Depuis le mois de mai 2024, j’ai abandonné la Livebox fournie par Sosh et j’ai installé à la place mon propre matériel pour me connecter à internet via l’infrastructure de MilkyWan. Cette association propose plusieurs services, dont des connexions à internet en ADSL et fibre, ce qui en fait l’un des fournisseurs d’accès à internet (FAI) associatifs présents sur le marché français. Je me suis lancé dans cette aventure avec une petite inquiétude tout de même, car mon lien avec le réseau internet est vital.
Il ne s’agit pas seulement de regarder Netflix le soir, même si c’est important aussi de décompresser après une journée de travail. Je ne peux pas télétravailler sans un accès à internet, toute coupure me force quasiment à être au chômage technique. Même si je peux bricoler en dernier recours avec le partage de connexion de mon iPhone, ce n’est pas une situation enviable et j’ai besoin d’un accès fiable au quotidien.
Sept mois après, j’ai bien assez de recul pour établir un bilan. Pourquoi avoir choisi un FAI associatif plutôt que l’un des quatre grands acteurs nationaux ? Pourquoi MilkyWan en particulier ? Comment rejoint-on un FAI associatif et est-ce que je recommande cette option ? Vous saurez tout après avoir lu cet article !
Pourquoi choisir un FAI associatif ?
Évacuons d’emblée une mauvaise raison de choisir un FAI associatif : si vous espérez faire des économies en quittant un acteur commercial pour une association, oubliez. À quelques exceptions près, quitter Orange, SFR, Bouygues ou Free devrait vous coûter plus cher. Cela s’explique en petite partie par le fait que vous devrez avoir du matériel supplémentaire directement payé de votre poche et en grande partie parce que les offres associatives sont moins intéressantes financièrement. Les associations n’ont pas les moyens de déployer leur propre réseau de fibre optique ou de cuivre sur tout le territoire français, donc leurs infrastructures reposent sur les réseaux existants des quatre acteurs nationaux.
Petite association gérée par des bénévoles ou grosse entreprise, cela ne change rien : les acteurs historiques ne fournissent pas gracieusement un accès à leur réseau, il faut payer pour avoir droit de les utiliser. Leurs tarifs sont d’ailleurs si élevés que les FAI associatifs ne traitent pas directement avec eux, mais par le biais d’intermédiaires, les opérateurs d’infrastructure tiers. Chaque acteur prend sa part et comme il n’est pas possible de compenser sur les volumes, les associations sont quasiment toujours plus chères.
Si ce n’est pas pour le prix que l’on choisit un FAI associatif, c’est bien qu’il y a d’autres raisons. Pour commencer, leur offre est techniquement différente de ce que les FAI commerciaux proposent. Les associations se contentent en général d’une connexion à internet, sans téléphone ni télévision, et elles n’imposent aucun matériel. D’ailleurs, elles ne proposent pas du tout de matériel et demandent à leurs abonnés de le fournir, ce qui est intéressant si vous voulez maîtriser toute la chaîne et utiliser un appareil bien spécifique. Si les box prêtes à emploi sont un avantage pour la majorité des clients, elles imposent aussi des configurations par défaut, par exemple sur les serveurs DNS utilisés, et elles bloquent des fonctions. Rien de tel quand vous gérez votre propre routeur, qui pourra être configuré comme vous l’entendez.
D’autres arguments techniques peuvent être listés, comme les adresses IP fixes qui ont disparu des offres commerciales grand public et qui sont bien utiles pour héberger des services ou sites web chez soi. La neutralité du réseau revendiquée par ces associations en est un autre qui pourra vous séduire. Ce sujet avait été popularisé dans la première moitié des années 2010 par le conflit entre Free et YouTube : l’interconnexion entre les deux réseaux était devenue insuffisante pour assurer un service correct et les deux entreprises se rejetaient la balle pour savoir qui devait payer. En mettant en avant sa neutralité, un FAI comme MilkyWan fait en sorte de créer un réseau d’une taille suffisante pour répondre aux besoins de ses abonnés, sans se soucier de leurs usages. Le principe de neutralité veut aussi qu’il n’y ait aucune restriction ou règle spécifique sur le trafic des abonnés, ce qui n’est pas toujours le cas chez les gros acteurs.
