Sans grande surprise, la dernière pirouette trouvée par Amazon pour éviter de faire payer des frais de port sur les commandes de livres ne plait pas du tout à la ministre de la Culture. « Je vous le dis : c'est un contournement de la législation », a asséné Rachida Dati auprès de l’AFP à l’occasion du Salon du livre qui s’est tenu ce week-end. « On va y répondre. J'ai demandé une réponse très claire là-dessus », a-t-elle ajoutée, pour signifier que les services du ministère planchent actuellement sur le sujet.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi Darcos en octobre 2023, Amazon est forcé de faire payer 3 € pour la livraison des commandes de livres inférieures à 35 €, une manière de pousser les consommateurs à s’orienter plutôt vers leurs librairies. Pour esquiver ces frais de port, le géant du commerce a lancé le mois dernier une solution de retrait gratuit dans 2 500 points à travers le territoire en s'appuyant sur ses propres casiers automatisés situés dans des commerces.
Le Syndicat de la librairie française, qui doute de la légalité de ce procédé, avait alors dénoncé « un acteur sans foi ni loi, qui s’attaque à un texte soutenu par le gouvernement et voté à l’unanimité par les parlementaires. » La loi Darcos est la deuxième tentative de la France pour équilibrer la concurrence entre les grands acteurs en ligne et les librairies indépendantes. En 2014, une loi avait interdit aux sites de cumuler à la fois une remise de 5 % et la gratuité de la livraison, mais Amazon, la Fnac et d'autres l'avait facilement contournée en facturant la livraison à un centime.