avec les versions antérieures). Une opération qui a pris quelques secondes sur notre base (7800 éléments photo et vidéo pour un total de 56,5 Go). iPhoto demande également l'autorisation de chercher les données GPS éventuellement présentes dans certaines images, et ce, pour la nouvelle fonction de géolocalisation baptisée "Lieux" (voir plus loin).
Pendant ce temps le logiciel a déjà lancé le passage en revue de chacune de vos photos pour y chercher et analyser les visages qu'elles contiennent. Là en revanche il faudra prendre son mal en patience. Avec notre iMac Core 2 Duo 2.16 GHz (4 Go de RAM) il lui a fallu deux bonnes heures pour en venir à bout. Cependant, on peut suivre l'avancée de cette tâche et surtout elle n'empêche en rien d'utiliser les autres fonctions du logiciel pendant ce temps (sur fond parfois de bruit des ventilateurs lors de notre second essai avec un MacBook Pro). Mieux, on peut au besoin la mettre en pause, sans perdre le bénéfice du travail accompli (à noter l'excellente traduction de l'alerte qui l'explique…). Si d'aventure cette analyse n'était pas menée à bout, une astuce permet de la relancer. Mais une option en bonne et due forme serait appréciée.
L'objectif de Visages est d'offrir un nouveau point d'entrée dans sa collection d'images. Non plus par la date ou l'heure de prise de vue (comme les Événements apparus avec iPhoto '08), mais par les personnes photographiées. Vous cherchez toutes les photos où apparait votre soeur ? Visages est là pour ça. Cette reconnaissance faciale ne se fait néanmoins pas toute seule, iPhoto a besoin de l'oeil et de l'assentiment de l'utilisateur pour valider ses choix et améliorer sa capacité de reconnaissance.
Pour créer le dossier d'une personne, on commence par choisir une photo assez représentative. On clique sur le nouveau bouton "Nommer" et un cadre de sélection se positionne automatiquement autour du visage.
On lui assigne un nom et d'un clic on file vers une trieuse. iPhoto affiche alors une collection d'images, extraites de votre base par ses soins, et susceptibles de contenir la personne en question.
D'un clic sur le bouton "Confirmer le nom" on change une nouvelle fois de vue et on peut alors valider ou rejeter chacune des propositions, en les basculant entre le vert ou le rouge. C'est par ce travail de tri que l'on aide iPhoto à affiner ses critères de sélection de notre sujet.
Le processus pouvant être fastidieux, par exemple dans les images avec de nombreuses personnes, iPhoto a une fonction astucieuse : il sait présenter les images en les cadrant sur le visage du sujet, ainsi débarrassé de tout ce qui l'entoure. Les vidéos seront aussi prises en compte pour peu que leur vignette de prévisualisation contienne le visage du sujet.
Apple ayant fait ses démos avec des photos impeccables montrant des visages nets et bien détachés, on pouvait s'attendre à quelques déconvenues. Mais dans l'ensemble les présélections réalisées par iPhoto sont bonnes, même avec des images largement sous-exposées ou dans lesquelles le sujet n'est pas franchement face à l'objectif. Cela n'empêche pas qu'on trouve quelques intrus dans les clichés qu'il soumet.
Quelques exemples pour illustrer ces erreurs de jugement. La première est amusante : on a pour référence une adulte âgée de 100 ans qui se voit associée aux photos d'une enfant de 2 ans ! Il est possible que les expressions de leurs visages, qui présentent des similitudes dans les formes (bouches et yeux), auront pu tromper le moteur d'analyse.
Autres exemples avec des intrus ça et là, cette fois avec comme référence l'enfant mentionné précédemment.
Cette confirmation faite pour toutes les images, et fort de ces nouveaux renseignements, iPhoto suggérera peut-être un nouveau lot d'images à traiter, jusqu'à épuisement de son stock. Il y a d'ailleurs sur ce point un effet de va-et-vient dans l'interface assez lassant. Autant dire que les amateurs de portraits qui ont le déclencheur facile risquent d'avoir du travail. Cependant, la capacité de détection d'iPhoto gagne en pertinence au fil des tris.
