Microsoft veut sauver son acquisition maousse d'Activision Blizzard. L'éditeur, qui va mettre près de 70 milliards de dollars sur la table pour empocher le géant du jeu vidéo, a peut-être en tête l'échec de la tentative de Nvidia sur Arm, pilonnée par les régulateurs ? Quoi qu'il en soit, Microsoft a édicté 11 grands principes qui s'opposent de manière frontale aux pratiques d'Apple et, dans une moindre mesure, de Google.
Microsoft s'engage à donner aux développeurs l'accès à sa boutique du moment qu'ils respectent des standards raisonnables et transparents en termes de qualité et de sécurité. L'entreprise veut protéger la sécurité des consommateurs et des joueurs qui utilisent son app store, ainsi que leur vie privée (principes 1 à 3).
Microsoft aura les mêmes standards pour ses applications que pour les applications concurrentes, et n'utilisera ni informations privées ni données provenant de sa boutique pour concurrencer les apps tierces (principes 4 à 5). Toutes les applications seront traitées de manière égale, sans « préférence déraisonnable », et les règles mises en place par l'éditeur seront transparentes concernant la promotion et le marketing des apps (principes 6 à 7).
Ces deux derniers principes semblent très clairement viser les dérapages d'Apple qui a été pris la main dans le pot de confiture en privilégiant ses propres apps dans les classements de l'App Store, et en étant complètement opaque sur le marketing de la boutique.
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Les 7 premiers principes ci-dessus seront aussi appliqués dans la boutique de la Xbox, une plateforme tout aussi fermée qu'iOS. Car ensuite, on parle gros sous alors c'est plus sérieux. Le Microsoft Store n'exigera pas des développeurs qu'ils utilisent un système de paiement spécifique pour les achats intégrés, l'éditeur ne leur demandera pas non plus de vendre moins cher les apps distribuées dans son magasin.
Microsoft n'entend pas sanctionner les développeurs qui choisiront un système de paiement alternatif, et ne les empêchera pas de communiquer avec leurs utilisateurs à des fins commerciales (principes 8 à 11). Ces engagements ne sont pas nouveaux, fin 2020 déjà l'entreprise faisait entendre sa petite musique. Et Satya Nadella, le CEO de Microsoft, en avait remis une louche après la sortie de Windows 11.
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Le groupe cherche ici à montrer patte blanche aux régulateurs, alors qu'aux États-Unis, en Europe, aux Pays-Bas, en Corée du Sud et ailleurs, on enquête sur les pratiques commerciales d'Apple et de Google. À la lumière de l'acquisition d'Activision, Microsoft a conscience que ces mêmes régulateurs vont poser des questions.
Que les possesseurs de PlayStation fans de Call of Duty se rassurent : Microsoft n'a aucune intention de transformer la franchise en exclusivité pour la Xbox. L'éditeur assure que Call of et les autres titres des studios sortiront sur PlayStation en vertu des accords entre Sony et Activision. Mieux encore, Microsoft s'est engagé auprès de Sony pour que ces franchises continuent d'être disponibles sur PlayStation dans l'avenir, qu'il aimerait aussi voir portées sur la Switch.
Concernant le distingo entre les plateformes Windows et Xbox (où les développeurs n'ont pas d'autre choix que la distribution et le système de paiement maison), Microsoft explique que les législations en cours de discussion un peu partout dans le monde ne concernent pas les « ordinateurs spécialisés » comme les consoles de jeux.
Comme Tim Sweeney, le patron d'Epic, l'avait rappelé en mai dernier, les constructeurs de consoles vendent leurs produits à perte, se rattrapant avec la commission perçue sur la vente de jeux. Une stratégie qui permet de créer « un écosystème robuste et viable » pour les développeurs de jeux, indique Microsoft. Néanmoins, avec le temps l'entreprise va chercher à appliquer tous ses principes à la boutique Xbox.
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