Le « One more thing » de Steve Jobs à la dernière WWDC était très attendu, et il n'a pas déçu. Le service de visiophonie FaceTime se veut la préfiguration des coups de fils de demain. Mais au-delà de l'anticipation, le terme Face Time a trois significations, qui toutes en disent long sur les enjeux de ce type de service et de ce qu'en attend Apple.
FaceTime. Le nom n'a sans doute pas tinté de la même manière à l'oreille de tous les spectateurs du dernier keynote de Steve Jobs. Pourtant, en se penchant sur la signification de cette terminologie, il n'y a pas que le futur d'Apple qui peut être entrevu, mais bien aussi les transformations radicales des habitudes de ses utilisateurs, comme une continuation de mutations initiées depuis le milieu des années 70.
Ouvrez vos dictionnaires…
Pour le Merriam-Webster, l'expression « Face Time » a trois définitions, que les marketeurs d'Apple ne peuvent pas méconnaître.
La troisième définition a trait au temps de présence sur le lieu de travail et plus spécifiquement au-delà des heures de travail normales. Ce « Face Time »-là pose évidemment la question de la productivité au travail et de savoir si le temps de présence est égal au temps productif. On voit immédiatement le lien avec la téléphonie mobile, qui si elle ne garantit pas la productivité, permet en tout cas à l'entreprise de faire déborder le temps de travail au-delà des heures de présence, au même titre d'ailleurs que l'ordinateur portable. Un boulevard, pour le FaceTime d'Apple, à l'heure de WebEx et de la recherche d'une téléprésence en mode nomade.
La seconde signification de « Face Time » a trait à l'enjeu social posé par l'accroissement de l'usage de l'Internet, depuis les années 90 aux États-Unis, et en France plus particulièrement depuis le milieu des années 2000. L'augmentation de la présence virtuelle entraîne parfois une diminution des relations en face-à-face. Dès 2006, une étude de l'Université de Duke et de l'Université de l'Arizona soulevait déjà la question de la diminution des rencontres « réelles » des internautes. Si la technologie leur permet bien de nouer plus de relations sur des distances plus grandes, elle induit une réduction des temps de « vraies rencontres », selon les chercheurs. Cette définition de « Face Time », familière dans un premier temps, est entrée dans le langage courant, caractérisant un contact visuel et physique au sens propre. Ce « Face Time »-ci est donc à comprendre comme un « on se parle de visu » ou un « on se voit ». Un usage tout trouvé pour l'iPhone 4 aux caractéristiques tactiles et rétiniennes spectaculaires. Mais retrouvera-t-on pour autant dans FaceTime le bien-être émotionnel généré par les phases tangibles d'une rencontre ?
C'est toutefois la première définition qui va en souffler plus d'un : « Face Time » a également trait au « temps de passage à la télévision », sens apparu au milieu des années 70. Là forcément, les sourcils se lèvent ! Pas pour tout le monde, toutefois. Car les données fournies par la dernière étude de la Kaiser Family Foundation sont formelles : le temps moyen d'utilisation des médias par les jeunes de 8 à 18 ans aux États-Unis est de 10 heures et 45 minutes ! Ceux-là même qui font et défont les tendances technologiques passent la part la plus importante de leur temps devant la télévision : près de 4h30. Comparativement, les activités en mode mobile ne concentrent qu'1h30 de leur temps d'attention, un temps comparable à celui passé sur l'ordinateur.
Ces données sont révélées alors que le marché des téléviseurs connectés prend un véritable essor et où les fonctions de visioconférences se présentent comme un facteur différenciant. Le protocole d'Apple est susceptible d'intéresser des constructeurs tiers ou des développeurs de logiciels comme Skype, présent dans des téléviseurs équipés de webcams HD, comme celles de Panasonic ou de Samsung. Skype a bien démenti vouloir utiliser FaceTime, mais restera bien entendu attentif à la « norme », histoire de ne pas se faire reléguer aux oubliettes de l'histoire de l'informatique. Apple elle-même pourrait l'utiliser dans la télévision ou la set-top-box qu'elle serait en train de développer. La visioconférence en fond de canapé a donc de l'avenir.
Surtout, un déploiement massif du protocole de FaceTime, qui a de forts liens de parenté avec iChat, ouvre la voie à une « ubiquité » de la téléphonie à la maison. D'ici peu, même le combiné de téléphone fixe aura été remplacé par un autre appareil : iPhone pour une conversation privée, ordinateur pour une conversation de travail et téléviseur pour discuter « en famille ». Un sacré effet de levier pour FaceTime, la TV ! La technologie a le potentiel pour préparer un futur raz-de-marée.
