Google s'est rendu compte, peut-être un peu tard, des profonds changements que le Digital Markets Act (DMA) voté fin décembre par le Parlement européen implique pour son activité. Le Financial Times décrit les efforts de lobbying soudains et très actifs du moteur de recherche auprès des responsables européens.
Des députés européens sont ainsi ciblés par des tweets, des communiqués et des propositions de rendez-vous visant à faire entendre les propositions de Google pour modifier le DMA dans un sens plus favorable (ou moins défavorable, si on veut) pour son business. Le groupe emploie 8 lobbyistes à Bruxelles, sans compter les consultants externes, et a investi 6 millions d'euros en 2020 dans cette activité.
Google n'est d'ailleurs pas le seul à faire du lobbying direct, des groupes de pression soutenus par l'ensemble de l'industrie sont aussi sur le pont. Sans oublier Apple, qui milite contre l'obligation du sideloading.
Pour Tim Cook, forcer le sideloading comme le voudrait Bruxelles « détruirait » la sécurité de l'iPhone
Pour Google, le DMA prend des allures de menace quasiment existentielle. Le texte, qui vise à rééquilibrer les rapports de force avec les grandes plateformes, exigerait des « changements fondamentaux » dans le design des résultats du moteur de recherche, selon une firme de lobbying. Mais aussi, et c'est sans doute le plus important, les mesures visant la publicité ciblée touchent le cœur nucléaire de l'entreprise.
« La position des députés sur la publicité ciblée est complètement folle », s'emporte une source proche de Google, qui ajoute que l'expérience utilisateur en serait complètement chamboulée avec encore davantage de pop-up de consentement.
Le FT rapporte que pour le moment, ces efforts n'ont pas l'air de porter leurs fruits. Un assistant parlementaire rapporte qu'actuellement, les plateformes sont les « bad guys » : « Tout ce qu'ils nous proposent est un peu bizarre et ils justifient difficilement pourquoi telle proposition devrait être intégrée dans la législation ».
« Il est clair que certaines propositions contenues dans le DMA et le DSA [Digital Services Act, axé sur la modération des contenus] nous affectent directement et auront un impact sur la manière dont nous innovons en Europe », explique Google au journal. Le DMA devrait entrer en vigueur en 2023.