Foxconn va revoir en profondeur la nature de ses projets dans le Wisconsin. Le géant industriel chinois, qui assemble une bonne partie des produits d’Apple, avait l’intention de créer une ligne de production d’écrans LCD pour téléviseurs : un investissement de 10 milliards de dollars, avec à la clé la création de 13 000 postes.
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Finalement, Foxconn abandonne l’idée de fabriquer des écrans LCD en terre américaine : l’entreprise s’est rendue compte que cette production n’avait aucun sens économique aux États-Unis, où le coût du travail est bien plus élevé qu’en Asie (lire aussi : Une vis responsable du retard du Mac Pro 2013 et symbole de la complexité du made in USA). Les marges des constructeurs de téléviseurs sont très faibles et il faut pressurer chaque maillon de la chaîne pour gagner un peu d’argent.
À la place, le groupe continue « d’évaluer ses options », a expliqué à Reuters Louis Woo, le bras droit de Terry Gou, le patron de Foxconn. L’idée est désormais de bâtir un « centre technologique » dans le Wisconsin, de la R&D donc, avec un peu d’assemblage et de la production spécialisée pour le secteur de la santé et pour des applications professionnelles.
On est loin de l’annonce tonitruante faite en juillet 2017 par Terry Gou, pour l’occasion invité à la Maison Blanche par Donald Trump. Car l’affaire est tout autant industrielle que politique. La nature de ces emplois est bien différente : on passe d’ouvriers spécialisés pour des chaînes de montage1 à des ingénieurs, dont les salaires sont autrement plus élevés. Il y a aussi un aspect sensible : les réductions de taxes et d’impôts dont devait bénéficier Foxconn.
Pour s’établir dans cet État américain, le groupe est censé recevoir une carotte fiscale d’un montant pouvant aller jusqu’à 4 milliards de dollars. Le « deal » est cependant assujetti à des objectifs d’embauches et d’investissements ; or, l’entreprise est encore loin du compte. Foxconn avait promis la création de 5 200 postes d’ici 2020, mais dans les faits on sera sans doute plus proche des 1 000 emplois.
La première cible est déjà ratée : Foxconn n’a embauché que 178 équivalents temps plein en 2018, au lieu des 260 promis. Terry Gou doit d’ailleurs rencontrer le nouveau gouverneur du Wisconsin, qui a beaucoup critiqué l’initiative de son prédécesseur à l’origine du cadeau fiscal offert à Foxconn.
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Des « cols bleus » qui sont, au passage, la « clientèle » électorale que visait Donald Trump à travers l’annonce de la création de cette usine. ↩︎