Tesla, le premier constructeur automobile spécialisé dans l’électrique, a publié ses résultats financiers pour le quatrième trimestre de 2017 et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas bons. Ses revenus de 3,29 milliards n’ont jamais été aussi hauts, mais la firme a perdu 771 millions de dollars sur la même période… ce qui est aussi un record.
La cause de ces pertes est essentiellement à chercher du côté du retard de la Model 3, la première voiture de masse conçue par le constructeur. Alors que Tesla avait prévu d’en produire 20 000 rien que sur le mois de décembre 2017, il en a finalement construit 2 685 en 2017. En tout, 1 550 modèles ont été livrés à des clients sur l’année 2017, ce qui est peu, très peu.
Le constructeur s’est voulu toutefois rassurant, promettant une augmentation de la cadence dans les prochaines semaines. Tesla ambitionne de produire 2 500 véhicules par semaine à la fin du mois de mars, et 5 000 Model 3 chaque semaine à la fin du mois de juin. Ce ne sont plus des promesses aussi précises et fermes qu’auparavant, toutefois : on sent que l’entreprise a appris de ses erreurs et la lettre diffusée aux actionnaires est pleine de mises en garde et d’échappatoires. La seule bonne nouvelle dans l’affaire, c’est que le nombre de réservations de Model 3 continue d’augmenter, preuve que le grand public a toujours confiance.
Parmi les promesses ratées d’Elon Musk, il y avait aussi la conduite autonome. Le fondateur de Tesla promettait une démonstration à la fin de l’année, avec une traversée des États-Unis totalement autonome à bord d’une Model 3. D’aucuns pensaient que l’idée avait été totalement abandonnée, mais ce n’est pas le cas et le patron a reconnu le retard, attribué aux problèmes de production du véhicule qui ont changé les priorités de l’entreprise. Il a ajouté que la promesse initiale aurait pu être tenue en trichant, mais qu’il avait préféré repousser la démonstration en utilisant une voiture de série, et non un modèle amélioré artificiellement.
C’est très honorable, mais quand est-ce que l’on aura cette démonstration ? Elon Musk a évoqué un test dans les trois à six mois à venir, en tout cas avant la fin de l’année. C’est une nouvelle promesse, reste à savoir si elle sera tenue, cette fois.
Parmi les autres promesses lancées par le fondateur de Tesla, le Model Y devrait être présenté dans les six prochains mois. Ce nouveau modèle serait d’ailleurs basé sur une nouvelle plate-forme, au lieu de reprendre celle de la Model 3 comme c’était prévu auparavant. On ne sait pas exactement ce que cela veut dire, mais le constructeur envisage une commercialisation entre la fin de 2019 et 2020, même si on en aura un aperçu dès cette année. Pour rappel, ce quatrième modèle sera un petit SUV, il sera au Model 3 ce que le Model X est au Model S en quelque sorte.
Le plan est d’apprendre des erreurs de la Model 3 pour éviter le chaos actuel et augmenter encore considérablement la capacité de production de l’entreprise. À terme, Tesla entend produire un million de véhicules par an (dont 500 000 Model 3), ce qui laisse probablement entendre qu’une nouvelle usine de production ouvrira aux États-Unis. Ce changement de plateforme signale probablement une simplification de la fabrication, sachant qu’Elon Musk avait déjà évoqué la possibilité de revoir l’alimentation de base du véhicule, qui passe aujourd'hui par une batterie 12 V traditionnelle.
Pour finir, Elon Musk s’est exprimé à nouveau sur son choix d’abandonner le LIDAR en faveur de caméras plus traditionnelles. C’est en effet la différence entre Tesla et tous les autres constructeurs de voitures autonomes, il n’y a pas de laser sur les Model S, X et 3. Ce capteur est plus simple à utiliser aujourd'hui, mais la voie choisie par Tesla est plus complexe, mais plus intéressante à long terme d’après le CEO qui n’a pas manqué de tacler ses concurrents en passant.
Tout en reconnaissant qu’il pourrait « avoir tort » et « passer pour un imbécile », ce qui ne rassurera peut-être pas complètement. Dans le même genre d’idée, le constructeur a parié sur un équipement informatique relativement léger pour offrir une conduite autonome totale, mais un plan de secours est prévu si cela ne fonctionne pas. Une mise à jour matérielle avec un processeur plus puissant que le constructeur a promis d’installer gratuitement dans toutes les voitures commercialisées depuis l’automne 2016, s’il échouait à atteindre son objectif en l’état.
On imagine que les investisseurs ne seraient pas très heureux si cela devait arriver… Elon Musk a toutefois tenu à les rassurer sur ce point pendant la présentation des résultats : il reste confiant que cet objectif pourra être atteint. Là encore, c’est une promesse, il faudra vérifier dans quelques mois ou années si elle est tenue.