Comme aux plus belles heures du maccarthysme, l'administration Trump accuse maintenant les plus grandes entreprises américaines de collusion non pas avec les méchants communistes russes, mais chinois. William Barr, le procureur général des États-Unis, l'équivalent de notre garde des Sceaux, a tiré tous azimuts sur Disney, Apple, Google, Microsoft et même sur ce pauvre Yahoo, accusés d'être un peu trop disposés à collaborer avec Pékin.
En substance, l'iPhone ne se vendrait pas en Chine si Apple résistait aux pressions du gouvernement chinois. Disney n'hésiterait pas à censurer ses films pour « apaiser le Parti communiste chinois », a assuré Barr durant un discours dans le musée présidentiel Gerald R. Ford dans le Michigan.
Dans un contexte différent, ces attaques pourraient effectivement porter. Disney dépend de plus en plus de l'argent des producteurs chinois pour ses films. Apple donne trop souvent l'impression de tout céder à la Chine sans faire beaucoup de cas de ses grands idéaux (lire : Apple cède-t-elle à la pression chinoise ?).
Mais il est difficile de prendre au sérieux ces remarques assassines, qui s'inscrivent dans une situation de guerre commerciale et politique délétère entre les deux puissances. En difficulté dans les sondages alors que l'élection présidentielle approche, Donald Trump — dont William Barr est un des affidés les plus zélés — appuie plein gaz sur les attaques anti-chinoises, quitte à franchir régulièrement la ligne rouge du racisme. Cela ne veut pas dire que ce sont des anges en face, bien au contraire, mais la portée de ces discours enflammés ne va guère plus loin que la consolidation d'une base d'électeurs.