Dans un monde informatique en perpétuel chambardement, XPress (vingt-quatre printemps au compteur tout de même) avait ceci de rassurant qu’il donnait l’impression de changer le moins possible. À observer l’interface inhabituellement colorée d’XPress 8 et la refonte d’une palette d’outils jusque là si bien conservée, on pourrait craindre que Quark ait finalement cédé aux sirènes de la modernité. Heureusement, il n’en est rien, car à y regarder de près, il y a très peu d’innovations.
Face à l’austérité de toutes les versions antérieures, la nouvelle robe d'XPress 8 tranche, avec ses tons grisés relevés par une touche orangée. Alors que le futur Dreamweaver CS4 a justement retiré toutes les couleurs de son interface pour ne plus influencer la perception chromatique du designer, XPress s’embarque à contre-courant. Avantage immédiat - et sans doute unique - de la manœuvre, il ne sera plus possible de confondre cette version avec les précédentes.
XPress 8 se distingue d'abord par le nouveau look gris-vert-orange de ses palettes.
Sans doute l'idée que Quark se fait d'une interface "moderne". (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Nombreux emprunts chez Adobe
Considérablement réorganisés, les outils bénéficient désormais de raccourcis-clavier à la Adobe (touche unique). De la sorte, si les icônes affichées par défaut sont moins nombreuses, leur accès est plus rapide. Et s’il ne reste quasiment qu’une icône pour créer des blocs, c’est que leur contenu n’est plus exclusivement prédestiné pour le texte ou pour l’image. Quant à la modification des chanfreins des blocs, elle passe désormais par la palette des mesures (anciennement, palette des spécifications).
En observant les palettes des versions 7 et 8 (en gris),
on remarque un changement considérable du côté des outils (lesquels possèdent des raccourcis-clavier).
Et au contraire discret pour la palette des mesures (elle sert à définir les formes de blocs).
Autre emprunt à InDesign, le glisser-déposer depuis le Finder est possible et en ce cas, XPress crée à la volée les blocs pour héberger textes ou images. Glisser plusieurs images est même autorisé, toutefois, le choix et la destination des images dans des blocs préexistants ne sont pas prévus. La duplication de blocs par glisser-déposer est enfin accessible avec la touche Alt chère à Adobe. Avec cette même touche, la création d’un bloc depuis son centre est aussi de mise.
L’outil rotation disparaît au profit de blocs qui reproduisent le mode « Transformation manuelle » des logiciels Adobe (mais l’innovation remonte à Corel Draw). Il suffit de placer la souris légèrement à l’extérieur d’un bloc sélectionné et le curseur prend la forme d’une flèche de rotation. Autre emprunt bienvenu au collègue de la PAO, la visualisation en transparence du débord des images. À noter au passage que la palette des mesures indique la résolution des images, et l’affichage de celles-ci a grandement progressé.
Là encore à l'imitation d'InDesign, XPress affiche en transparence le cadrage d'une image.
À noter les poignées de redimensionnement, elles servent aussi à la rotation sur le principe de l'outil Transformation Manuel cher à Adobe.
Du mieux pour Illustrator
Le format natif Illustrator (.ai) est maintenant reconnu, mais contrairement aux .psd de Photoshop, on ne peut afficher ou masquer ses calques. Pour Photoshop d’ailleurs, les calques de réglages sont toujours ignorés. Côté affichage encore, XPress offre une prévisualisation des pages accessible depuis le bas de la fenêtre du document, mais pas encore dans la palette « disposition de page ».
Lorsque l’on crée un nouveau document, XPress 8 propose davantage de formats qu’auparavant, mais toujours pas l’enregistrement d’un format libre (il faut encore créer un gabarit), ni réglages d’un « fond perdu ». Sur ce dernier point, l’utilisation des repères est toujours de rigueur. Consolation, Quark y apporte une solution acceptable avec un gestionnaire de repères capables de les générer très facilement.
Ça semblera tardif pour qui connaît InDesign, mais XPress dispose enfin
d'un éditeur de repères pratique. Originalité, il sert aussi
à matérialiser un fond perdu.
Les XPert tools en renfort
Comme la plupart des nouveautés ne relevant pas de l’interface, ce gestionnaire est emprunté aux XPert Tools qui étaient déjà disponibles gratuitement pour les possesseurs de la version 7 d'XPress. L’intégration complète et surtout la francisation de ces extensions logicielles est cependant très estimable.
