Une affaire du fin fond des âges farouches revient hanter une fois encore Apple. La juge Lucy Koch a décidé que les utilisateurs d’iPhone 4 et 4S avaient le droit de poursuivre leur action en nom collectif contre le constructeur de Cupertino concernant FaceTime.
Les plaignants expliquent qu’Apple a intentionnellement empêché le bon fonctionnement de FaceTime sur leurs iPhone sous iOS 6. Il faut ici faire un petit tour en arrière, le début de cette histoire remontant à 2010, année de lancement de FaceTime.
Pour assurer un bon fonctionnement de sa technologie, Apple exploitait deux techniques pour transmettre le son et la vidéo entre deux utilisateurs : une de pair à pair, l’autre en passant par les serveurs d’Akamai. Deux ans plus tard, le patent troll VirnetX obtient de la justice une condamnation de la Pomme concernant la technologie P2P utilisée par FaceTime, avec à la clé une solide amende de 368 millions de dollars.
Apple a dû se tourner vers son partenaire Akamai pour faire transiter le gros des données de FaceTime, ce qui a rapidement représenté des frais très importants, de l’ordre de plusieurs dizaines de millions de dollars en quelques mois. iOS 7 a été l’occasion pour Apple de remettre à plat le fonctionnement de FaceTime, en misant de nouveau sur le P2P, mais d’une manière qui n’enfreint pas les brevets de VirnetX.
Le nœud de l’affaire qui nous occupe aujourd’hui avec Lucy Koh est le suivant : les utilisateurs d’iPhone 4 et 4S pensent que la Pomme a, en avril 2014, désactivé FaceTime sur iOS 6 afin de leur forcer la main pour passer sous iOS 7. Le tout sous couvert d’un vrai/faux bug. Problème, certains d’entre eux ne souhaitaient pas faire la bascule sous le nouvel OS, craignant une dégradation des performances de leurs appareils.
Ils estiment donc que l’impossibilité d’utiliser FaceTime sur leurs iPhone représente une perte de la valeur du produit, ce qui enfreint la loi sur la protection du consommateur (lire : Apple aurait intentionnellement cassé FaceTime pour forcer la mise à jour vers iOS 7).
Les avocats d’Apple ont tenté de faire passer le message selon lequel les plaignants n’ont pas eu à souffrir d’une perte économique, FaceTime étant un service « gratuit ». Mais l’e-mail d’un employé du constructeur a démoli une bonne partie de cet argumentaire, on peut en effet y lire qu’iOS 6 est « tout simplement foutu » en raison de la désactivation de FaceTime.
« FaceTime est une fonction de l’iPhone et par là-même, un élément du coût de l’iPhone », a rétorqué la juge, qui a rappelé que « Apple a fait la promotion de FaceTime comme étant quelque chose qui faisait de l’iPhone un iPhone ». La class action va donc pouvoir poursuivre sa route et continuer à cheminer dans l’écheveau de la justice américaine.