Un tsunami freiné par les tuyaux ?
En attendant, le service FaceTime est à proprement parler un « produit d'appel » – sans jeu de mots. En France, rares sont ceux qui n'ont pas d'utilisateurs d'iPhone ou de smartphones dans leur entourage. En 2008, selon Frost & Sullivan, 150 millions de ce type de combinés se sont vendus dans le monde, soit déjà 15 % des téléphones cellulaires. Et dans les quatre années à venir, la société s'attend à ce que les smartphones représentent entre 40 et 45% des ventes. En Europe, les ventes de ces appareils devraient même dépasser les 50% des ventes de combinés portables. Ce sont l'interface tactile, le capteur optique, le WiFi et le GPS qui attirent principalement les clients. Gageons que la visiophonie à coût modique fera partie des innovations qui attirent les utilisateurs.
Mais il y a un hic à l'adoption de FaceTime pour Apple : ce sont les opérateurs, qui sont en train de faire marche arrière en ce qui concerne les forfaits de données. Depuis le 2 juin par exemple, AT&T a annoncé qu'il arrêtait son abonnement data illimité pour les communications sans fil. Deux semaines plus tard, Verizon Wireless emboîtait le pas au partenaire d'Apple. Il faut dire que pour les opérateurs, les usages initiés par l'iPhone tendent à accroître la consommation de contenus. De 150 Mo par mois en moyenne en 2009, les volumes ont explosé à 320 Mo à fin 2009. L'arrivée de l'iPad sur le marché, qui a déjà dépassé les accès Web des téléphones tournant sous Android, a affolé les opérateurs. Et c'est bien le téléchargement ou le streaming de vidéos qui consomment la majeure partie de la bande passante : c'est donc là que les opérateurs ont beaucoup d'argent à gagner. Chez AT&T, le chiffre d'affaires « données » a augmenté de 30% sur le premier trimestre 2010 pour dépasser les 4 milliards de dollars. Dans le même temps, les revenus issus des lignes téléphoniques traditionnelles chutaient de 12%, à 7,5 milliards. La transmission de données sans fil (Data OTA – over the air) se présente donc comme la vache à lait en pleine croissance des sociétés qui contrôlent les « tuyaux de télécommunications ». Sous peu, le savoir-faire des opérateurs se cantonnera sans doute à la seule distribution de données, quel que soit le tuyau utilisé.
Selon les experts du domaine, les volumes consommés par abonnés vont atteindre 4 Go par mois d'ici à 2013, et la tendance n'est pas prête de s'inverser : la mise en place des communications 4G d'ici à 2012 aux États-Unis devrait l'accentuer. Autant dire que si les opérateurs n'y mettent pas bon ordre, les réseaux américains risquent de s'écrouler sous la demande d'ici peu. On comprend mieux pourquoi Steve Jobs a précisé que l'utilisation de FaceTime nécessitait de passer par un réseau WiFi… du moins en 2010. Gageons que ce service continuera d'ailleurs à utiliser le même tuyau en 2011 et ne prendra vraiment le chemin de la mobilité à grande échelle qu'à partir de 2012.
En attendant, qui appeler ?
Entre-temps, Apple a tout intérêt à faire passer le plus possible de coups de fil FaceTime. Ce ne sont pas les amis équipés d'iPhone 4 qui suffiront à ancrer ce service dans les mœurs : il faut donc un ou des autres terminaux pour multiplier les appels. C'est sans doute d'ailleurs ce qu'a voulu dire le patron d'Apple quand il a signifié que des dizaines de millions d'appareils FaceTime seraient mis sur le marché cette année. Mais lesquels ?
Si on s'en réfère à la part de marché importante d'Apple chez les jeunes de 8 à 18 ans et au-delà, c'est sur les suspects habituels qu'il faut garder un œil. Et d'abord ceux qui sont susceptibles d'utiliser le WiFi et/ou iChat.
L'iPod touch, bien sûr. L'appareil, spécifiquement à l'aise sur réseaux WiFi, est susceptible d'accueillir un ou des capteurs optiques et un écran Retina Display. Même si aujourd'hui il ne peut pas générer un appel FaceTime, il y a fort à parier qu'il en aura un jour la capacité.