Autre rapatriée des XPert Tools, la palette « style d’éléments » propose d’enregistrer dans une feuille de style les éléments constitutifs de l’apparence d’un bloc (couleurs, contour, habillage…). En comparaison d’InDesign, XPress oublie d’y inclure les styles de paragraphes, et ses options de mise à l’échelle des images en pourcentages fixes ne sont guère pratiques (pas de remplissage proportionnel ni de centrage automatique).
Pour qui ne connaissait pas les XPert, le rechercher-remplacer pour les blocs sera une heureuse surprise, car il identifie toutes les caractéristiques d’un bloc et autorise des modifications globales très rapides. En revanche, ça n’aurait pas été une mauvaise idée d’intégrer toutes les fonctions de recherches dans une même palette plutôt que de se retrouver avec l’ancienne et celle des XPert présentées séparément.
Un certain nombre de nouveautés typographiques ne relèvent pas des Xtensions déjà citées, notamment les « styles de grilles » grâce auxquelles XPress est à même d’attribuer une grille typographique personnalisée sur les blocs de texte. Bizarrement, les styles de paragraphes ne distinguent que deux styles de grilles génériques (page ou bloc) au lieu d’accéder nominalement à chacun des styles.
Comme InDesign, XPress 8 possède son réglage d’une marge optique pour les caractères hors justification (typiquement pour gérer le placement légèrement hors bloc des césures ou d’une lettrine à guillemets). On apprécie encore l’affichage du dessin des caractères dans le menu des polices. En revanche, rien de neuf du côté de la justification dont le moteur d’analyse ligne à ligne date sérieusement. Une justification « made in XPress » reste trop souvent reconnaissable…
Autre grosse lacune qu’on aurait aimé voir corrigée avec cette version, les calques sont toujours désactivés dans les pages de maquette (anciennement pages-maîtres) ce qui en dynamite pour une forte part l’intérêt. Alors que l’ergonomie globale progresse sensiblement, XPress conserve cette manie agaçante de séparer la configuration de l’utilisation, par exemple pour les tirets, les césures ou les listes. On configure dans un menu, mais on utilise dans une palette éloignée. L’effort de mémorisation est double.
Dans l'ombre d'InDesign
L’index exhaustif des autres lacunes de XPress face à InDesign serait trop long, mais pour citer les plus criantes, il y a le nombre d’annulations des actions toujours limité (à 30) et sélectif (il n’agit pas dans la disposition des pages), l’impossibilité d’appliquer un style en même temps qu’on le crée, l’absence de styles imbriqués (si pratique pour les catalogues), les requêtes de recherche non enregistrables, un seul effet pour les blocs (l’ombrage), les filets toujours pénibles à configurer, pas d’ancrage des blocs hors marge, pas de styles de tableaux (alors que son outil est nettement plus simple à mettre en œuvre), etc.
Bref, à l’évidence, XPress a renoncé à la lutte pied à pied avec un adversaire désormais trop baraqué pour lui. Et c’est bien dommage, car le consommateur n’aurait rien à gagner à ce qu’InDesign accède demain à la position monopolistique dont jouissait XPress autrefois. Néanmoins, si on ne le compare qu’à lui-même, il y a un réel intérêt à adopter cette version 8 : grâce à ses divers aménagements, la nouvelle interface est réellement plus productive (voir à ce sujet l'étude et les tests d’Andreas Pfeiffer).
L’intégration des XPert Tools produit aussi des menus moins anarchiques (mais il y a encore de la marge). Enfin, et ce n’est pas un point négligeable, XPress 8 s’est révélé d’entrée stable et robuste alors que la version 7 est restée très longtemps plus que facétieuse sur ce registre. À l'inverse il s'est montré nettement plus lent au lancement que la 7 (ce test a été conduit sur un iMac 20 pouces Intel Core 2 Duo à 2,16 GHz). Enfin, à noter un bonus, XPress 8 intègre gratuitement Quark Interactive Designer pour créer des animations Flash, sans doute en l'absence de succès commercial pour ce dernier. Une version d'évaluation valable 60 jours est disponible au téléchargement.
