Quitte à laisser passer huit ans entre deux générations de box, Free a tenu à frapper un grand coup. « Inventeur du triple play », comme Xavier Niel se plait à le rappeler, le trublion des télécoms s’est aujourd’hui lancé dans le quadruple play en investissant le marché de la domotique, voire le quintuple play en prenant la place d’un assistant domestique. Et même un sextuple play, beaucoup plus littéral, en intégrant dans son Player un système sonore conçu par Devialet.
La forme triangulaire imaginée par le designer anglais Jasper Morrison n’est pas seulement originale — elle est aussi fonctionnelle. Chacun des trois angles arrondis accueille un haut-parleur de graves, « gros comme un poing », nous a expliqué Franck Lebouchard, CEO de Devialet. Ils agissent comme l’un contre l’autre, dos à dos, pour contenir leurs vibrations respectives. Chacun des trois côtés accueille un haut-parleur à large bande, un pointé vers l’auditeur et deux vers les murs, le système jouant avec les murs pour élargir la scène sonore.
Free nous a permis d’écouter le Player pendant quelques minutes, dans une salle aussi handicapante, avec un son plafond très haut, qu’avantageuse, avec ses rideaux absorbant les ondes sonores. Au menu, quelques morceaux choisis, dont le sempiternel « Hotel California », et un extrait du film Ready Player One. Nous nous ferons un avis définitif dans le confort de notre rédaction, avec nos outils de mesure et notre playlist habituelle, aussi prenez ces premières notes d’écoute avec toutes les précautions d’usage.
Devialet oblige, les basses sont étonnamment profondes pour un système aussi compact, mais sont plus mélodiques que percussives. Le médium nous a semblé légèrement en retrait, du moins face aux aigus quelque peu agressifs dans les extraits choisis par Free, mais cela tient peut-être à l’acoustique difficile de la salle. Disons que le son semble aussi solide que le Player lui-même, qui ne s’accommodera pas d’un meuble TV étroit. Le système de Devialet soutient la comparaison avec les enceintes de Sonos et d’Apple.
Le fabricant français s’enorgueillit d’avoir développé « une technologie de spatialisation unique », nommée SPACE, et « une technologie brevetée [permettant] au son de s’adapter dynamiquement au contenu joué », baptisée AVL. Sans parvenir à faire oublier que le son provient d’un appareil aux dimensions restreintes, ces technologies offrent une certaine sensation d’ampleur. On ne dira pas — comme le fait Free — que le Player « est l’équivalent d’un home cinéma 5.1 très haut de gamme ». Mais il va sans doute pousser quelques barres de son vers le grenier.
Le Player Free Devialet intègre Spotify et Qobuz, ainsi que YouTube, considéré par Free comme une plateforme de streaming musical. Il possède une puce Bluetooth 4.1, une entrée S/PDIF et une prise HDMI 2.1 avec prise en charge du protocole e-ARC, mais pas d’entrée analogique. S’il comporte une puce Wi-Fi 802.11ac 2x2 MU-MIMO, ni Free ni Devialet n’ont prononcé le mot « AirPlay », alors que l’un comme l’autre soutiennent le protocole de diffusion sans-fil d’Apple.
À 480 €, qu’il est possible d’étaler sur 48 mensualités avec son abonnement Freebox, le nouveau Player montre les ambitions de Free. Xavier Niel assume vouloir viser le « très haut de gamme » et chercher à se distinguer des autres fournisseurs d’accès à internet. Plus encore que la Freebox Revolution, la Freebox Delta a été conçue pour sortir du placard technique, et trôner au milieu du salon. Free compte bien devenir un acteur de votre vie numérique, au même titre que les géants américains.