L'iMac et les MacBook pourraient faire des suspects parfaits également. Le premier pour la proximité de son facteur de forme avec un poste de télévision moderne, les seconds parce qu'ils sont présents dans les mains de nombre d'étudiants et d'élèves. Une simple modification d'iChat, déjà très proche de FaceTime, et de l'application Carnet d'Adresses suffiraient.
Le potentiel de l'iPad n'est pas à négliger, bien entendu. Mais Apple mettra-t-elle à jour rapidement un appareil qu'elle vient juste de lancer ? La place pour un capteur optique est bien là, ainsi que l'ont confirmé les dissections de l'appareil. Mais Cupertino peut-elle se permettre de modifier un appareil qui doit d'abord convaincre les primo-adoptants ?
Enfin, la télévision représente un dernier suspect idéal, à condition qu'Apple la transforme en point central de la vie numérique. Voilà qui feraient sans doute plaisir à papy et mamie, surtout s'ils se trouvent confrontés aux habituelles interfaces épurées conçues à Cupertino, plutôt que de devoir naviguer de menu en menu sans trouver ce qu'ils cherchent. Et les grands-parents ne sont d'ailleurs pas les seuls.
Avec FaceTime, la réalité rattrape donc peu à peu la fiction. Sans pour autant faire de la technologie utilisée un procédé maison, ce qui devrait favoriser son adoption. Il suffit d'utiliser un smartphone HTC EVO tournant sous Android pour percevoir combien l'implémentation de la visiophonie faite par Apple contourne les difficultés du genre. FaceTime ne demande pas de téléchargement et d'utilisation d'une application spécifique, pas de mise au point particulière et pas d'identification initiale. Le service s'appuie sur des protocoles normalisés de l'Internet Engineering Task Force, le groupe qui élabore les standards de l'Internet, pour fonctionner.
Certains acteurs se disent déjà prêts à utiliser la méthode mise au point par Apple. Mais les fournisseurs de combinés éviteront-ils le syndrome de la tour de Babel ? Oui, sous la pression des opérateurs, qui ont intérêt à vendre de la bande passante, dans leur course folle au rééquilibrage de leur business model, qui voit les communications analogiques s'effondrer, concurrencées par la la voix sur IP. Mais si ce n'était pas le cas, et si Apple ne fournissait pas suffisamment de produits équipés de ce protocole d'échanges, attendons-nous à ce que les communications FaceTime restent coincées sur le seul iPhone.
FaceTime. Le nom n'a sans doute pas tinté de la même manière à l'oreille de tous les spectateurs du dernier keynote de Steve Jobs. Pourtant, en se penchant sur la signification de cette terminologie, il n'y a pas que le futur d'Apple qui peut être entrevu, mais bien aussi les transformations radicales des habitudes de ses utilisateurs, comme une continuation de mutations initiées depuis le milieu des années 70.
Ouvrez vos dictionnaires…
Pour le Merriam-Webster, l'expression « Face Time » a trois définitions, que les marketeurs d'Apple ne peuvent pas méconnaître.
La troisième définition a trait au temps de présence sur le lieu de travail et plus spécifiquement au-delà des heures de travail normales. Ce « Face Time »-là pose évidemment la question de la productivité au travail et de savoir si le temps de présence est égal au temps productif. On voit immédiatement le lien avec la téléphonie mobile, qui si elle ne garantit pas la productivité, permet en tout cas à l'entreprise de faire déborder le temps de travail au-delà des heures de présence, au même titre d'ailleurs que l'ordinateur portable. Un boulevard, pour le FaceTime d'Apple, à l'heure de WebEx et de la recherche d'une téléprésence en mode nomade.
La seconde signification de « Face Time » a trait à l'enjeu social posé par l'accroissement de l'usage de l'Internet, depuis les années 90 aux États-Unis, et en France plus particulièrement depuis le milieu des années 2000. L'augmentation de la présence virtuelle entraîne parfois une diminution des relations en face-à-face. Dès 2006, une étude de l'Université de Duke et de l'Université de l'Arizona soulevait déjà la question de la diminution des rencontres « réelles » des internautes. Si la technologie leur permet bien de nouer plus de relations sur des distances plus grandes, elle induit une réduction des temps de « vraies rencontres », selon les chercheurs. Cette définition de « Face Time », familière dans un premier temps, est entrée dans le langage courant, caractérisant un contact visuel et physique au sens propre. Ce « Face Time »-ci est donc à comprendre comme un « on se parle de visu » ou un « on se voit ». Un usage tout trouvé pour l'iPhone 4 aux caractéristiques tactiles et rétiniennes spectaculaires. Mais retrouvera-t-on pour autant dans FaceTime le bien-être émotionnel généré par les phases tangibles d'une rencontre ?
