Il n’y a pas que ChatGPT dans la vie, il y a Mistral AI aussi. La start-up française, qui s’est forgée une solide réputation en créant l’un des meilleurs modèles de langage open source, a fait part de trois annonces majeures rien qu’aujourd’hui.
La première, c’est le lancement de son modèle de langage de génération de texte le plus avancé à ce jour. Nommé Mistral Large, ce modèle est, selon les benchmarks sélectionnés par la start-up, moins performant que GPT-4 qui fait toujours figure de référence, mais meilleur que Claude 2, Gemini Pro 1.0 (sachant que la version 1.5 a été annoncée la semaine dernière), GPT-3.5, LLaMA 2 70B… et Mixtral 8x7B, son précédent modèle phare.
Les points forts de Mistral Large sont son caractère polyglotte (il gère nativement l’anglais, le français, l’espagnol, l’allemand et l’italien), sa capacité à recevoir une très grande commande (fenêtre de contexte de 32 000 tokens), son aptitude à suivre précisément les instructions de modération et sa compatibilité avec des outils externes.
À l’inverse de tous les modèles distribués jusque-là par la jeune pousse, Mistral Large n’est pas open source, mais propriétaire. Si on ne peut pas le télécharger pour le faire tourner localement sur son Mac ou sur son iPhone, comment l’utiliser alors ? On en vient aux deux autres annonces.
Mistral AI vient d’ouvrir les portes de Le Chat, qui n’est ni plus ni moins que son équivalent de ChatGPT. Le Chat donne accès à Mistral Large, ainsi qu’à deux autres modèles propriétaires (Mistral Next et Mistral Small) dans une interface simple d’utilisation. Le service demande de se créer un compte.
Comme OpenAI le fait avec ChatGPT, Mistral AI va se servir des discussions des utilisateurs dans Le Chat pour améliorer ses modèles. Les utilisateurs qui s’abonneront à la future offre payante pourront éviter que leurs données servent à entraîner les modèles. Le service est actuellement en bêta et non connecté au web (il n'est donc pas capable de fournir des réponses sur des informations récentes).
Mistral Large est également accessible via une API payante et… Azure. C’est la troisième annonce majeure du jour : Mistral AI a signé un contrat avec Microsoft. « Le partenariat stratégique avec Microsoft est une première étape importante, qui démultiplie notre surface de distribution […] C’est aussi un gage de crédibilité », explique Arthur Mensch, cofondateur de la start-up, dans une interview au journal Le Monde.
Quant à savoir si l’entreprise française ne risque pas de perdre son indépendance, l’entrepreneur assure que cela ne sera pas le cas car « l’investissement de Microsoft […] est très faible au regard des montants totaux » de ses levées de fonds. « Mistral AI est à la main de ses fondateurs, majoritaires au capital, et nous comptons garder le contrôle. Globalement, plus de 75 % de Mistral AI appartient à des Européens », ajoute Arthur Mensch.
Au sujet de l’aspect commercial de son nouveau modèle de langage, Arthur Mensch défend un modèle économique construit dès le début sur deux jambes, avec des modèles open source gratuits d’un côté et des modèles « optimisés » payants de l’autre : « l’activité commerciale nous permettra de financer la recherche coûteuse nécessaire au développement de modèles. Et nous continuerons d’avoir deux gammes. »