En parlant de restriction, la taille réduite des FAI associatifs leur permet de rester à l’écart des décisions de justice qui demandent à bloquer un site. Quand cela arrive, par exemple récemment pour bloquer plusieurs sites pornographiques, la décision ne concerne qu’une liste d’acteurs nommés explicitement par la cour de justice et vous n’y trouverez que les gros acteurs commerciaux. Cela ne veut pas dire qu’un FAI associatif ne sera pas contraint de bloquer des sites un jour, mais le faible nombre d’abonnés rend cette hypothèse peu probable. Et comme ils pourront aisément changer de serveur DNS, l’effet de la décision serait quasiment nul.
Choisir une association plutôt qu’une entreprise comme SFR ne se fait pas que pour des raisons techniques : vous opterez pour une relation différente avec votre fournisseur d’accès à internet. Les associations sont gérées par des bénévoles qui veulent s’impliquer et non par des employés qui viennent faire leur travail. On n’essaiera pas de vous vendre une option inutile et en cas de problème, votre interlocuteur ne se contentera pas de vous demander de redémarrer la box. Vous intégrerez aussi une communauté d’abonnés au lieu de rejoindre un groupe de clients anonymes. Vous pourrez même vous impliquer dans la vie de l’association si vous en avez envie, ce qui ne sera jamais le cas chez Bouygues Telecom.
C’est un petit peu la même philosophie que pour l’utilisation d’une app open source. Il faut savoir se débrouiller un minimum et ne pas oublier que les bénévoles ne seront pas toujours derrière un écran pour aider. En échange, vous aurez une liberté bien plus grande et vous pourrez même contribuer au projet en aidant d’autres abonnés et en participant à la vie de l’association.
Mise en place d’un abonnement avec un FAI associatif
Pourquoi avoir choisi MilkyWan pour fournir ma connexion à internet ? Pour être franc, la principale raison est que je connaissais déjà l’association. Hugues Voiturier, son fondateur, est un lecteur lyonnais que l’on connaît bien à la rédaction et qui est régulièrement notre conseiller spécial sur toutes les questions liées aux réseaux. C’est grâce à lui et MilkyWan que j’avais pu améliorer la connexion ADSL médiocre de mon ancien logement en l’associant à de la 4G comme je l’avais détaillé à l’époque. Il y a aussi plusieurs raisons objectives que je peux avancer pour justifier mon choix.
MilkyWan est l’un des plus gros acteurs français dans le monde des FAI associatifs et il propose sans doute le plus grand nombre d’offres, en particulier régionales. Si vous avez la chance d’habiter dans l’Ain, par exemple, vous pouvez vous abonner à de la fibre 1 Gbit/s symétrique pour 36 € par mois, un excellent prix permis par une connexion directe au réseau départemental1. Son réseau est aussi très solide et capable de dépasser le gigabit, ce qui est rare dans cet univers. Parmi les autres raretés, l’association propose une offre destinée aux professionnels sur le réseau de Free et dispose aussi d’offres sur le réseau de SFR.
Ces offres permettent souvent à MilkyWan d’être plus compétitifs que les autres associations… mais pas que les acteurs commerciaux qui feront toujours mieux grâce à leurs volumes. J’ai ainsi augmenté le tarif mensuel de ma connexion : la boîte internet de Sosh en ADSL me coûtait 20,99 € par mois sans engagement. Pour ce prix, je devais utiliser une Livebox 4 vieillissante et fermée qui activait mon accès au réseau et j’avais une ligne téléphonique fixe que je n’ai jamais utilisée — on est en 2024, tout de même. Pour 5 € de plus, je pouvais transformer mon abonnement en offre triple-play pour recevoir une box TV, mais cela fait bien des années que les services de streaming ont remplacé la télévision en direct pour nous — on est en 2024, tout de même.