Ou pas… Il nous est arrivé que le logiciel semble avancer avec une canne blanche. Dans un cas, malgré deux visages de référence, iPhoto a accumulé des choix erronés, mélangeant sujets avec ou sans lunettes (il peut aussi arriver à contourner cet obstacle), féminins et masculins. Certes, à sa décharge, pour un oeil informatique certains visages pouvaient avoir quelques ressemblances dans leur traits généraux.
Et que se passe-t’il lorsqu'on décharge de nouveaux portraits dans la base d'iPhoto ? Celui-ci ne prend aucune initiative, il n'y a pas d'analyse automatique. Ce travail est à refaire sur les derniers clichés, mais avec un raccourci lorsque le sujet est déjà connu. On sélectionne les nouvelles images, iPhoto repère les visages et pour chacun d'eux (il sait travailler sur plusieurs sujets dans un même cliché) il va demander s'il correspond à un nom déjà existant dans son dossier Visages
Cette fonction Visages s'avère un ajout intéressant. Elle a un côté ludique et elle s'en tire - globalement - assez bien. Mais il faut garder les pieds sur terre, elle ne remplace pas une bonne vieille indexation par des mots-clefs. C'est certes moins amusant, cela demande rigueur et patience, mais lorsqu'on s'y tient et qu'on le fait proprement, c'est un moyen imbattable et 100% fiable pour retrouver la photo où figure untel ou untel.
Car avec Visages, on a toujours un doute sur le possible oubli d'une photo, dans laquelle par exemple la personne aura été photographiée trop de profil et ainsi inrepérable. On l'a constaté sur certaines de nos images de test. Dès lors, il faut considérer Visages comme une fonction de tri supplémentaire et originale, mais ne pas oublier ses limites.
Deux détails à préciser. L'opération initiale d'analyse des photos n'alourdit presque pas la base d'iPhoto en nouveaux fichiers, la nôtre n'est passée que de 56,5 Go à 56,8 Go. Enfin, ce classement par Visages n'est pas encore visible depuis le Navigateur de photos de Mail, ni depuis ceux des tout nouveaux logiciels d'iWork '09. À suivre dans Snow Leopard ?
Les mots-clefs font du surplace
S'agissant des mots clefs on garde le même principe de fonctionnement. Avec une fenêtre qui les liste tous - sans possibilité de classement, entre eux - et une zone dans laquelle on glisse ceux utilisés fréquemment. À ces derniers on peut associer un raccourci clavier pour accélérer leur attribution à une image.
Un shareware comme Keyword Manager (ci-dessous, pour l'instant incompatible avec cette version d'iPhoto) garde donc l'avantage de pouvoir créer des groupes hiérarchisés de mots-clefs. Ex : Famille > Grands-parents > Rose. Si vous associez "Rose" à une photo, Keyword Manager va automatiquement lui affecter en plus les mots "Grands-parents" et "Famille". Chose toujours impossible avec iPhoto où il faut les entrer un par un.
Keyword Manager
Cours de géographie
L'autre nouvel accès à ses photos est baptisé Lieux et il utilise les coordonnées GPS incluses dans les fichiers. De rares appareils sont dotés d'un GPS, mais les téléphones aujourd'hui le sont davantage, et notamment l'iPhone. En l'absence de ces équipements, on pourra néanmoins ajouter aisément ces infos à ses images en désignant sur une carte géographique, dans iPhoto, le lieu de leur prise de vue.
De petites épingles signaleront ensuite vos pérégrinations et les photos qui leur sont rattachées. À noter que la prise en compte du lieu de prise de vue d'une image est une option débrayable dans les préférences d'iPhoto. Il faudra aussi vérifier la justesse de la position de certaines épingle, notamment avec les photos prises par le premier iPhone, dépourvu de véritable GPS. Certains de nos clichés de la banlieue Lyonnaise se sont retrouvés dans l'océan Atlantique…
L'ajout manuel d'une donnée géographique se fait en sélectionnant l'image et en la retournant. Là diverses métadonnées peuvent être précisées, comme le nom de l'image, sa notation et l'endroit de sa prise de vue. Si la saisie d'un endroit ne produit aucune réponse dans le champ de recherche, on se tournera vers le moteur de Google intégré. L'absence de réponse avec le premier n'est pas toujours imputable à l'importance trop relative d'une ville (Vienne en France et Montélimar n'apparaissent pas). Moscou par exemple est aussi ignoré, mais en tapant son nom en anglais "Moscow" la réponse surgit… Cet exemple semble toutefois assez anecdotique. Ce qui ne l'est pas en revanche c'est que la carte géographique de Google exploitée par iPhoto présente les noms dans leurs langues originales. Londres s'affiche en London, et les rues de Moscou, justement, dans l'alphabet Russe…
La seconde fenêtre de recherche avec le moteur de Google liste d'un côté les noms de villes ou villages déjà utilisés pour d'autres images "Mes lieux" et de l'autre la recherche intégrée Google, plus efficace. Ici Moscou est trouvé sans problème (Montélimar, Vienne de petits villages de quelques centaines d'âmes aussi). Mais allez comprendre pourquoi il faut en passer par deux étapes et autant de boîtes de dialogue.
