Alors qu’OpenAI est en pleine opération de restructuration pour passer d’une entreprise chapeautée par une organisation à but non lucratif vers une entreprise à but totalement lucratif, la première étape d’une lutte qui promet d’être sans pitié a commencé mardi, avec la proposition d’Elon Musk de racheter OpenAI pour 97,4 milliards de dollars.
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De vieilles connaissances
Si aujourd’hui OpenAI n’a strictement rien à voir avec Elon Musk, ça n’était pas le cas à ses origines : au tout début de l’histoire, le milliardaire était l’un des premiers et des plus gros investisseurs dans la petite start-up. Voyant les choses grandir de façon intéressante, mais trop lentement à son goût, il a tenté le tout pour le tout en 2018 : indiquant au comité de direction que l’entreprise était « prometteuse, mais allait se faire doubler par Google ou d’autres concurrents », il a proposé de prendre le contrôle de la firme, et de l’accoler à Tesla.
L’opération ayant échoué, Elon Musk prit la décision de quitter son poste chez OpenAI, indiquant un « possible conflit d’intérêts » avec la création d’une intelligence artificielle chez Tesla, qui donna par la suite xAI et Grok.
Accroché comme une moule à un rocher
Les choses semblaient se calmer entre Elon Musk et Sam Altman, jusqu’à ces dernières semaines. Il y eut dans un premier temps l’annonce présidentielle américaine du projet Stargate, dont les 500 milliards de dollars d’investissement sont restés en travers de la gorge du patron de Tesla. Le 11 février, les choses sont encore montées d’un cran, avec la proposition de rachat à 97,4 milliards de dollars faite par Elon Musk et ses camarades.
La réponse de Sam Altman fut cinglante, mais Bloomberg relate que c’est loin d’être le dernier mot dans cette histoire : son offre refusée, Elon Musk va maintenant aller en justice contre OpenAI. En effet, celui-ci affirme avoir été lésé par le changement de but du créateur de ChatGPT, qui du temps de son investissement avançait vouloir rester une organisation à but non lucratif : cette modification des statuts est tout sauf anodine concernant les profits générés pour les investisseurs, et il entend recevoir compensation.
Mais ce n’est pas le seul angle d’attaque employé par Elon Musk, qui affirme que Sam Altman a refusé son offre sans en avoir référé dans un premier temps au comité de direction, qui dans le cas d’une organisation à but non lucratif a le dernier mot sur toute la gestion financière, et donc sur une possible offre de rachat. Sam Altman s’en défend, et le comité n’a pas l’air de vouloir vendre à Musk quoi qu’il en soit, pouvant arguer que les volontés de l’homme d’affaires sont incompatibles avec le but poursuivi par OpenAI.
Un souci d’estimation
Quoi qu’il en soit, la proposition de Musk et ses attaques devant la justice vont poser de gros soucis à OpenAI : la somme de 97,4 milliards de dollars est bien au-dessus des quelque 40 milliards de dollars que l’entreprise avait estimé pour racheter la partie non lucrative de la firme, et ainsi compenser les investisseurs d’origine.
Soit elle considère que les 40 milliards sont un prix correct, et elle devra alors justifier que l’offre d’Elon Musk est irréaliste. Soit elle revoit ses estimations pour approcher celles de l’offre de rachat, et perd ainsi 50 milliards de dollars dans l’opération.
Dernière possibilité, OpenAI renonce à se transformer en entreprise à but lucratif. C’est la pire option possible pour Sam Altman et sa firme : la dernière levée de fonds stipulait en toutes lettres qu’elle était faite sous réserve qu’OpenAI change de statut d'ici 2 ans maximum. L’entreprise devrait alors rendre les fonds reçus, et cet échec refroidirait tout investisseur pour une possible levée de fonds dans le futur.
Si OpenAI arrive à se sortir de cette ornière, rien n’indique pour autant que le calme reviendra : Elon Musk semble vouloir aller jusqu’au bout dans cette affaire, et même s’il perd à chaque attaque, il aura fait perdre un temps considérable à OpenAI, dans un domaine si rapide chaque seconde compte.