Les révélations continuent dans la complexe affaire Pegasus qui mêle secrets d'États et secrets technologiques. D'après le MIT Technology Review, la France a envisagé d'acquérir Pegasus, le logiciel espion de NSO utilisé par plusieurs pays pour surveiller qui des journalistes, qui des opposants politiques, qui des hauts responsables étrangers… Les intentions françaises avec un tel outil ne sont pas précisées. Mais alors que les négociations auraient été sur le point d'aboutir, les révélations parues cet été auraient fait capoter l'accord au dernier moment. Parmi elles, on apprenait qu'Emmanuel Macron apparaissait personnellement sur la liste des cibles potentielles de Pegasus pour le compte du Maroc.
Après la publication de l'article, le ministère des Affaires étrangères a démenti auprès du MIT Technology Review avoir voulu acquérir le logiciel espion controversé. Le journal Le Monde a une version différente de ce qui se tramait en coulisses. D'après ses sources, la France a été démarchée par NSO et a décidé dès fin 2020 de ne pas faire affaire avec l'entreprise israélienne.
La France est l'un des rares pays européens à ne pas être client de NSO. « Nous avons eu la confirmation que Pegasus est utilisé par des États européens, en judiciaire et même en renseignement pour certains d’entre eux, mais on peut penser que tout ceci s’effectue dans un cadre juridique légal, à l’instar de celui qui existe en France pour les techniques de renseignement ou pour les techniques spéciales d’enquête – contre-ingérence, lutte antiterroriste, protection économique et enquêtes judiciaires en matière de criminalité organisée ou de lutte antiterroriste », a indiqué au Monde une source au sein des services renseignement français.
Depuis l'ébruitement de l'ampleur de l'espionnage mené grâce à Pegasus dans le monde, les autorités françaises restent publiquement discrètes sur le sujet mais enquêtent sur ses implications dans l'Hexagone. Sur plusieurs centaines de téléphones appartenant à des proches du pouvoir qui ont été examinés, deux iPhone présentent des traces de Pegasus, un logiciel « furtif, très difficile à détecter […] qui permet d’accéder à tous les contenus, y compris en temps réel. »
Ces deux iPhone appartiennent à de hauts fonctionnaires travaillant sur des dossiers sensibles de défense, des cibles intéressantes pour les services de renseignement étrangers. Seulement, les enquêteurs n'arrivent pas encore à désigner avec certitude le ou les responsables derrière ces attaques. « C’est une enquête longue. Tous les pays concernés sont confrontés aux mêmes difficultés », fait savoir un membre du renseignement.
Alors qu'iOS 15 semble être un rempart efficace contre Pegasus actuellement, la France cherche à se prémunir contre des attaques similaires menées avec d'autres logiciels espions. Toujours selon Le Monde, les services de renseignement sont en train de dresser la liste des entreprises qui fournissent ce type de programmes.
Apple vient de porter plainte contre NSO pour le tenir « responsable de la surveillance et du ciblage » de ses utilisateurs et a annoncé qu'elle informera ceux-ci lorsqu'ils sont la cible d'une attaque menée par un État. L'entreprise israélienne est maintenant dans la tourmente : fin octobre elle a été placée sur la « liste noire » des États-Unis, ce qui lui met de gros bâtons dans les roues pour commercer avec des entreprises américaines, et ses investisseurs s'inquiètent de la suite des événements.