« Si Google était un bateau, il serait le Titanic quelques heures avant de heurter un iceberg ». Voilà comment débute un récent article publié par le Wall Street Journal ayant pour titre : « Googler est pour les personnes âgées. C’est un problème pour Google ».
La comparaison avec le Titanic n’est pas mauvaise tant Google parait insubmersible. Pourtant, depuis quelque temps, les nuages s’amoncellent pour le géant de l’Internet. Si Sundar Pichai, agacé par les bisbilles juridiques que connait son groupe, cherche à se rassurer, il doit sans doute se répéter cette maxime — quand je me regarde, je me désole ; quand je me compare, je me console — tant les problèmes d’Alphabet sont grands. En effet, depuis quelques mois, le département de la Justice des États-Unis (DoJ) milite pour qu’Alphabet se débarrasse de Chrome et éventuellement d’Android. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg…
Mais le temps judiciaire est extrêmement long. Avant qu’une décision soit prise, il se pourrait bien que les problèmes pointés par les autorités de la concurrence puissent être réglés par le déclin du moteur de recherche d’Alphabet acculé de toute part.
Google n’est plus un réflexe
Voilà plusieurs années que Google n’est plus forcément le réflexe unique quand un internaute se décide à faire une recherche sur Internet. Par la force des choses, de plus en plus de gens font des requêtes sur Amazon lorsqu’ils sont à la recherche d’un produit. Résultat, le groupe de Jeff Bezos s’octroie aux États-Unis une part de marché toujours plus importante du gâteau publicitaire des recherches en ligne. Amazon a plus que doublé sa part en quelques années, alors que Google devrait passer pour la première fois sous les 50 % en 2025. Ce serait tout simplement une première. Aux États-Unis, un autre acteur émerge et pourrait bel et bien lui tailler des croupières : il s’agit de TikTok. Selon une étude, 23 % des utilisateurs de ce réseau social font une recherche dans les 30 secondes après avoir lancé l’application.
La qualité du moteur de recherche de Google est en baisse
La situation est déjà préoccupante pour Alphabet, mais il manque peut-être le principal. L’iceberg de Google pourrait bel et bien être l’intelligence artificielle générative, qui a relancé l’intérêt et les investissements dans les moteurs de recherche. ChatGPT incorpore depuis peu un moteur de recherche. Mais le pire est à venir pour Alphabet, OpenAI étudie la possibilité de lancer une version gratuite de son service financé par la publicité. La concurrence promet d’être intense. Meta travaille également sur le sujet depuis des mois tandis que Microsoft et Apple cherchent à intégrer ces technologies au plus profond de leurs systèmes d’exploitation.
Tout ceci en toute logique pourrait aboutir à moins de recherche sur Google et donc moins de revenus. Or, Google Search est à Alphabet ce que l’iPhone est à Apple. Cette activité génère encore la moitié du chiffre d’affaires d’Alphabet. Enfin, Google doit faire face à un dernier problème à savoir la baisse de qualité de son moteur de recherche : résultats de moins en moins précis, publicités en hausse, mise en avant d'articles générés par l’IA…
Google remplace le responsable de son moteur de recherche
Ce n’est sans doute pas une coïncidence si Prabhakar Raghavan, vice-président en charge de la recherche et des pubs, a été invité à prendre un autre poste au sein d’Alphabet tout récemment. La partie est cependant loin d’être perdue pour Google. Elle n’est pas en reste dans le domaine de l’intelligence artificielle, mais pour surmonter ces obstacles, le géant de l’internet devra avoir l’intelligence de se réinventer.