C'est toutefois la première définition qui va en souffler plus d'un : « Face Time » a également trait au « temps de passage à la télévision », sens apparu au milieu des années 70. Là forcément, les sourcils se lèvent ! Pas pour tout le monde, toutefois. Car les données fournies par la dernière étude de la Kaiser Family Foundation sont formelles : le temps moyen d'utilisation des médias par les jeunes de 8 à 18 ans aux États-Unis est de 10 heures et 45 minutes ! Ceux-là même qui font et défont les tendances technologiques passent la part la plus importante de leur temps devant la télévision : près de 4h30. Comparativement, les activités en mode mobile ne concentrent qu'1h30 de leur temps d'attention, un temps comparable à celui passé sur l'ordinateur.
Ces données sont révélées alors que le marché des téléviseurs connectés prend un véritable essor et où les fonctions de visioconférences se présentent comme un facteur différenciant. Le protocole d'Apple est susceptible d'intéresser des constructeurs tiers ou des développeurs de logiciels comme Skype, présent dans des téléviseurs équipés de webcams HD, comme celles de Panasonic ou de Samsung. Skype a bien démenti vouloir utiliser FaceTime, mais restera bien entendu attentif à la « norme », histoire de ne pas se faire reléguer aux oubliettes de l'histoire de l'informatique. Apple elle-même pourrait l'utiliser dans la télévision ou la set-top-box qu'elle serait en train de développer. La visioconférence en fond de canapé a donc de l'avenir.
Surtout, un déploiement massif du protocole de FaceTime, qui a de forts liens de parenté avec iChat, ouvre la voie à une « ubiquité » de la téléphonie à la maison. D'ici peu, même le combiné de téléphone fixe aura été remplacé par un autre appareil : iPhone pour une conversation privée, ordinateur pour une conversation de travail et téléviseur pour discuter « en famille ». Un sacré effet de levier pour FaceTime, la TV ! La technologie a le potentiel pour préparer un futur raz-de-marée.
Un tsunami freiné par les tuyaux ?
En attendant, le service FaceTime est à proprement parler un « produit d'appel » – sans jeu de mots. En France, rares sont ceux qui n'ont pas d'utilisateurs d'iPhone ou de smartphones dans leur entourage. En 2008, selon Frost & Sullivan, 150 millions de ce type de combinés se sont vendus dans le monde, soit déjà 15 % des téléphones cellulaires. Et dans les quatre années à venir, la société s'attend à ce que les smartphones représentent entre 40 et 45% des ventes. En Europe, les ventes de ces appareils devraient même dépasser les 50% des ventes de combinés portables. Ce sont l'interface tactile, le capteur optique, le WiFi et le GPS qui attirent principalement les clients. Gageons que la visiophonie à coût modique fera partie des innovations qui attirent les utilisateurs.
Mais il y a un hic à l'adoption de FaceTime pour Apple : ce sont les opérateurs, qui sont en train de faire marche arrière en ce qui concerne les forfaits de données. Depuis le 2 juin par exemple, AT&T a annoncé qu'il arrêtait son abonnement data illimité pour les communications sans fil. Deux semaines plus tard, Verizon Wireless emboîtait le pas au partenaire d'Apple. Il faut dire que pour les opérateurs, les usages initiés par l'iPhone tendent à accroître la consommation de contenus. De 150 Mo par mois en moyenne en 2009, les volumes ont explosé à 320 Mo à fin 2009. L'arrivée de l'iPad sur le marché, qui a déjà dépassé les accès Web des téléphones tournant sous Android, a affolé les opérateurs. Et c'est bien le téléchargement ou le streaming de vidéos qui consomment la majeure partie de la bande passante : c'est donc là que les opérateurs ont beaucoup d'argent à gagner. Chez AT&T, le chiffre d'affaires « données » a augmenté de 30% sur le premier trimestre 2010 pour dépasser les 4 milliards de dollars. Dans le même temps, les revenus issus des lignes téléphoniques traditionnelles chutaient de 12%, à 7,5 milliards. La transmission de données sans fil (Data OTA – over the air) se présente donc comme la vache à lait en pleine croissance des sociétés qui contrôlent les « tuyaux de télécommunications ». Sous peu, le savoir-faire des opérateurs se cantonnera sans doute à la seule distribution de données, quel que soit le tuyau utilisé.