Outre la carte et ses épingles cliquables (dont on peut augmenter le rayon d'affichage sur la carte), on peut utiliser un navigateur à la iTunes. Dans lequel on trouve les différents lieux géographiques déjà enregistrés. Les noms de ces lieux peuvent servir de critères de tri lors de la création d'albums intelligents.
L'attrait d'un repérage géographique des images ne se limite pas à iPhoto. Le site de partage de photos Flickr par exemple sait interpréter ces informations pour situer lui aussi vos images sur une carte en ligne. Rien de tel en revanche dans les galeries Web de MobileMe. La compatibilité avec les données GPS d'iPhoto n'est pour l'heure d'aucune utilité avec le service en ligne d'Apple.
S'agissant du zoom dans la carte géographique, Apple aurait pu se fendre d'un support de la bille de sa Mighty Mouse ou des trackpad multi-touch… Pour l'activer il faut quitter iPhoto et taper une commande dans le Terminal :
defaults write com.apple.iphoto MapScrollWheel -bool YES
ou
defaults write com.apple.iphoto MapScrollWheel -bool NO
Pour revenir à l'état d'origine.
iPhoto découvre Flickr (et Facebook)
Apple consent enfin à offrir une fonction de publication sur le web ailleurs que vers MobileMe. Elle laisse à l'utilisateur le choix entre deux sites (qu'on ne présente plus) Facebook et Flickr. Le module d'export Flickr est toutefois sommaire et des plug-ins pour iPhoto, gratuits ou payants, sont plus riches en options. Du coup, d'abord satisfait de cette arrivée, on se trouve ensuite frustré.
Avec le module Flickr par exemple on choisit le niveau de confidentialité d'une image, sans pouvoir cumuler deux options (famille et amis). On précise aussi la qualité du fichier transmis (sa version originale ou des formats plus réduits) mais on ne peut choisir un album de destination. Impossible aussi d'envoyer une vidéo faite avec un APN sur Flickr alors qu'il les accepte depuis… avril 2008 ! Par contre, les descriptions et mots clefs attachés à une image dans iPhoto sont repris automatiquement sur le site.
Autre singularité, à chaque publication, iPhoto génère un album dans sa colonne latérale. Avantage on peut effacer des photos envoyées sur Flickr directement depuis iPhoto, mais cette liste risque de rapidement s'allonger à chaque publication. Pour un usage très occasionnel de Flickr cela peut passer, mais au-delà on reviendra immanquablement vers l'utilitaire officiel, Flickr Uploadr, bien plus complet.
Dans la catégorie partage, un détail surprenant, iPhoto offre toujours le choix entre Mail et Entourage pour l'envoi d'image par courrier électronique, mais on trouve encore et toujours Eudora et American Online… Laisser une entière liberté de choix de son application de courrier serait peut-être plus avisé que conserver ces anciennes gloires.
La retouche retouchée
La palette Ajuster, qui propose quelques réglages sur l'image a reçu aussi sa petite révision. D'interface d'abord avec un contenu réagencé et redessiné.
iPhoto '08 | iPhoto '09 |
Le réglage de saturation est doublé d'une case à cocher qui évite, lorsqu'on travaille sur un visage, des changements trop vifs sur les tons chair. La saturation sera donc appliquée de façon plus sélective au cliché selon les endroits.
Les réglages de netteté sont plus explicites dans leur interface et l'on note l'arrivée d'une option de "Définition". Elle va donner plus de piqué à une image trop lisse ou légèrement floue, ainsi qu'apporter plus de contraste, renforçant quelque peu son effet de profondeur.
