Les entrepôts d'Amazon resteront fermés jusqu'au 5 mai, suite à la décision de la cour d'appel qui a confirmé que l'entreprise devait s'en tenir aux produits essentiels (bien que la liste de ces marchandises se soit élargie). Pour pouvoir reprendre une activité normale, la filiale française du géant américain doit s'assurer que ses salariés sont en sécurité au sein de ses centres de distribution (il y en a six en France).
Malgré les mesures mises en place au début de l'épidémie de coronavirus — lingettes désinfectantes, masques, gestes barrière — le syndicat SUD/Solidaires a estimé que leur mise en place avait été désordonnée et sous pression de l'inspection du travail, ce qui a motivé la plainte initiale (lire : Amazon : la décision de la justice française passe mal).
Dans un communiqué, la CGT, la CFDT et les représentants SUD d'Amazon proposent une reprise progressive de l'activité, non sans un petit tacle au passage pour les médias : « Contrairement à ce que vous affirmez partout, les organisations syndicales, quasi unanimes, n'ont d'autre but que protéger la santé des salariés, des intérimaires, des salariés des entreprises extérieures intervenant dans les entrepôts ainsi que par ricochet, les proches de l'ensemble de ces travailleurs ».
Leur proposition, qui doit faire l'objet d'une consultation des instances représentatives, s'articule autour de deux étapes. La première, d'une dizaine de jours maximum, vise à préparer la reprise du travail dans les entrepôts avec des effectifs limités et une organisation du travail « révisée ». La seconde prendrait place deux semaines plus tard après un « retour d'expérience de la direction ». Elle durerait un mois, avant une reprise complète de l'activité.
Si la direction d'Amazon France ne saisissait pas cette opportunité, les syndicats se réservent la possibilité de mener toutes les actions, « y compris judiciaires », pour obtenir le respect des consignes sanitaires qu'ils exigent. Cette proposition intervient au lendemain de l'audition de Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon France, devant la commission des Affaires économiques du Sénat. Concernant l'affaire qui l'occupe en justice, il dit de nouveau que le jugement le laisse « perplexe » : cette décision a « d’énormes conséquences sur les clients, les PME françaises et sur nos employés ».
Selon lui, c'est la manière dont les salariés ont été associés à l'évaluation des risques qui est critiquée : c'est « la forme et non le fond des mesures mises en œuvre » qui serait reprochée à l'entreprise. Les prochains jours seront l'occasion pour la direction de consulter les employés et, peut-être, de trouver un terrain d'entente avec les syndicats.