Si Bruxelles va bientôt renforcer ses lois visant à lutter contre la désinformation, Google a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ne jouerait pas le jeu. L’entreprise a envoyé une lettre à la Commission européenne indiquant qu’elle n’ajouterait pas de fact-checkers à YouTube ou à son moteur de recherche. Dans cette missive consultée par Axios, le président des affaires internationales de Google déclare que l’intégration des vérifieurs d’informations « n'est tout simplement pas appropriée ou efficace » pour ses services.
Le règlement européen sur les services numériques (DSA) a été mis en place depuis le 17 février 2024 : il vise à responsabiliser les géants de la tech sur ce qui se passe sur leurs plateformes. Un code de bonnes pratiques contre la désinformation a été instauré en 2018 avant d’être revu en 2022. Signé par Google, il cherche à garantir que les plateformes « utiliseront de manière plus cohérente la vérification des faits sur leurs services » tout en « garantissant des contributions financières équitables » pour le travail des facts-checkers, en plus d’un meilleur accès aux informations facilitant leur travail quotidien.
Ce code était jusqu’à présent non contraignant, mais va bientôt être intégré au DSA. Google indique qu’elle compte « se retirer de tous les engagements de vérifications de faits du code » avant qu’il n’entre dans la loi. Un tel code l’obligerait à afficher des éléments de fact-checking dans ses résultats et à côté de vidéos YouTube, tout en intégrant la vérification de faits à ses algorithmes classant les sites.
Google estime que son système actuel marche, prenant l’exemple des récentes élections américaines. Le représentant ajoute qu’une fonction de notes de communauté similaire à celui de Twitter (et bientôt Facebook) a été lancé l’année dernière : il déclare que celui-ci a « un potentiel significatif ». Google affirme également vouloir continuer à investir dans ses méthodes actuelles mettant en garde sur les contenus créés par IA, comme le filigrane Synth ID ou des avertissements sur YouTube.
SynthID : un filigrane de Google pour détecter les images générées par IA
Une quarantaine de plateformes ont signé le code de bonnes pratiques de l’UE : on y trouve Microsoft, Meta, Twitch ou TikTok. Twitter y était aussi, mais s’est retiré après son rachat par Elon Musk. Le projet n’est pas forcément une réussite. L’organisme en charge de la surveillance du fact-checking en Europe notait il y a un an que beaucoup ne respectaient pas leurs engagements. Difficile de savoir quand sera intégré le code lié à la désinformation au DSA, les derniers échos évoquent le mois de janvier 2025 au plus tôt.