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TSMC : dans les coulisses du géant des semi-conducteurs

Félix Cattafesta

vendredi 24 mars 2023 à 18:00 • 64

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TSMC est une entreprise aussi discrète que fermée : rares sont les médias ayant le droit de visiter l'une des usines de groupe. La journaliste de Wired Virginia Heffernan a eu cette chance : dans un long reportage, elle rapporte plusieurs anecdotes sur la façon dont fonctionne la plus grosse entreprise de semi-conducteurs taïwanaise.

Fab 6 de TSMC. Image : TSMC.

La visite de la journaliste a visiblement été rapide. Il faut savoir que les usines de fabrication de puces sont automatisées : il s'agit principalement de machines travaillant dans des salles blanches fermées hermétiquement. Environ 20 000 techniciens surveillent chaque étape du cycle de construction, tandis que des ingénieurs système et des chercheurs en matériaux travaillent 24 heures sur 24 (quitte à être tiré du lit) pour corriger de minuscules imperfections. L'entreprise comptait plus de 64 000 employés à Taïwan fin 2022.

Évidemment, entrer dans un tel complexe nécessite une désinfection complète pour conserver la pureté de l'air. Une salle ordinaire peut contenir des milliers de particules de poussière par mètre cube. Dans les usines et les salles de nettoyage de TSMC, il n'y en a pas plus de 100. Chaque salarié doit donc être couvert de la tête aux pieds d'une blouse, de gants, d'un masque, de lunettes etc. L'atmosphère particulière de la pièce fait que les employés de TSMC ont l'impression que le temps passe plus vite une fois à l'intérieur.

L'intérieur d'une usine de TSMC. Image : TSMC.

La paye moyenne d'un ingénieur entrant chez TSMC est d'environ 5 400 $ par mois, là où le loyer d'un studio à Hsinchu où se situe le siège de TSMC coûte dans les 450 $. Visiblement, TSMC ne séduit pas les nouvelles recrues avec des avantages faisant tourner les têtes. Un membre du bureau des relations publiques de l'entreprise explique que les salariés ont 10 % de remise chez Burger King et des ristournes chez 7-Eleven (une chaîne de commerces de proximité). Avoir un job chez TSMC ne serait pas non plus une bonne carte pour la drague : plusieurs employés ont confié à la journaliste que leur travail au sein de l'entreprise n'était pas « sexy », et que l'argument fonctionnait plus auprès des parents que des jeunes.

Les ingénieurs taïwanais ont visiblement mal vécu la rencontre avec leurs confrères américains, venus se former en 2021 en vue de l'inauguration de l'usine de TSMC en Arizona. Le choc culturel a été grand, ce qui se confirme par différentes rumeurs circulant sur les réseaux sociaux et sur le site spécialisé Glassdoor. Les ingénieurs américains auraient qualifié TSMC « d'atelier de misère » (‌sweatshop), tandis que les ingénieurs taïwanais auraient rétorqué que les Américains étaient des « bébés » mentalement inadaptés à la gestion d'une usine de pointe. Certains ont même assuré que les Américains venaient voler les secrets de TSMC pour les remettre à Intel.

Si cette guerre de vestiaire peut faire sourire, le point de vue est partagé par Morris Chang, le fondateur de TSMC qui a travaillé de nombreuses années chez Texas Instruments. Lors d'une conférence à Taipei en 2021, Chang avait expliqué que « personne aux États-Unis n'est aussi dévoué à son travail qu'à Taïwan » lorsqu'on l'interrogeait sur la concurrence d'Intel.

TSMC ne voit pas une industrie des semi-conducteurs renaître aux États-Unis

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Mark Liu, président de TSMC. Image : TSMC.

Pour l'actuel président de TSMC Mark Liu, les scientifiques doivent se distinguer par deux qualités : leur curiosité et leur endurance. Il évoque aussi la religion, affirmant que « chaque scientifique doit croire en Dieu ». L'homme ne croit pas en la loi de Moore, qu'il considère plutôt comme un « optimisme partagé ».

Liu explique que vu que ses produits sont de la taille de l'atome il demande à ses ingénieurs de « penser comme une personne de la taille d'un atome ». Le directeur n'est pas avare en citation et en proverbes : « C'est la gloire de Dieu de cacher la matière. Mais la recherche de la matière est la gloire des hommes ».

La pandémie de COVID-19 n'a pas épargné TSMC. Si l'entreprise ne s'en est pas trop mal tirée par rapport à d'autres sous-traitants d'Apple, elle l'a poussé à revoir certaines habitudes. La réalité augmentée a notamment été utilisée pour les réunions à l'aide de lunettes grand public. Chaque participant pouvait ainsi voir ce que les autres voyaient et s'entraider pour résoudre les problèmes en temps réel. TSMC a visiblement été satisfait de l'efficacité de cette technologie : l'utilisation de l’AR y est en hausse depuis 2020.

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