Au moment où je me suis abonné, MilkyWan me proposait une connexion ADSL par le biais du réseau d’Orange, assurée par l’opérateur d’infrastructure tiers Appliwave, pour 35 € par mois sans engagement, soit environ deux tiers plus cher que chez Sosh. À cela s’ajoutent des frais d’accès au service, qui étaient alors de 110 € et qui correspondent notamment à l’intervention du technicien lors de l’ouverture de la ligne. Entre les frais d’ouverture et ceux de résiliation de Sosh, j’ai quasiment sorti 200 € de ma poche le premier mois, ce qui ne m’était jamais arrivé avec les FAI commerciaux. À noter que si je devais quitter MilkyWan un jour, il n’y a pas de frais de résiliation.
Depuis la souscription de mon abonnement, Appliwave ne commercialise plus d’offres en xDSL, si bien que MilkyWan n’a eu d’autre choix que de changer d’opérateur d’infrastructure. C’est désormais ielo qui se charge de raccorder les abonnés et ses tarifs sont plus élevés, ce qui a été répercuté sur les nouvelles offres, désormais facturées 39 € par mois (les frais d’adhésion ont toutefois baissé à 90 €). Les abonnés actuels restent à 35 € par mois fort heureusement, ce qui n’enlève rien au fait qu’une association comme MilkyWan n’a pas une grande marge de manœuvre pour ses offres. Le prix de l’abonnement couvre en priorité la ligne ADSL ou en fibre optique et tous les acteurs impliqués, et puis il faut encore prévoir les prélèvements de l’État et le peu qui reste doit financer les investissements indispensables sur le réseau.
La procédure d’abonnement elle-même est différente de celle chez un FAI commercial, car tout se fait par le biais d’un bénévole. Vous contactez l’association via un formulaire web et vous recevez ensuite un mail avec les détails à suivre. Un contrat doit être signé numériquement puis renvoyé et il faut fournir son IBAN, puisque c’est le seul moyen de paiement accepté. Payer par carte bancaire serait trop coûteux et complexe pour une si petite structure et j’ai confirmé auprès d’eux qu’ils n’acceptaient pas les chèques, si vous aviez cette drôle d’idée. Une fois que tout est réglé, la commande part auprès de l’opérateur d’infrastructure tiers concerné et c’est lui qui se charge de finaliser la connexion.
Comme avec les gros acteurs commerciaux, l’intervention d’un technicien peut être nécessaire. Si ce n’était pas forcément le cas pour moi, étant donné que je restais sur le réseau cuivre d’Orange, un sous-traitant de l’opérateur historique est venu installer ma ligne ADSL une belle journée de mai 2024. Malheureusement, il s’agissait du mardi 7 mai, un jour où Apple avait non seulement décidé d’organiser un événement spécial pour ses nouveaux iPad, mais en plus de l’organiser exceptionnellement à 16 heures, trois heures avant l’horaire habituel. MilkyWan avait bien transmis ma demande pour éviter toute intervention ce jour-là, demande qui s’est perdue quelque part entre Appliwave et Orange, provoquant une petite pointe de panique quand le technicien s’est pointé vers 14 heures.
Par chance, il ne lui a fallu qu’une heure environ pour changer le fil de cuivre fatigué entre le poteau public et ma maison, puis bricoler dans le NRA du coin. J’ai ainsi pu récupérer ma connexion juste à temps pour le keynote, grâce aussi à la réactivité de MilkyWan qui m’a donné un coup de main pour configurer mon matériel. Si l’intervention des techniciens est familière, la suite l’est moins : vous n’avez pas de box préconfigurée qu’il suffit de brancher, c’est à vous, nouvel abonné, de mettre en place votre propre matériel. Pour une connexion en ADSL, deux équipements sont nécessaires : un modem et un routeur. La fibre optique est un petit peu différente, puisque MilkyWan fournit alors l’ONT, le petit boîtier qui vient se brancher sur la fibre.
J’avais commandé en amont un modem compatible avec les besoins de la connexion VDSL qui arrive chez moi, en Bretagne, où la fibre optique se fait attendre. J’ai découvert qu’il y avait encore de nombreuses références neuves sur le marché, mais que le marché de l’occasion est logiquement bien riche et qu’il permet de faire de belles économies. J’ai ainsi acheté un modem à moins de 30 € sur une célèbre plateforme de petites annonces et j’avais des dizaines d’options différentes qui pouvaient convenir. En plus du modem qui se charge en gros de convertir le signal analogique qui transite sur le réseau de cuivre en signal numérique, vous aurez aussi besoin d’un routeur qui sera le cœur du réseau local et votre porte d’accès au réseau extérieur. Les box des FAI combinent les deux, ajoutant en plus une borne Wi-Fi qu’il faut prévoir en supplément si vous n’êtes pas équipé.