Selon les experts du domaine, les volumes consommés par abonnés vont atteindre 4 Go par mois d'ici à 2013, et la tendance n'est pas prête de s'inverser : la mise en place des communications 4G d'ici à 2012 aux États-Unis devrait l'accentuer. Autant dire que si les opérateurs n'y mettent pas bon ordre, les réseaux américains risquent de s'écrouler sous la demande d'ici peu. On comprend mieux pourquoi Steve Jobs a précisé que l'utilisation de FaceTime nécessitait de passer par un réseau WiFi… du moins en 2010. Gageons que ce service continuera d'ailleurs à utiliser le même tuyau en 2011 et ne prendra vraiment le chemin de la mobilité à grande échelle qu'à partir de 2012.
En attendant, qui appeler ?
Entre-temps, Apple a tout intérêt à faire passer le plus possible de coups de fil FaceTime. Ce ne sont pas les amis équipés d'iPhone 4 qui suffiront à ancrer ce service dans les mœurs : il faut donc un ou des autres terminaux pour multiplier les appels. C'est sans doute d'ailleurs ce qu'a voulu dire le patron d'Apple quand il a signifié que des dizaines de millions d'appareils FaceTime seraient mis sur le marché cette année. Mais lesquels ?
Si on s'en réfère à la part de marché importante d'Apple chez les jeunes de 8 à 18 ans et au-delà, c'est sur les suspects habituels qu'il faut garder un œil. Et d'abord ceux qui sont susceptibles d'utiliser le WiFi et/ou iChat.
L'iPod touch, bien sûr. L'appareil, spécifiquement à l'aise sur réseaux WiFi, est susceptible d'accueillir un ou des capteurs optiques et un écran Retina Display. Même si aujourd'hui il ne peut pas générer un appel FaceTime, il y a fort à parier qu'il en aura un jour la capacité.
L'iMac et les MacBook pourraient faire des suspects parfaits également. Le premier pour la proximité de son facteur de forme avec un poste de télévision moderne, les seconds parce qu'ils sont présents dans les mains de nombre d'étudiants et d'élèves. Une simple modification d'iChat, déjà très proche de FaceTime, et de l'application Carnet d'Adresses suffiraient.
Le potentiel de l'iPad n'est pas à négliger, bien entendu. Mais Apple mettra-t-elle à jour rapidement un appareil qu'elle vient juste de lancer ? La place pour un capteur optique est bien là, ainsi que l'ont confirmé les dissections de l'appareil. Mais Cupertino peut-elle se permettre de modifier un appareil qui doit d'abord convaincre les primo-adoptants ?
Enfin, la télévision représente un dernier suspect idéal, à condition qu'Apple la transforme en point central de la vie numérique. Voilà qui feraient sans doute plaisir à papy et mamie, surtout s'ils se trouvent confrontés aux habituelles interfaces épurées conçues à Cupertino, plutôt que de devoir naviguer de menu en menu sans trouver ce qu'ils cherchent. Et les grands-parents ne sont d'ailleurs pas les seuls.
Avec FaceTime, la réalité rattrape donc peu à peu la fiction. Sans pour autant faire de la technologie utilisée un procédé maison, ce qui devrait favoriser son adoption. Il suffit d'utiliser un smartphone HTC EVO tournant sous Android pour percevoir combien l'implémentation de la visiophonie faite par Apple contourne les difficultés du genre. FaceTime ne demande pas de téléchargement et d'utilisation d'une application spécifique, pas de mise au point particulière et pas d'identification initiale. Le service s'appuie sur des protocoles normalisés de l'Internet Engineering Task Force, le groupe qui élabore les standards de l'Internet, pour fonctionner.
Certains acteurs se disent déjà prêts à utiliser la méthode mise au point par Apple. Mais les fournisseurs de combinés éviteront-ils le syndrome de la tour de Babel ? Oui, sous la pression des opérateurs, qui ont intérêt à vendre de la bande passante, dans leur course folle au rééquilibrage de leur business model, qui voit les communications analogiques s'effondrer, concurrencées par la la voix sur IP. Mais si ce n'était pas le cas, et si Apple ne fournissait pas suffisamment de produits équipés de ce protocole d'échanges, attendons-nous à ce que les communications FaceTime restent coincées sur le seul iPhone.