On en sait un petit peu plus sur le programme de conduite autonome d’Uber qui a été brutalement interrompu par un accident fatal survenu l’an dernier. L’entreprise de VTC reste plutôt discrète sur le sujet depuis cet incident et même si les essais ont repris quelques mois après, c’était en mode manuel exclusivement. Il faut dire qu’Uber a joué avec le feu en faisant rouler des véhicules techniquement pas à la hauteur et en embauchant des conducteurs mal formés pour les contrôler.
Uber préférerait rester discret sur le sujet, d’autant que la firme doit entrer en bourse dans les prochains mois. Mais un document écrit dans le cadre de son procès avec Waymo — l’initiative de Google sur la conduite autonome — a été rendu public par la justice américaine. Il décrit la naissance du projet « Rubicon » au sein d’Uber : en 2016, l’entreprise spécialisée dans les VTC se lance dans la conduite autonome.
Travis Kalanick, créateur et CEO d’Uber, juge alors que la conduite autonome est « existentielle » pour le futur de l’entreprise. À cette époque, d’autres acteurs sont déjà bien avancés dans le domaine, notamment Google qui a lancé son programme de recherche en 2009 et Uber veut rattraper son retard. À cette fin, le projet devient une priorité absolue et la firme dépense sans compter.
Le document dévoile qu’Uber était prêt à payer plus de 20 millions de dollars par mois. La firme a aussi payé 200 millions de dollars pour acheter Otto, une start-up constituée d’anciens de Waymo qui travaillait aussi sur le sujet. Uber espérait rattraper ainsi son retard, mais le document publié aujourd’hui prouve que cela n’a pas été le cas. Au contraire même, l’acquisition a ralenti les avancées du projet, notamment parce qu’il a fallu gérer les nouveaux employés et cela s’est manifestement mal passé.
Malgré cela, Uber lance son programme de conduite autonome sur les routes dès le mois de mai 2016. Le document publié aujourd’hui révèle que les ambitions de l’entreprise étaient énormes, pour ne pas dire folles. En janvier 2016, la firme estimait que l’initiative serait rentable dès 2018. En mai, un rapport interne imaginait qu’Uber ferait rouler 13 000 voitures autonomes sans chauffeur en 2019. Quatre mois plus tard, un autre rapport donnait une estimation de 75 000 véhicules sur les routes et autre document évoque un service opérationnel dans 13 villes en 2022.
Des témoignages des dirigeants de l’époque montrent que ces estimations étaient purement spéculatives. L’accident mortel de l’an dernier a prouvé à quel point elles étaient éloignées de la réalité. Malgré tous ses efforts et tous les moyens mis en place, Uber n’a pas de programme de conduite autonome fiable et les taxis sans chauffeur ne sont pas prêts de rouler.
Au dernier trimestre de 2018, Uber a signalé des pertes à hauteur de 865 millions de dollars. En dix ans d’existence, l’entreprise californienne n’a jamais été rentable.
Source : TechCrunch