Ayant un bon pied déjà dans l’univers d’Ubiquiti, j’ai opté pour un routeur de cette même marque, en l’occurrence le Cloud Gateway Ultra. Pour une centaine d’euros, ce routeur offre tout ce dont j’ai besoin. Depuis mon achat au printemps dernier, le Cloud Gateway Max a été commercialisé et pour un petit peu plus du double côté tarif, il est mieux adapté pour la fibre optique. Le jour où la fibre optique arrivera enfin chez moi, mon plan est de basculer sur la gamme Dream Machine, beaucoup plus chère certes, mais aussi nettement plus puissante. Quelle que soit l’option, la configuration de la connexion s’est faite très simplement, en suivant les consignes transmises dans un mail par MilkyWan.
Là encore, inutile de détailler ma configuration précise, il y a peu de chance qu’elle soit similaire à la vôtre. L’essentiel à retenir, c’est que vous gérez votre propre matériel, ce qui vous apporte plus de souplesse et aussi plus de responsabilités. Si je n’avais pas un pied dans l’écosystème UniFi, j’aurais sans doute commandé un routeur MikroTik, marque préférée de Hugues, dont les rapports qualité-prix sont souvent meilleurs et surtout qui propose davantage d’options avancées. Côté Wi-Fi, j’étais déjà équipé d’une installation fonctionnelle composée de trois bornes U6 Lite qui suffisent largement tant que je suis en ADSL. Une fois fibré, je les remplacerai sûrement par des bornes en Wi-Fi 7, sans toucher au reste de l’installation.
C’est l’un des avantages indéniables de la modularité : chaque brique dans l’équation peut être améliorée indépendamment du reste. C’est un argument très important pour les geeks. Je peux changer les serveurs DNS de mon routeur d’un clic et l’accès depuis l’extérieur est facilité grâce à mes IP fixes ainsi que l’ouverture de ports dans l’interface d’UniFi (interface qui est tellement plus agréable que celle de la Livebox).
Pour tout le reste qui vient d’office avec les FAI grand public, vous devrez vous débrouiller. MilkyWan ne propose rien en matière de téléphonie, libre à vous de souscrire une offre de VoIP comme celle d’OVH, qui débute à 1,19 € par mois. Pour la télévision, l’accès par internet est aussi privilégié, ce que j’ai pu faire via mon Apple TV. À ce sujet, il faut toutefois noter que MilkyWan fait un effort en proposant plusieurs chaînes de télévision par IP, captées pour certaines par une captation satellite installée par l’association. Pour en profiter, un flux M3U peut être ouvert dans une app comme VLC et il existe même une app pour l’Apple TV.
Vivre et travailler au quotidien avec un FAI associatif
En activant la ligne ADSL fournie par MilkyWan, j’ai immédiatement noté un gain bien net sur mes débits maximums. Sosh me permettait de monter autour de 60 Mbit/s en téléchargement descendant, alors que le nouvel abonnement se hissait à 75 Mbit/s sans discuter. Un résultat impressionnant et enthousiasmant, tant le moindre gain dans ce domaine apporte un confort indéniable. Néanmoins, j’ai vite déchanté en réalisant que l’absence de toute contrainte technique imposée traditionnellement par la box du FAI posait en réalité problème.
Pour faire (très) simple, je créais une congestion sur ma ligne VDSL en essayant de télécharger au maximum de sa capacité, ce qui revenait à bloquer à chaque fois tout accès à internet. Lors d’un gros téléchargement, tout le réseau devenait instable, avec une latence élevée et des débits ridiculement bas, voire des pages qui ne se chargeaient plus du tout. J’ai rapidement appris pourquoi Orange limitait les débits avec sa propre box et j’ai aussi appris à faire de même sur mon routeur. Après quelques essais, j’ai configuré une limite qui reste supérieure à celle du FAI historique, tout en m’évitant de perdre la connexion à chaque mise à jour d’iOS.
