Une nouvelle loi « anti-Amazon » a été adoptée mercredi soir par les députés. Celle-ci a pour but d'instaurer un tarif minimal de livraisons pour la vente en ligne de livres dans le but de pénaliser Amazon et sa livraison à 0,01 €. Elle fait suite à un premier texte publié en 2014, interdisant à l'entreprise américaine de proposer la remise de 5 % autorisée par la loi Lang en plus de la livraison gratuite. Amazon a depuis contourné le problème en facturant les envois postaux au prix d'un centime symbolique.
La loi vise donc à rétablir une équité entre les libraires et les plateformes en ligne. Selon le Syndicat de la librairie française (SLF), l'envoi postal d'un ouvrage coûte entre 6,50 € et 7 € : ils ne peuvent pas être compétitifs face à Amazon et son énorme réseau. Quand elle sera adoptée, c'est l'Arcep et les ministères de l'Économie et de la Culture qui vont devoir définir un prix minimum pour les livraisons de livres en France. Amazon et la Fnac tablent sur 2 à 3 €, tandis que le SLF avance des tarifs allant de 3 à 5 €. Grandes enseignes et petits libraires seront alors logés à la même enseigne.
Ce texte fait évidemment débat : certains estiment que cela va pousser les Français en librairies et démocratiser le click-n-collect. En face, d'autres craignent qu'Amazon ne trouve une nouvelle pirouette. L'entreprise pourrait par exemple rendre gratuite la livraison pour l'achat d'un autre produit (des marque-pages à 0,01 € ?) et est bien mieux équipée pour livrer en 24 h. Elle gardera donc une longueur d'avance sur les libraires qui livreront pour le même prix, mais plus lentement.
En début d'année, la pandémie avait remis ce long débat sur la table et le gouvernement s'était engagé à prendre en charge les frais postaux des librairies pendant le confinement. Cela n'a pas duré, car l'État ne peut pas pérenniser ce type d'aide sans contrevenir au droit européen. De son côté, la Fnac a expliqué soutenir pleinement cette loi, qui mène vers une « consommation plus responsable et une action en faveur de l’environnement » en limitant les envois postaux.
Source : Le Monde