Depuis qu’Elon Musk l’a racheté en octobre 2022, on ne peut pas dire que le réseau social Twitter (devenu X en 2023) ait une vie digne d’un long fleuve tranquille. Dernier épisode de la saga : après avoir appartenu à Elon Musk, le réseau vient d’être racheté par xAI... appartenant à Elon Musk.
@xAI has acquired @X in an all-stock transaction. The combination values xAI at $80 billion and X at $33 billion ($45B less $12B debt).
— Elon Musk (@elonmusk) March 28, 2025
Since its founding two years ago, xAI has rapidly become one of the leading AI labs in the world, building models and data centers at…
En 2022, le milliardaire avait fait l’acquisition de Twitter après de nombreux rebondissements, souhaitant l’acheter, puis se rétractant, avant de définitivement sortir le chéquier sous la pression d’un possible procès de la part des propriétaires du réseau social. Devenu X, le réseau subit depuis les frasques de son propriétaire : alors qu’il avait été acheté 44 milliards de dollars en 2022, certains investisseurs estiment en septembre 2024 que sa valeur a chuté à 10 milliards de dollars, la gestion de la modération et les idées très prononcées du propriétaire faisant fuir les publicitaires. Mais c’était sans compter l’élection de Donald Trump, proche d’Elon Musk, ce qui fera remonter les estimations à quasiment la valeur d’achat.
Le bon moment
La vente tombe bien pour Elon Musk : alors que les actions de Tesla montrent un sérieux coup de fatigue suite à ses dérapages médiatiques, la remontée de X au niveau des 44 milliards de dollars investis lui permet de sécuriser l’avenir, en revendant l’entreprise à xAI. Si l’entreprise d’intelligence artificielle n’est pas cotée en bourse, sa valeur une fois X racheté est grimpée de 50 milliards de dollars à 80 milliards. En effet, X ayant environ 12 milliards de dollars de dette, cette somme a dû être retranchée du total.
xAI profite doublement de l’opération : non seulement elle lui permet d’avoir plus de poids pour d’éventuelles levées de fonds, mais en plus l'achat officialise un comportement qui était discrètement en place depuis plusieurs mois, pompant allègrement dans les données du réseau X pour entraîner son IA. C’est finalement une « normalisation » de ce qui était un secret de polichinelle : les liens entre les deux entreprises sont si étroits que les employés de X partagent les locaux de xAI depuis septembre 2024.
Pourquoi ?
Si certains voient dans la vente à xAI la possible chute définitive du réseau social X, la chose semble peu probable : depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, les entreprises qui refusaient de laisser leurs publicités sur X ont dû revoir leur copie, les liens entre Elon Musk et le président des USA étant si étroits que refuser le réseau de Musk serait se mettre à dos la Maison Blanche. De plus, X compte selon Elon Musk plus de 600 millions d’utilisateurs, ce qui reste une audience non négligeable.
Même si ce coup de pouce ne sera pas éternel, il est bien plus probable que l’intérêt soit de simplifier les échanges entre les structures en plus de donner plus de poids et de visibilité à xAI, d’autant plus que Grok, l’IA de la société est désormais très intégrée dans le réseau social. D’ailleurs, Elon Musk n’en fait pas grand mystère : « Aujourd’hui, nous officialisons la fusion des données, des modèles, de la puissance de calcul, de la distribution et des talents [entre les deux entreprises] ».
S’il est un domaine dans lequel Musk est passé maître avec le temps, c’est celui de toujours retomber sur ses pattes. S’il est un piètre exemple en relations humaines, il a toujours réussi à retourner une situation économique délicate à son avantage... même si c’est souvent sur le fil. Arrivera-t-il à donner assez de poids à xAI pour dépasser OpenAI ? Même avec la fusion de X, rien n’est moins sûr, d’autant que DeepSeek paraît bien parti pour jouer les troubles fêtes.
Mise à jour à 0h15 : cette transaction financière, pour le moins particulière et pouvant faire lever quelques sourcils, intervient au moment même où le DOGE commence à s'infiltrer dans la SEC, le gendarme américain de la bourse. Alors qu'Elon Musk a déjà eu maille à partir avec cet organisme de contrôle, le timing paraît étrangement parfait. Il est à noter que le président Donald Trump avait déjà préparé le terrain en supprimant l'indépendance de la SEC (ainsi que de la FTC et de la FCC), comme l'ont relevé nos collègues de Next.ink. Merci @occam pour ce beau lièvre.