Hier, les bourses mondiales poussaient un « ouf » de soulagement, avec l’annonce de Donald Trump repoussant de 90 jours les taxes d’importation concernant la plupart des pays, sauf la Chine. Mais l’euphorie fut de courte durée : toute la journée, les marchés sont repartis à la baisse, dans un yo-yo ne semblant pas vouloir s’arrêter. Et ce soir, le président des USA en remet une couche...

Des hausses, des hausses, oui mais ça monte les prix
À chaque jour sa nouvelle hausse des taxes sur la Chine : ce soir, c’est 145 %. Avant une nouvelle hausse demain ? Voilà qui envoie encore une fois valser les valeurs technologiques, dont Apple qui se prend un beau gadin de près de 4 %, comme nombre de ses camarades : que ce soit Amazon, Microsoft, Nvidia, tous se retrouvent en perte de 3 à 5 %, ce qui correspond peu ou prou à la baisse moyenne du Nasdaq.
Si l’Europe a décidé de suivre la pause de Donald Trump et a annoncé bloquer à son tour la hausse qu’elle avait prévue sur plusieurs produits américains, la Chine reste ferme sur ses positions : c’est 84 % sur tout.
Du côté des effets concrets, Amazon a mis les pieds dans le plat par le biais de son CEO : la hausse des taxes d’importation va provoquer une hausse des tarifs sur la plateforme. L’entreprise a beau faire tout son possible pour limiter la casse, il lui est impossible d’absorber toutes les augmentations à venir, et la firme s’attend à voir moins de produits provenant de Chine achetés par les Américains dans les semaines à venir.
Des doutes de plus en plus sérieux en interne
Après avoir annoncé sa pause, Donald Trump laissait penser qu’elle était décidée suite aux « bonnes intentions » des autres pays, qui l’auraient appelé en nombre pour lui « lécher le cul », imitant même après cette déclaration les appels qu’il aurait reçus « S’il vous plaît, s’il vous plaît, Monsieur, trouvez un accord. Je ferai n’importe quoi. Je ferai n’importe quoi, Monsieur »...
La réalité semble cependant bien différente de ce discours : de nombreux analystes ont appelé Donald Trump à la retenue, et même le patron de JP Morgan s’est alarmé de la situation... sans voir de changement dans le comportement du président américain. Mais ça, c’était avant l’alerte ultime : le choc engendré par les taxes de Donald Trump, ainsi que son côté imprévisible, ont provoqué une hausse des taux d’intérêt de la dette américaine à près de 5 %, chose jamais vue depuis les années 80. Les États-Unis devenant de moins en moins fiables aux yeux des investisseurs, de nombreux détenteurs de la dette du pays, dont la Chine et le Japon, ont fait connaître leur envie de revendre, provoquant ce mouvement.

Avec la volte-face du locataire de la Maison Blanche, la dette américaine est revenue à son niveau habituel, mais le mal est fait : alors que le dollar et la dette américaine étaient jusqu’à présent une valeur sûre, le doute est instillé dans les esprits.
Un possible délit d’initié ?
Du côté des Démocrates, on commence sérieusement à émettre des doutes sur les volontés réelles du président américain : certains, comme le Sénateur Adam Schiff, demandent même l’ouverture d’une enquête sur les dernières annonces de Donald Trump.
Des petites phrases comme « C’est le moment d’acheter ! » lancées sur son réseau social commencent à laisser penser que la Maison Blanche pourrait donner des indices à des amis du président Trump afin de prédire les réactions de la bourse, et ainsi commettre un délit d’initié. La mise en cause ira cependant difficilement plus loin que des paroles, Donald Trump s’étant assuré de museler la SEC, le gendarme de la bourse américain.
Bien entendu, l’entourage proche de Donald Trump, y compris et surtout son vice-président J.D. Vance, est vent debout contre toute critique des décisions présidentielles...
There is a category of DC insider who wants to fight an actual war with China but also wants China to manufacture much of our critical supply. This is insane.
— JD Vance (@JDVance) April 10, 2025
President Trump wants peace, but also wants fair trade and more self-reliance for the American economy.
Une baisse ? Quelle baisse ?
Que les mouvements du président soient choisis ou non, qu’ils soient destinés à aider ses alliés à commettre un délit ou pas, les résultats sont là : dans une interview à CNBC, l’ancienne Secrétaire au Trésor américain Janet Yellen n’y est pas allée par quatre chemins, décrivant l’opération comme étant « la pire balle dans le pied que j’aie jamais vue... imposée à une économie qui fonctionnait normalement ».
Et Donald Trump, de son côté, comment réagit-il aux baisses mondiales provoquées par ses actions ? « J’étais présent [sur les places de marché, NDLA] durant deux heures et demie. Je n’ai pas vu cette baisse »...