Entre « GPT » qui se prononce comme chacun sait et le modèle « BERT » qui fait tout un fromage, les grands modèles de langage n’en finissent plus de faire rire les francophones. Amazon ne pouvait pas rester à l’écart de cette compétition drolatique et dévoile son Q. Enfin, son « nouveau type d’assistant génératif pouvant être adapté aux besoins des entreprises » baptisé Q. Blague à part, Amazon ne compte pas laisser OpenAI seule sur le créneau des chatbots d’entreprises aux modèles personnalisés.
Votre Q n’est pas le même que le mien : selon qu’il puisse accéder aux données de l’entreprise ou pas, selon qu’il puisse récupérer les conversations sur Slack et Gmail ou pas, selon qu’il sache quel est votre rôle dans l’entreprise ou pas, le chatbot répondra différemment. Amazon n’utilise pas un modèle spécifique, mais sa plateforme Bedrock qui agrège plusieurs systèmes. Outre son propre modèle Titan et le modèle Llama 2 de Meta, l’entreprise exploite les technologies de la startup Anthropic, dans laquelle elle compte investir jusqu’à quatre-milliards de dollars.
Si l’attention médiatique s’est portée sur les chatbots génériques ChatGPT et Bard, les investisseurs ciblent de plus en plus explicitement le monde de l’entreprise. OpenAI elle-même veut concevoir de « petits ChatGPT » personnalisés avec les données et les coutumes des entreprises. Amazon présente ainsi Q comme un système « sécurisé et privé » qui peut se connecter à quarante services (dont Amazon S3 bien sûr) pour connaitre l’entreprise sous toutes ses coutures. Les salariés pourront ajouter des documents de travail dans le chatbot pour obtenir des interactions au poil.
Amazon ambitionne ainsi de fournir « des informations et des conseils immédiats et pertinents aux salariés afin de rationaliser les tâches, d’accélérer la prise de décision et la résolution des problèmes, et de stimuler la créativité ainsi que l’innovation au travail. » Autrement dit : puisque la systématisation de la documentation n’est plus qu’un rêve, autant laisser la machine se dépatouiller avec toutes les données de l’entreprise, puisque personne ne sait utiliser un moteur de recherche, autant « parler » à la machine en espérant qu’elle trouve ce que l’on cherche.
Amazon ne vend pas encore son Q, mais l’offre aux quatre vents pendant une période d’« aperçu ». Le service devrait ensuite être facturé autour de 20 $ par siège et par mois, avec une offre complémentaire pour les développeurs et les DSI. Microsoft et Google proposent des produits similaires pour une trentaine d’euros par personne et par mois. Lors de sa conférence Reinvent à Las Vegas, Amazon explique que « Q » vient tristement de « question », avec une double référence à l’espèce omnisciente de l’univers Star Trek et du célèbre personnage du monde de James Bond.