Sans renforcement de la définition
Avec plus 50% de renforcement de la définition
Rappelons une astuce, toujours présente, lorsqu'on appuie sur la touche option, le bouton Réinitialiser de la palette Ajuster devient Revenir. Dans un cas on retrouve l'image avec ses valeurs d'origine dans l'autre on revient sur les modifications plus récentes. Et comme dans iPhoto '08, le logiciel persiste à refermer les palettes affichées lorsqu'on quitte le mode d'édition. Il faut à chaque fois les rouvrir lorsqu'on y retourne.
Des thèmes dans le diaporama
La fonction Diaporama a vu l'interface de sa fenêtre transformée et divisée en trois onglets. Six thèmes de présentation sont maintenant offerts (pour les images comme pour les vidéos).
Avec le thème classique on a toute liberté de programmer le diaporama, avec les autres on est calé dans une mise en scène de ses images avec des animations pré-programmées. Une ou deux sont assez plaisantes dans leurs effets. Toutes les six ne seront néanmoins pas permises selon que l'on a un Mac Intel ou PowerPC (voir l'article Les diaporamas d'iPhoto '09 allégés sur G4 et G5).
Une timeline en bas d'écran liste les images prévues et montre la progression du diaporama, mais on ne peut pas s'en servir pour réordonner à la volée les images entre elles.
Albums de voyages
L'option de commande d'albums de photos imprimés en propose un nouveau contenant des fonds de cartes géographiques. On fournit le nom des villes étapes d'un voyage et iPhoto va dessiner le trajet effectué. Cette fonction n'est pas toujours très réactive dans son exécution (iPhoto a d'ailleurs planté à une occasion) mais le résultat - à l'écran du moins - est d'une belle facture. A signaler que la page web vers laquelle iPhoto renvoie pour connaître les tarifs des albums imprimées n'existe pas, elle se trouve ici.
Derniers détails
Dans le rayon des toutes petites nouveautés on a noté le choix d'une autre bibliothèque iPhoto au démarrage (appui sur la touche Option) qui se fait dans une fenêtre plus pratique où sont listées les bases existantes et permet d'en créer de nouvelles à d'autres emplacements.
Enfin, Apple ne propose toujours aucune solution officielle aux développeurs pour créer et ajouter des plug-ins à iPhoto, autres que ceux touchant à l'exportation de photos. C'est le domaine réservé de son grand cousin Aperture. Dommage, car entre les thèmes de diaporama, les possibilités de publication en ligne (vers Picasa ou sur les principales plateformes de blog) ou encore pour des outils de retouche supplémentaires, il y aurait du travail pour les développeurs et de quoi enrichir les possibilités d'iPhoto.
Autre absence, une fonction pour effacer les originaux des photos que l'on a retouchées, lorsqu'on estime ne plus en avoir besoin. Et ce, afin de faire maigrir un peu la base d'iPhoto.
Tout le monde - sous réserve d'être sur Leopard, c'est nouveau aussi - trouvera au moins une ou deux choses à son goût dans cet iPhoto '09. L'utilisation des données GPS a comme attrait de ne pas exclure les utilisateurs dépourvus de ce type de matériels. L'accès à Flickr (enfin) et à Facebook est une bonne chose mais ternie par une mise en oeuvre trop timide qui en limitera l'intérêt (pour le premier).
S'agissant de Visages l'appréciation est plus délicate et méritera d'être jugée dans le temps. Cette fonction rappelle les Événements apparus avec iPhoto '08. Une fonction qui sans être inutile ne révolutionnait pas le fonctionnement du logiciel. Tout ce que Visages fait, on peut le faire, avec moins d'effets, au moyen d'une sérieuse indexation de ses photos par des mots-clefs. Et malheureusement, Apple néglige un peu cette méthode plus traditionnelle et moins tape à l'oeil. Visages est là, tant mieux. Mais passé la phase de découverte, est-ce qu'il va vraiment amener un plus à l'utilisation d'iPhoto ? La question reste ouverte.
Pour le reste, on est dans le saupoudrage de petites nouveautés et d'améliorations. Vendue seule cette nouvelle version d'iPhoto mériterait qu'on se pose la question de l'urgence à mettre à jour sa version '08. Mais dans le cadre du pack iLife et si l'on a quelque utilité des autres logiciels inclus, on ne boudera pas son plaisir.