Une tradition dans XPress qui ne s'éteint pas : quand on sélectionne un bloc
qu'on enfonce les touches -Alt-Maj-Suppr simultanément, le bloc disparaît avec un effet spécial.
Avec XPress 8, on retrouve le petit bonhomme d'avant la 6…
Face à l’austérité de toutes les versions antérieures, la nouvelle robe d'XPress 8 tranche, avec ses tons grisés relevés par une touche orangée. Alors que le futur Dreamweaver CS4 a justement retiré toutes les couleurs de son interface pour ne plus influencer la perception chromatique du designer, XPress s’embarque à contre-courant. Avantage immédiat - et sans doute unique - de la manœuvre, il ne sera plus possible de confondre cette version avec les précédentes.
XPress 8 se distingue d'abord par le nouveau look gris-vert-orange de ses palettes.
Sans doute l'idée que Quark se fait d'une interface "moderne". (cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Nombreux emprunts chez Adobe
Considérablement réorganisés, les outils bénéficient désormais de raccourcis-clavier à la Adobe (touche unique). De la sorte, si les icônes affichées par défaut sont moins nombreuses, leur accès est plus rapide. Et s’il ne reste quasiment qu’une icône pour créer des blocs, c’est que leur contenu n’est plus exclusivement prédestiné pour le texte ou pour l’image. Quant à la modification des chanfreins des blocs, elle passe désormais par la palette des mesures (anciennement, palette des spécifications).
En observant les palettes des versions 7 et 8 (en gris),
on remarque un changement considérable du côté des outils (lesquels possèdent des raccourcis-clavier).
Et au contraire discret pour la palette des mesures (elle sert à définir les formes de blocs).
Autre emprunt à InDesign, le glisser-déposer depuis le Finder est possible et en ce cas, XPress crée à la volée les blocs pour héberger textes ou images. Glisser plusieurs images est même autorisé, toutefois, le choix et la destination des images dans des blocs préexistants ne sont pas prévus. La duplication de blocs par glisser-déposer est enfin accessible avec la touche Alt chère à Adobe. Avec cette même touche, la création d’un bloc depuis son centre est aussi de mise.
L’outil rotation disparaît au profit de blocs qui reproduisent le mode « Transformation manuelle » des logiciels Adobe (mais l’innovation remonte à Corel Draw). Il suffit de placer la souris légèrement à l’extérieur d’un bloc sélectionné et le curseur prend la forme d’une flèche de rotation. Autre emprunt bienvenu au collègue de la PAO, la visualisation en transparence du débord des images. À noter au passage que la palette des mesures indique la résolution des images, et l’affichage de celles-ci a grandement progressé.
Là encore à l'imitation d'InDesign, XPress affiche en transparence le cadrage d'une image.
À noter les poignées de redimensionnement, elles servent aussi à la rotation sur le principe de l'outil Transformation Manuel cher à Adobe.
Du mieux pour Illustrator
Le format natif Illustrator (.ai) est maintenant reconnu, mais contrairement aux .psd de Photoshop, on ne peut afficher ou masquer ses calques. Pour Photoshop d’ailleurs, les calques de réglages sont toujours ignorés. Côté affichage encore, XPress offre une prévisualisation des pages accessible depuis le bas de la fenêtre du document, mais pas encore dans la palette « disposition de page ».
Lorsque l’on crée un nouveau document, XPress 8 propose davantage de formats qu’auparavant, mais toujours pas l’enregistrement d’un format libre (il faut encore créer un gabarit), ni réglages d’un « fond perdu ». Sur ce dernier point, l’utilisation des repères est toujours de rigueur. Consolation, Quark y apporte une solution acceptable avec un gestionnaire de repères capables de les générer très facilement.
Ça semblera tardif pour qui connaît InDesign, mais XPress dispose enfin
d'un éditeur de repères pratique. Originalité, il sert aussi
à matérialiser un fond perdu.
Les XPert tools en renfort
Comme la plupart des nouveautés ne relevant pas de l’interface, ce gestionnaire est emprunté aux XPert Tools qui étaient déjà disponibles gratuitement pour les possesseurs de la version 7 d'XPress. L’intégration complète et surtout la francisation de ces extensions logicielles est cependant très estimable.
