Le retournement de situation est spectaculaire. Free, qui fournissait encore au début de l’année un accès médiocre à Netflix, inclut maintenant le service vidéo dans ses nouvelles Freebox.
« On n’a pas été complètement d’accord [avec Netflix] à un moment, il y a eu une petite différence », minimise Xavier Niel dans une interview à 01netTV. C’est peu de le dire. Non seulement les clients de Free ont eu une qualité d’image exécrable pendant plusieurs mois, mais en plus le FAI avait attaqué en justice Netflix concernant son indice de performances peu flatteur à son égard.
Mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne. « Depuis l’été dernier, on est devenu les meilleurs amis du monde [avec Netflix] », affirme Xavier Niel. À l’entendre, d’opérateur à fuir, Free est devenu l’opérateur à choisir si vous voulez regarder confortablement Netflix :
On a créé une interconnexion colossale avec Netflix. C’est plusieurs Terabits par seconde de connexion avec eux. Je pense qu’il n’y a personne en Europe qui a ce niveau de taille de tuyaux avec Netflix.
Cette mesure ne pouvait-elle pas être prise plus rapidement ? « C’est toujours le truc d’être un peu retard. On est un peu en retard, mais au bout on met des connexions tellement colossales qu’on devient en avance. », justifie-t-il. L’interconnexion aura effectivement besoin d’être « colossale », car Free va avoir potentiellement des centaines de milliers d’utilisateurs de Netflix supplémentaires sur son réseau.
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Des utilisateurs qui devront toutefois se contenter par défaut d’une image en SD, car l’abonnement Netflix inclus dans les offres Freebox One et Delta est celui de base à 7,99 €. Intégrer un forfait plus complet aurait impliqué d’augmenter la facture de 4 ou 5 € pour tout le monde, explique le fondateur de Free. Dans le cas présent, ceux qui voudront profiter du service en HD ou en 4K et sur plusieurs écrans en même temps devront ajouter 3 ou 6 €/mois de leur côté.
Xavier Niel assure par ailleurs que des nouveautés attendent les possesseurs des nouvelles Freebox dans les semaines et les mois venir : « Un certain nombre de partenariats importants, disruptifs, qu’on aurait adoré annoncer aujourd’hui ne sont pas prêts. On avance sur la durée pour le faire. »
Il évoque une annonce de « players qui permettent de regarder la télé » même sans l’abonnement Free. Car c’est là l’un des gros changements, l’une des disruptions pour reprendre le vocabulaire de Xavier Niel, de la Freebox Delta : les clients ne louent pas le Player Free Devialet, ils l’achètent (480 €).
On peut partir à tout moment chez un autre FAI (l’offre Freebox Delta est sans engagement) tout en gardant la grosse box multimédia, qui sert alors toujours d’enceinte connectée, d’assistant vocal, de chargeur à induction… Pour l’instant, l’acquisition du Player Free Devialet passe obligatoirement par la souscription d’un forfait Freebox Delta, ne serait-ce qu’un mois, mais cela pourra évoluer avec le temps, indique Xavier Niel.
Interrogé sur la perte de clients au cours des derniers trimestres, qui a entraîné une dégringolade de l’action en bourse, le patron réplique « les abonnés qu’on a perdus étaient des abonnés plutôt à faible valeur. Notre chiffre d’affaires continue de croître, notre marge continue de croître. »
Et d’assurer que les abonnés historiques ne sont pas partis. « La Freebox Delta, c’est la Freebox des gens qui étaient là au début de Free et qui sont toujours là aujourd’hui. […] C’est créé par des geeks pour des geeks. » Il cite la connexion 10 Gigabits, l’agrégation ADSL + 4G, les haut-parleurs… « C’est pas dans le cloud qu’on va mettre le son Devialet. C’est un truc bien physique. Ce hardware là, on ne sait pas le faire disparaître. »
En parlant son, Xavier Niel a répondu de façon évasive à Ouatch.tv sur la compatibilité du Player Free Devialet avec AirPlay :
On a AirMedia. On appelle ça AirMedia, mais je crois que ça correspond à AirPlay, qui est en général porté dans nos Freebox, donc je pense que ça y est aussi.
Quant à une éventuelle consolidation des opérateurs télécoms, un sujet récemment remis sur la table par plusieurs dirigeants, le trublion déclare que les discussions « ne s’arrêtent jamais ». Est-ce que Free pourrait s’associer à un autre opérateur ? Réponse de l’intéressé :
Tous les matins quand je me lève et que je viens ici pour faire ce qu’on y fait, franchement, j’ai pas envie de changer, j’ai pas envie de me retrouver dans un bordel dans lequel on ne crée plus de nouveaux produits.