Alors que le Black Friday bat son plein, des appels à une prise de conscience, voire à un boycott, de cette opération commerciale se font entendre.
D'une part, les mouvements écologistes Extinction Rebellion et Youth for Climate ont organisé un « Block Friday ». Ils appellent à la mobilisation afin « d’occuper de manière festive ou bloquer des "temples" de la consommation dans plus de 25 villes de France », avec pour mot d’ordre « empêcher de faire du profit sur ce qui ne leur appartient pas : le vivant. » Des opérations ont également été menées hier par des militants d’ANV-COP21 et des Amis de la Terre, devant le centre logistique d’Amazon, à Brétigny-sur-Orge (Essonne).
D’autre part, la secrétaire d'État à la Transition Écologique, Brune Poirson, a appelé les Français à « sortir d'une économie mortifère et un peu absurde », en présentant une campagne, baptisée « Nos objets ont plein d’avenirs. » En partenariat avec l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), l’opération vise à favoriser une économie plus circulaire en intégrant des réseaux d’artisans et de lutter ainsi contre le gaspillage et l’accumulation de déchets électroniques souvent non-recyclables.
Au cœur du dispositif, le nouveau site Longue vie aux objets qui comprend conseils, tutos et annuaire de réparateurs à proximité. Une campagne de communication, qui fleurit sur les réseaux sociaux, comme Twitter, appelle à ne pas se laisser tenter par le Black Friday.
❌ Les promos du #BlackFriday ?
— Ministère Écologie ?? (@Min_Ecologie) November 28, 2019
✅ Nous, on préfère les bons plans du #JeudiAntiGaspi !
Exemple avec "les Ateliers du Bocage" qui collectent, reconditionnent et revendent à petits prix de nombreux objets. Une solution efficace pour allonger la durée de vie de nos produits ! pic.twitter.com/RXJVOBSxWo
Le Black Friday est également attaqué sur le plan législatif. La fête commerciale coïncide cette année avec le début de l'examen en commission du projet de loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire. »
Les députés ont donné leur feu vert en commission pour l’ajout d’un amendement visant à interdire les campagnes de promotions du Black Friday. Présenté par la députée Delphine Batho (ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie entre 2012 et 2013), l’amendement vise à « mettre fin aux pratiques commerciales qui contribuent au gaspillage des ressources, glorifient la surconsommation et constituent au final une arnaque par une publicité trompeuse ».
Dites, vous ne seriez pas en train de craquer sur ce smartphone en promo ? ❌#BlackFriday
— Ministère Écologie ?? (@Min_Ecologie) November 29, 2019
? On a mieux : en acheter un d'occasion (mais comme neuf !) ou opter pour la réparation.
Et en plus, c'est près de chez vous ➡ https://t.co/afyB4yLcEG#LongueVieAuxObjets #GreenFriday pic.twitter.com/0jvfLNVoS0
Cependant, cet amendement ne concerne pas le Black Friday de cette année. Il faut encore attendre le vote de la loi anti-gaspillage prévu le 16 décembre et « [ses] mesures devraient commencer à être appliquées en 2021 », a indiqué à l’AFP le cabinet de Brune Poirson.
Allonger la durée de vie des produits en étendant les garanties de ces derniers, limiter les produits en plastique… La future loi anti-gaspi revient aussi sur l’indice de réparabilité, annoncé par le gouvernement en 2018. Sous forme d'une note sur 10, l'indice se veut être un nouveau critère de sélection à l’achat. Il devrait être affiché sur tous les équipements électroniques et électriques.
La Fnac a lancé en 2018 son propre indice de réparabilité des ordinateurs, un indice étendu cette année aux smartphones. Le groupe Fnac-Darty est surtout arrivé à la conclusion que le manque de pièces détachées nuisait aux possibilités de réparation de certains objets.
« Le petit électroménager, qui nécessite souvent le remplacement d’éléments, connaît un fort taux de réparation avec pièces (46 %), mais aussi d’échanges (22 %), en raison de l’indisponibilité des éléments nécessaires. Le baromètre permet ainsi de faire apparaître les meilleurs élèves en matière de disponibilité des pièces détachées », peut-on lire sur le site du Labofnac.