Cette configuration est assez simple à mettre en œuvre. Si vous êtes dans l’écosystème UniFi comme moi, sachez que c’est l’option « Smart Queues » dans les paramètres de la connexion internet. D’après mon expérience, les valeurs à saisir ici sont plus élevées que la capacité maximale de votre ligne ADSL et j’ai fini par choisir 90 Mbit/s en réception et 20 Mbit/s en envoi, ce qui me donne un speedtest moyen autour des 70 Mbit/s, toujours une dizaine de Mbit/s de plus qu’avec Sosh. Ce paramètre est déconseillé si vous bénéficiez de la fibre optique, car il aura tendance au contraire à brider inutilement votre connexion.
La configuration d’une limite raisonnable a beau être simple, encore faut-il comprendre ce qui ne fonctionne pas et trouver les bonnes informations pour corriger le tir. Hugues et d’autres bénévoles de MilkyWan m’ont alors aidé, ce qui ne m’empêche pas de noter que savoir se débrouiller au maximum est essentiel avec ce type d’abonnement. L’association ne s’engage ni sur un support technique les jours ouvrés, ni sur une qualité de service : dans le milieu, on parle de « best effort », c’est-à-dire que le service proposé sera le meilleur possible, mais sans garantie.
C’est important de le garder en tête, car les pannes arrivent et il faut être prêt à les gérer. J’en ai eu quelques-unes en sept mois, surtout ces deux derniers mois où, par manque de chance, ma connexion a été coupée à quatre reprises. La première fois, MilkyWan n’y était pour rien : courant octobre, c’est Appliwave, l’opérateur d’infrastructure qui gère ma connexion au réseau d’Orange, qui a eu une panne et qui m’a empêché d’accéder à internet pendant une bonne heure. Les fois suivantes, c’était soit un problème de configuration du côté de MilkyWan, soit un problème sur le matériel géré par l’association. L’une d’elles a eu lieu pendant la nuit et ne m’a pas gêné, les deux autres sont survenues en journée et auraient posé un vrai problème si je n’avais pas mis en place un plan B.
Dès le départ, j’avais en effet dépoussiéré un vieux modem 4G, j’y avais placé la deuxième carte SIM de mon forfait Sosh et je l’avais relié à mon routeur. Ce modèle, comme bien d’autres, permet de configurer deux connexions internet (WAN) et d’utiliser la deuxième en mode « failover », c’est-à-dire en cas de panne sur la principale. C’est ce que j’ai fait, si bien que je n’ai jamais vraiment perdu accès à internet. Basculer sur la 4G reste un désagrément, surtout parce que le modem placé dans mon sous-sol a une réception médiocre et les débits sont moyens (de l’ordre de 4 Mbit/s en téléchargement et 2 Mbit/s en envoi). La latence plus élevée se ressent aussi très clairement, si bien que si une panne se prolongeait, je déplacerais certainement le modem.
J’ai eu plus de pannes en sept mois chez MilkyWan qu’en à peu près un an chez Sosh avant cela, c’est vrai. Pour autant, il convient de rappeler que les gros acteurs historiques n’offrent eux non plus aucune réelle garantie sur les débits ou sur le service. Il faut basculer sur des offres professionnelles très chères pour avoir de vraies garanties contractuelles. Les pannes arrivent chez tout le monde et le cas échéant, vous aurez au mieux un modem 4G qui ne pourra même pas être relié à la box. Il y a bien quelques tentatives d’améliorer l’intégration de cette sécurité, en particulier chez Free, mais rien d’aussi transparent que la solution que je peux mettre en place grâce à l’utilisation de mon propre routeur. Cela implique encore une fois de bricoler un minimum, même si les bénévoles de l’association sont en général prêts à aider, et des coûts supplémentaires.
