Depuis le début de l’année 2025 se développe un phénomène inquiétant. D’une manière justifiée ou non (même si toute violence et/ou dégradation est en soi injustifiable), les propriétés d’Elon Musk sont devenues la cible d’attaques plus ou moins violentes depuis que le fantasque patron a fait un geste que l’on ne pensait plus revoir un jour sur une scène politique.

Des débuts bon enfant...
Dès la diffusion de ce geste que ne renierait pas le Docteur Follamour, des voix se sont élevées, et des actions ont été décidées. La première qui a pu être relevée est venue de l’Allemagne, avec la projection de Musk dans cette « fasceuse » position, accompagné d’un nouveau slogan rappelant quelques souvenirs sur l’usine Tesla de Berlin...
De l’autre côté de la Manche, certains s’activaient tout autant, avec un humour que d’aucuns qualifieraient de « typiquement British » : un collectif du nom de Everyone Hates Elon a eu l’idée de créer de fausses publicités pour Tesla (ce qui ne manque pas d’attirer, la marque n’en faisant historiquement aucune) qu’elle a affiché sur de réels supports habituels, comme les abri-bus de la ville de Londres, ou encore dans le métro.

Entre temps, les actions du groupe qui étaient bien montées opéraient une chute assez radicale. Il faut dire que comme Apple avec Steve Jobs durant l’ère 1998-2011, Tesla est irrémédiablement liée à son CEO, tant celui-ci est médiatique et semble vouloir, pour le meilleur comme pour le pire, être le porte-fanion de l’entreprise. Cette chute n’est d’ailleurs pas passée inaperçue, et a bien entendu été récupérée par le collectif Everyone Hates Elon pour en rajouter une couche.

Dans le pays de Tesla, des voix se font entendre aussi, dans la pure tradition anglo-saxonne : des manifestants se rassemblent devant les locaux de l’entreprise, dans plusieurs États, pour faire entendre leur voix et dissuader les possibles futurs clients d’acheter une voiture de l’entreprise. Aux USA, la grogne se porte sur de plus vastes revendications que dans le reste du monde : si le monde entier a pu être choqué par le geste et les déclarations d’Elon Musk, les américains protestent aussi contre sa gestion du DOGE, qui licencie à tour de bras dans l’administration du pays.
#BoycottTesla protest in Tysons VA today!! #FireMusk #TrumpTaxScam #NoMoreBillionaires @Tesla pic.twitter.com/XnHaAauz39
— Shaheen Khurana 🍉🇵🇸 (@shaheenkhurana) March 1, 2025
... avant de dégénérer
Si jusqu’ici tout restait gentillet, malheureusement ça ne le restera pas très longtemps. En France, notamment, les choses ont commencé à devenir plus violentes, avec un coup d’envoi donné par la dégradation du siège de la marque, à St Ouen : des personnes masquées sont venues en pleine nuit asperger la devanture de Tesla avec un mélange de terre et de colle.
Le 3 mars, un incendie volontaire s’est déclaré dans la concession Tesla de la ville de Toulouse, brûlant pour 700 000 € de matériel, essentiellement des voitures, dont certaines n’appartenaient pas à la concession mais à des particuliers les ayant déposées pour réparations.
Une concession Tesla incendiée près de Toulouse : 12 voitures détruites et au moins 700 000 euros de dégâts. Les individus se sont introduits dans le garage en découpant le grillage dans la nuit du 2 au 3 mars 2025. Une enquête a été ouverte. pic.twitter.com/XCf0dMuxTZ
— La Dépêche du Midi (@ladepechedumidi) March 3, 2025
Et les propriétaires là-dedans ?
Du côté des propriétaires, malheureusement les choses dégénèrent aussi : si pendant longtemps leur image était associée à celle de « bobos écolos », les choses ont radicalement changé, et ils se retrouvent de gré ou de force rangés dans le camp du patron de la marque.

Si certains militants s’en tiennent à des stickers, ou à des gestes vulgaires (les Tesla ayant des dashcam intégrées, nombre sont les vidéos immortalisant les honneurs digitaux effectués par certains passants), d’autres ne s’arrêtent pas là. Ainsi, un nombre toujours plus conséquent de propriétaires ont la déconvenue de retrouver leur voiture rayée, taguée, voire même incendiée par des manifestants.

Quand les propriétaires et actionnaires se rebiffent
Les actions du patron de Tesla, de par leurs conséquences de plus en plus marquées, amènent aussi les actionnaires à réfléchir à l’avenir de l’entreprise : des voix de plus en plus nombreuses se font entendre appelant à la destitution du CEO, notamment sur le Reddit des actionnaires du constructeur. Elon Musk n’ayant plus que 13 % des parts, un vote peut être effectué durant l’assemblée générale de juin, permettant de mettre un terme à sa direction.

Les propriétaires, eux, n’ont pas attendu pour faire entendre leur voix, et rappeler que s’ils ont acheté une Tesla, ce n’est pas forcément parce qu’ils soutiennent les idées du patron. Pour certains, la voiture a même été achetée avant même qu’il rachète Twitter, et se lâche totalement sur ses idées (même s’il montrait déjà des signes précédemment, il restait encore relativement contenu). Reste le dilemme... en affichant clairement cette position anti-Musk, c’est aussi le risque de voir son bien dégradé par des pro-Musk... coincés.
Entre-temps, les ventes de Tesla, elles, chutent, et chutent encore. Aux dernières nouvelles, rien qu’en Allemagne, elles auraient baissé de 75 % d’une année sur l’autre. S’il est facile de mettre cette baisse sur l’ambiance morose du marché ou sur l’attente du nouveau Model Y, les frasques malsaines du patron y ont forcément une part. Pour la marque, comme pour les propriétaires, se séparer d’Elon Musk semble le meilleur choix... s’il est toutefois possible.
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