Si 𝕏 fait déjà beaucoup parler de lui récemment, il ne pourrait être qu’un « simple outil » pour l’autre projet d’Elon Musk, xAI et son LLM Grok. C’est ce que révèle une enquête de The Verge.
Au début, Grok était un simple chatbot intégré à 𝕏, permettant d’effectuer quelques résumés et de générer des questions automatiques, au début pour les abonnés payants, avant d’être étendu à tous les utilisateurs du réseau social. Mais xAI prévoit d’aller bien plus loin sur l’ancien Twitter, permettant au bot de non seulement proposer des posts en lien avec la géolocalisation de l’utilisateur, mais aussi... une fonction permettant d’autoriser le bot à modifier vos posts automatiquement.
Il faut dire que tout est fait en interne pour donner libre cours aux équipes de développement du LLM : les employés de xAI sont considérés comme faisant partie des équipes de 𝕏 (mais surtout pas l’inverse), tous les employés restants du réseau social ont même été déplacés dans les locaux de xAI, une fois le siège social de San Francisco fermé en septembre. À l’inverse, plus aucune entité autre que l’entreprise d’Elon Musk n’a accès aux données de 𝕏, le réseau social ayant fermé toutes les API permettant d’utiliser les ressources en extérieur.
Ce faisant, les serveurs de 𝕏 sont en accès libre et total aux équipes de développement de Grok, qui peuvent à loisir utiliser toutes les données présentes sur le réseau social pour entraîner et gaver le nouveau supercalculateur « Colossus », composé de 100 000 GPU nVidia.
Même au niveau de la direction, Nikita Bier, transfuge de Meta arrivé pour implémenter l’intelligence artificielle dans 𝕏, a très peu de contacts avec l’équipe du réseau social, utilisant exclusivement les équipes de xAI, alors que celles-ci travaillent directement avec les données et le code de l’ex Twitter.
Si l’intégration des équipes de xAI pourrait paraître le summum de la praticité pour faire un LLM aux petits oignons, il apparaît qu’il souffre des mêmes biais que ses petits camarades : ici clamant que Kamala Harris a été abattue après avoir tenté de tirer sur Donald Trump, là que l’Iran a attaqué Israël à coups de missiles balistiques... mais bon, il n’est pas le seul à avoir quelques soucis de compréhension.
Si certains reprochent ouvertement à Elon Musk les ramifications profondes qu’il installe entre ses différentes entreprises, comme c’est déjà le cas entre Tesla et SpaceX, il semble cependant qu’un pan entier soit bien séparé : celui de l’économie. En effet, si xAI explose les compteurs en étant évalué à plus de 50 milliards de dollars, doublant sa valeur en quelques mois, pour 𝕏, les choses sont bien différentes : donnée pour 19 milliards de dollars, l’entreprise n’a même plus la moitié de la valeur à laquelle Elon Musk l’a achetée. Et si durant la création de xAI le milliardaire avait indiqué aux investisseurs de 𝕏 qu’ils recevraient 25 % de xAI, les employés du réseau social ont été soigneusement écartés de cette proposition.
Cette division financière lui permet ainsi de garder la valeur de xAI au plus haut, tout en délaissant son ancien jouet, qui semble devoir remettre à plus tard les envies d’app à tout faire que projetait son patron jusqu’il y a peu, préférant maintenant s’amuser avec son intelligence artificielle... bien content de trouver le contenu du réseau social pour la gaver de données.