Alors que le gouvernement de Giorgia Meloni prévoyait début janvier de dépenser 1,6 milliard de dollars pour faire de Starlink le système officiel pour les communications sécurisées entre les membres du gouvernement italien ainsi que les différentes administrations du pays ainsi que la défense, il semble que le pays fasse petit à petit machine arrière.

Au début de l’année 2025, faire confiance à SpaceX pour gérer les communications sécurisées du pays semblait une bonne idée au gouvernement Meloni : l’entreprise a des capacités plus grandes que n’importe quel concurrent du secteur, et la résistance du réseau aux attaques n’était plus à démontrer, Starlink étant très utilisé par l’Ukraine dans le cadre de la guerre qui l’oppose à la Russie. Cependant, les incertitudes diplomatiques étant de plus en plus grandes, ce choix est maintenant fortement remis en question, comme rapporté par Bloomberg.
Il faut dire que l’Italie doit de toute façon faire un choix, le réseau téléphonique national de Telecom Italia ayant été revendu l’année dernière à KKR & Co qui est... américain. L’opérateur historique du pays devait impérativement éponger ses dettes, et a préféré se séparer de son réseau filaire (fibre optique compris) pour assainir ses comptes.
Entre temps, en à peine deux mois, les choses se sont fortement dégradées sur le plan international : les USA ne semblent plus être le partenaire indéboulonnable et inébranlable de l’Europe, et l’abandon de Kiev par le gouvernement Trump laisse au gouvernement Meloni de quoi réfléchir : les italiens ont-ils l’assurance que les communications vitales du pays, qu’elles soient diplomatiques ou militaires, ne seront pas à la merci d’une saute d’humeur du locataire de la Maison Blanche ? Rien n’est moins sûr.
Ready to provide Italy the most secure and advanced connectivity!
— Elon Musk (@elonmusk) January 6, 2025
L’Italie a d’autant plus de mal à confier ses communications à SpaceX quand l’Union européenne appelle à un renfort des partenariats internes et à ne faire confiance qu’aux pays membres de l’UE, alors que les USA menacent de quitter l’OTAN à la moindre bourrasque. C’est ainsi que le gouvernement Meloni pencherait de plus en plus vers un partenariat avec Eutelsat, qui travaille déjà avec de nombreux gouvernements européens.
Quoiqu’il en soit, la décision devrait être prise prochainement, après une discussion de l’Italie avec ses partenaires européens. Il en est d’ailleurs de même pour l’extension des fréquences utilisables de Starlink, qui demande depuis plusieurs mois l’accès à la bande E (71-76 et 81-86 GHz) : celles-ci étant utilisées entre autres par la défense dans plusieurs pays européens, une telle décision ne peut être prise sans concertation avec les pays voisins. Et dans le contexte actuel, il est beaucoup moins certain que SpaceX voit cette demande acceptée...