Il est évident que je pourrais obtenir un service équivalent, voire meilleur, pour moins cher. Face à une offre comme celle de Bouygues Telecom qui propose la fibre optique jusqu’à 8 Gbit/s à 23,99 € par mois sans engagement, MilkyWan ne peut rien faire. Néanmoins, le prix ne fait pas tout et les avantages apportés par le FAI associatif contrebalancent le prix demandé pour mes besoins. Si mon côté geek apprécie de pouvoir bricoler mon propre matériel, j’apprécie surtout les IP fixes qui m’ont été attribuées et qui simplifient considérablement l’accès distant à des services, notamment Home Assistant. Ma configuration est désormais bien plus simple que ce que j’avais détaillé dans la série sur cette solution domotique open source et plus aucun FAI commercial ne propose cette option au grand public.
Un FAI associatif apporte d’autres avantages auxquels on pense moins. En devenant membre de l’association qui vous fournit votre accès à internet, vous aurez logiquement bien plus d’influence sur la structure et ses décisions qu’en étant client d’un gros groupe. J’ai pu en avoir un aperçu en participant à l’assemblée générale (AG) de MilkyWan, organisée un samedi après-midi par l’équipe lors d’une visioconférence ouverte à tous les abonnés. Nous étions une quarantaine à être au rendez-vous, à découvrir les bilans, tant ce que l’association a fait depuis l’AG précédente que ses comptes financiers, puis voter pour les décisions du jour et enfin poser des questions. Ce jour-là, quatre votes ont été soumis pour valider les bilans et élire les représentants des abonnés.
Les bilans m’ont permis de mieux prendre conscience de tout ce qu’implique de faire tourner un FAI de la taille de MilkyWan. Sur l’année 2024, l’association a investi sur le plan matériel pour remplacer plusieurs routeurs par des modèles plus récents et plus puissants. Cela représente un coût évident : en plus des 4 000 € environ demandés par routeur, il faut aussi prévoir les déplacements des bénévoles un petit peu partout en France et même en Suisse. MilkyWan a créé une architecture réseau redondante à travers plusieurs sites sur le territoire, ce qui est mieux pour la qualité du service et plus compliqué pour gérer le matériel. Rien qu’en février, quatre routeurs ont été remplacés entre Paris, Lyon et Genève. Dans le reste de l’année, d’autres routeurs ont été installés ou remplacés à Toulouse et à Lille.
Il y a aussi des frais importants qui ne sont pas aussi visibles à l’image des adresses IPv4 réservées par l’association, denrée devenue rare et donc chère. Chez MilkyWan, chaque abonné a sa propre IPv4, il faut ainsi en avoir suffisamment pour ne pas bloquer les nouveaux arrivants. C’est pourquoi le FAI a acheté 768 nouvelles IPv4 début 2023, un bloc payé environ 12 000 €. Le bilan financier présenté lors de l’AG prouvait bien que ce n’est pas la meilleure idée pour s’enrichir rapidement.
Et encore, MilkyWan n’a pas besoin de payer des employés. Les box des opérateurs historiques ne sont pas imposées sans raison : ces appareils qui combinent un modem ou l’ONT pour la fibre, un routeur et une borne Wi-Fi simplifient considérablement leurs besoins en supports techniques et donc leurs coûts. Ces box sont conçues pour se connecter et se configurer automatiquement, elles peuvent aussi être mises à jour à distance et elles réalisent régulièrement des diagnostics. Le modèle de MilkyWan est nettement plus complexe à leur échelle : si ma connexion est en panne, le problème peut venir du FAI, comme il peut être lié à une mauvaise configuration, voire à un matériel en panne dans ma baie.
Si vous avez été convaincu par mon expérience, vous pouvez découvrir la liste des offres de MilkyWan ici pour la fibre et ici pour l’ADSL ou VDSL, puis tester votre éligibilité à cette adresse. Lors de votre demande d’abonnement, n’hésitez pas à passer le bonjour de ma part à Marc, qui accueille toutes les nouvelles demandes d’abonnés. Cela ne vous rapportera rien, pas plus qu’à moi d’ailleurs, mais c’est un lecteur et je sais qu’il appréciera. Il existe bien sûr d’autres FAI associatifs. La Fédération des fournisseurs d'accès internet associatifs (FFDN) tient la liste de ses membres sur son site web.