La mise sur pied des nouvelles usines de TSMC en Arizona est un véritable parcours du combattant. Un rapport du Financial Times met en lumière plusieurs difficultés rencontrées par le fondeur taiwanais. Celui-ci s'appuie sur de nombreux fournisseurs dans son pays d'origine, par exemple pour des pièces détachées, des produits chimiques ou des ateliers. Tout cela passe par un écosystème de petites entreprises qui n'existe pas aux États-Unis. « Combien d'entre elles vont déménager ? », s'interroge un expert en semi-conducteurs de la société de conseil Bain.
Si certains fournisseurs ont prévu le coup et acheté du terrain en Arizona, ils doivent se frotter à l'épineuse question de la construction des sites… et des prix qui vont avec. « Les coûts de construction de TSMC sont plusieurs fois plus élevés aux États-Unis qu'à Taïwan, et le même calcul s'applique pour nous », a déclaré le président d'une entreprise de produit chimique partenaire de TSMC. Selon lui, la facture totale pourrait être multipliée par cinq : pas de quoi inciter les plus petits partenaires à tenter l'expérience.
Le problème du recrutement va également se poser, et un analyste de SemiAnalysis avance que les ingénieurs qualifiés américains ne vont pas forcément se tourner vers un poste chez TSMC. Pour Dylan Patel, ceux-ci seraient plus intéressés par un job chez Meta ou Apple que par un emploi dans une usine potentiellement moins bien payé. La différence culturelle entre les méthodes de travail taïwanaise et américaine pourrait aussi poser soucis, TSMC ayant la réputation d'avoir un environnement de travail strict où l'on ne compte pas ses heures.
Le manque d'attractivité et de main-d'œuvre est un problème avant même l'ouverture officielle. Sur les 2 200 personnes embauchées par TSMC pour son site, près de la moitié aurait été appelée en renfort de Taiwan. Au total, TSMC prévoit de faire travailler 4 500 salariés en Arizona, qu'il va bien falloir aller chercher quelque part. Un expert explique que TSMC ne pourra pas s'appuyer constamment sur des ingénieurs taiwanais.
Les deux usines annoncées en Arizona vont permettre de créer 60 000 wafers par mois, ce qui en fait un site de taille moyenne comparé aux « gigafabs » taïwanais pouvant produire plus de 100 000 wafers. Une extension sur quatre autres sites lui permettrait d'atteindre cette cadence. Or, TSMC jouerait la prudence : ce nouveau site américain devrait rester limité à deux usines. Le gouvernement américain aurait demandé au fondeur d'en prévoir quatre de plus, et des terrains supplémentaires ont été achetés. Cependant, les personnes proches du dossier estiment que cette expansion ne verra sans doute pas le jour.
Aux dernières nouvelles, l'ouverture des usines TSMC en Arizona est prévue pour le courant 2025. La mise sur pied du projet est compliquée : le fondeur et le gouvernement américains se disputent sur la question du financement, tandis que le chantier aurait causé de nombreux accidents.