Plus d'un an après avoir envoyé les faire-part pour leur mariage exceptionnel, Microsoft ne peut toujours pas passer la bague au doigt d'Activision. Après des mois d'enquête, l'autorité de la concurrence britannique a décidé de bloquer l'union de ces deux géants du jeu vidéo.
La Competition and Markets Authority (CMA) estime que si Microsoft s'emparait d'Activision — une opération qui lui coûterait 69 milliards de dollars —, le groupe entraverait la concurrence dans le domaine du cloud gaming en plein essor :
Microsoft compte déjà pour 60 à 70 % des services de cloud gaming dans le monde et possède d'autres atouts importants sur ce marché, comme les consoles Xbox, Windows et une infrastructure mondiale de cloud. L'accord renforcerait l'avantage de Microsoft en lui donnant le contrôle sur des licences importantes, telles que Call of Duty, Overwatch et World of Warcraft.
Microsoft a pourtant donné des gages en février en annonçant la disponibilité des Call of Duty sur consoles Nintendo et un partenariat avec Nvidia autour de GeForce Now, mais ces promesses ont été jugées insuffisantes par l'autorité de la concurrence britannique. La CMA trouve que les compromis proposés par la multinationale comprennent « un certain nombre de lacunes importantes liées à l'évolution rapide des services de cloud gaming. »
Microsoft, qui s'est dit « particulièrement déçu » de la décision du régulateur britannique, va faire appel. « Nous avons déjà signé des contrats pour rendre les jeux d'Activision Blizzard disponibles sur 150 millions d'appareils supplémentaires et nous restons engagés à renforcer ces accords par des mesures réglementaires », a ajouté le groupe.
De son côté, Activision sort le bazooka contre le Royaume-Uni :
Les conclusions du rapport ne rendent pas service aux citoyens britanniques, qui sont confrontés à des perspectives économiques de plus en plus sombres. Nous allons réévaluer nos plans de croissance pour le Royaume-Uni. Les innovateurs mondiaux, grands et petits, prendront aussi note du fait que, malgré toute sa rhétorique, le Royaume-Uni est clairement fermé aux affaires.
Des régulateurs d'autres pays (Brésil, Japon, Chili…) qui s'étaient penchés sur le dossier ont, eux, donné leur feu vert. L'avis de l'Union européenne, qui est a priori favorable, est attendu dans les prochaines semaines.