Google a fermé goo.gl, son raccourcisseur de liens, en 2018. À l’époque, l’entreprise annonçait le maintien des redirections, ce qui signifiait qu’il n’était plus possible de créer de nouveaux liens raccourcis en utilisant le service, mais que les liens existants continuaient de fonctionner comme avant. Malheureusement, cette période est désormais terminée et le géant de la recherche annonce la fermeture totale du service l’année prochaine. À compter du 25 août 2025, les millions de liens publiés avec le nom de domaine goo.gl cesseront de fonctionner et ne mèneront nulle part, cassant autant de liens publiés dans la petite dizaine d’années d’existence du service.
Si vous n’avez pas connu les débuts de Twitter, vous ignorez peut-être tout des raccourcisseurs de liens. Ces services ont émergé dans le courant des années 2000 pour répondre à un vrai besoin : raccourcir des URL qui peuvent occuper des centaines de caractères en une URL bien plus courte, qui n’a besoin que d’une poignée de caractères. Le premier modèle du genre est TinyURL : créé en 2002 et toujours actif, il génère des URL d’une vingtaine de caractères composées de son nom de domaine suivi d’un identifiant unique. De nombreux concurrents se sont lancés par la suite sur le même modèle, dont Bitly en 2008 et goo.gl de Google entre 2009 et 2010.
Si ces services n’ont pas entièrement disparu, ils sont devenus nettement moins importants, parce que les URL même longues ne posent en général plus de problème. Les réseaux sociaux ont vite réagi, soit en lançant leurs propres raccourcisseurs d’URL intégrés (t.co pour Twitter), soit plus souvent en augmentant le nombre de caractères des messages et surtout en ne comptant pas les caractères des liens. Cela explique leur perte de vitesse ces dernières années, même si les URL raccourcies gardent leur intérêt, notamment quand on veut des liens faciles à dicter ou encore pour garder une URL simple et fixe tout en modifiant la destination1. Cette capacité est aussi à double-tranchant : l’opacité inhérente des liens courts a souvent joué des tours à ces services, qui peuvent servir à héberger des arnaques ou du contenu illégal.
La fermeture de goo.gl en 2019 n’est pas trop surprenante dans ce contexte, surtout quand on pense au peu de moyens d’une entreprise de la taille de Google et à la cruelle nécessité de fermer un maximum de services pour assurer sa survie. Les services spécialisés comme TinyURL et Bitly sont toujours actifs pour ceux qui ont besoin de raccourcir des URL et l’arrêt de goo.gl n’était pas si gênante tant que les liens existants fonctionnaient encore. Hélas, il faut manifestement faire de la place dans les centres de données de Google, peut-être pour l’IA et ses besoins toujours plus importants, et l’entreprise a décidé de mettre un terme aux redirections.
La fermeture complète de goo.gl se fera en deux temps. À partir du 23 août 2024, un message intermédiaire sera affiché à chaque clic sur un lien raccourci, pour prévenir de l’arrêt de la redirection à venir. Les redirections elle-mêmes seront interrompues dès le 25 août 2025, sauf si Google change d’avis d’ici là, on peut toujours rêver. Dans le cas contraire, tous ces liens seront morts et il sera impossible de faire quoi que ce soit, puisque le nom de domaine appartient toujours à l’entreprise américaine et on ne pourra pas gérer soi-même la redirection. La seule option sera de supprimer les liens goo.gl en amont, si tant est que ce soit encore possible.
Si tout se déroule comme prévu, Google affichera une page 404, le code qui indique sur le web que la page visitée n’existe pas. C’est déjà mieux qu’une redirection vers l’un des services existants de Google, sans garantir que cela ne changera pas à l’avenir. Sur le plan technique, rien n’interdirait un scénario dystopique où Gemini analyse les pages pointées par un lien goo.gl et fournisse un résumé généré par IA lors de l’ouverture d’un lien.
C’est tout le défaut des raccourcisseurs de liens qui reposent sur un nom de domaine qui ne vous appartient pas, leur fonctionnement ne dépend pas de vous. Si vous avez encore besoin de raccourcir des liens, l’idéal est d’utiliser son propre service installé sur un serveur que l’on maîtrise. Je peux recommander YOURLS que nous utilisons depuis quelques années à MacGeneration, même si nos besoins dans ce domaine sont presque réduits à zéro.
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Pour l’anecdote, c’est ce que j’ai fait dans le livre sur l’app Raccourcis : j’ai placé des liens courts dans le livre, ce qui m’a permis de mettre à jour le raccourci sous-jacent sans mettre à jour le livre lui-même, ce qu’Apple ne permet pas puisque chaque partage génère un nouveau lien unique. ↩︎