Autre rapatriée des XPert Tools, la palette « style d’éléments » propose d’enregistrer dans une feuille de style les éléments constitutifs de l’apparence d’un bloc (couleurs, contour, habillage…). En comparaison d’InDesign, XPress oublie d’y inclure les styles de paragraphes, et ses options de mise à l’échelle des images en pourcentages fixes ne sont guère pratiques (pas de remplissage proportionnel ni de centrage automatique).
Pour qui ne connaissait pas les XPert, le rechercher-remplacer pour les blocs sera une heureuse surprise, car il identifie toutes les caractéristiques d’un bloc et autorise des modifications globales très rapides. En revanche, ça n’aurait pas été une mauvaise idée d’intégrer toutes les fonctions de recherches dans une même palette plutôt que de se retrouver avec l’ancienne et celle des XPert présentées séparément.
Un certain nombre de nouveautés typographiques ne relèvent pas des Xtensions déjà citées, notamment les « styles de grilles » grâce auxquelles XPress est à même d’attribuer une grille typographique personnalisée sur les blocs de texte. Bizarrement, les styles de paragraphes ne distinguent que deux styles de grilles génériques (page ou bloc) au lieu d’accéder nominalement à chacun des styles.
Comme InDesign, XPress 8 possède son réglage d’une marge optique pour les caractères hors justification (typiquement pour gérer le placement légèrement hors bloc des césures ou d’une lettrine à guillemets). On apprécie encore l’affichage du dessin des caractères dans le menu des polices. En revanche, rien de neuf du côté de la justification dont le moteur d’analyse ligne à ligne date sérieusement. Une justification « made in XPress » reste trop souvent reconnaissable…
Pas trop tôt, XPress affiche le dessin des fontes dans le menu dédié.
Autre grosse lacune qu’on aurait aimé voir corrigée avec cette version, les calques sont toujours désactivés dans les pages de maquette (anciennement pages-maîtres) ce qui en dynamite pour une forte part l’intérêt. Alors que l’ergonomie globale progresse sensiblement, XPress conserve cette manie agaçante de séparer la configuration de l’utilisation, par exemple pour les tirets, les césures ou les listes. On configure dans un menu, mais on utilise dans une palette éloignée. L’effort de mémorisation est double.
Dans l'ombre d'InDesign
L’index exhaustif des autres lacunes de XPress face à InDesign serait trop long, mais pour citer les plus criantes, il y a le nombre d’annulations des actions toujours limité (à 30) et sélectif (il n’agit pas dans la disposition des pages), l’impossibilité d’appliquer un style en même temps qu’on le crée, l’absence de styles imbriqués (si pratique pour les catalogues), les requêtes de recherche non enregistrables, un seul effet pour les blocs (l’ombrage), les filets toujours pénibles à configurer, pas d’ancrage des blocs hors marge, pas de styles de tableaux (alors que son outil est nettement plus simple à mettre en œuvre), etc.
Bref, à l’évidence, XPress a renoncé à la lutte pied à pied avec un adversaire désormais trop baraqué pour lui. Et c’est bien dommage, car le consommateur n’aurait rien à gagner à ce qu’InDesign accède demain à la position monopolistique dont jouissait XPress autrefois. Néanmoins, si on ne le compare qu’à lui-même, il y a un réel intérêt à adopter cette version 8 : grâce à ses divers aménagements, la nouvelle interface est réellement plus productive (voir à ce sujet l'étude et les tests d’Andreas Pfeiffer).
L’intégration des XPert Tools produit aussi des menus moins anarchiques (mais il y a encore de la marge). Enfin, et ce n’est pas un point négligeable, XPress 8 s’est révélé d’entrée stable et robuste alors que la version 7 est restée très longtemps plus que facétieuse sur ce registre. À l'inverse il s'est montré nettement plus lent au lancement que la 7 (ce test a été conduit sur un iMac 20 pouces Intel Core 2 Duo à 2,16 GHz). Enfin, à noter un bonus, XPress 8 intègre gratuitement Quark Interactive Designer pour créer des animations Flash, sans doute en l'absence de succès commercial pour ce dernier. Une version d'évaluation valable 60 jours est disponible au téléchargement.
Une tradition dans XPress qui ne s'éteint pas : quand on sélectionne un bloc
qu'on enfonce les touches -Alt-Maj-Suppr simultanément, le bloc disparaît avec un effet spécial.
Avec XPress 8, on retrouve le petit bonhomme d'avant la 6…