Le communiqué de Free affiche son enthousiasme pour les résultats du premier semestre : croissance du chiffre d'affaires de 1,5% ! Premier opérateur sur la fibre ! Revenu par abonné mobile en hausse ! Un marché italien en feu ! Tout cela est vrai, mais ces bonnes nouvelles ne doivent pas occulter les nuages noirs dans le tableau.
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Dans la case verte, on peut effectivement inscrire le chiffre d'affaires France qui se monte à 2,43 milliards d'euros pour les six premiers mois de l'année (+1,5% par rapport au premier semestre 2018), une performance rendue possible par l'activité mobile (+3,7%) qui compense le repli des abonnés fixe (-1,5%). Le chiffre d'affaires monde s'élève lui à près de 2,5 milliards d'euros, soit 7,9% de mieux.
Sur le fixe, Free s'enorgueillit de la première place des opérateurs alternatifs (en dehors d'Orange donc) avec 11,5 millions de prises fibre raccordables. Le fournisseur d'accès a recruté 322 000 nouveaux abonnés sur le semestre, ce qui en fait le premier recruteur au deuxième trimestre (+172 000 abonnés). Free compte un total de 1,3 million d'abonnés fibre, en hausse de 172 000 au deuxième trimestre par rapport à l'an dernier.
Sur le mobile et les six premiers mois, l'opérateur a accueilli 145 000 abonnés supplémentaires, sur les forfaits 50 Go (8,99 €/mois) et 100 Go (19,99 €). Tant mieux, ce sont ces clients qui rapportent le plus : le revenu par abonné s'est établi à 10,1 euros, soit 12% de plus.
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Au chapitre des nouvelles un peu moins bonnes, le résultat opérationnel (avant l’amortissement, dépréciations et charges liées aux stock-options, le barbare EBITDAal) est en baisse de 7,4%, à 802 millions d'euros. La faute en revient à l'activité italienne qui demande de lourds investissements, tandis que l'activité en France permet d'engranger 16 millions d'euros (+1,8%) de bénéfices supplémentaires.
Si le recrutement sur les forfaits 4G a connu une croissance remarquée, la petite formule « voix » à 2 € continue de subir une hémorragie avec 147 000 clients de moins au deuxième trimestre. En tout, Free Mobile comptait 13,3 millions d'abonnés à la fin du semestre (77 000 de moins sur le trimestre).
Impossible de balayer les inquiétudes sur le fixe. Free accuse une baisse de 15 000 abonnés entre avril et juin, malgré le lancement en décembre dernier des Freebox Delta et One. Sur la fibre, tout va bien, mais cette activité ne représente que 20% du total des abonnés fixe.
Le manque de renouvellement dans l'entrée de gamme se fait sentir : les box Mini 4K et Revolution accusent leur âge (lire : Free : une nouvelle « petite » Freebox d'ici la fin de l'année). Et la concurrence est affûtée sur l'accès à internet. Free relève néanmoins une amélioration de la tendance sur le chiffre d'affaires dans le fixe, en baisse de 1,5% sur le trimestre, grâce notamment à « la fin de la dépendance aux offres très promotionnelles ».
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Durant la conférence des résultats du trimestre, Xavier Niel a lâché tout ce qu'il avait sur le cœur à l'endroit de la procédure d'attribution de la 5G. L'Arcep a pris cher : « Cette procédure d’enchères est une tentative de mise à mort », « elle est mise en œuvre pour nous détruire », « le marché des télécoms pourrait passer de quatre à deux »…
Le patron de Free redoute une « asymétrie » entre d'un côté Orange et SFR avec des moyens suffisants pour enchérir et décrocher le gros des fréquences ; de l'autre, Bouygues Telecom et Free qui pourraient se contenter des miettes. Free n'est d'ailleurs pas seul dans ce combat, Bouygues aussi ayant fait part de ses réserves (lire : L'Arcep dévoile son cahier des charges de la 5G).