Les conséquences de Meltdown sont diverses et variées. Fidèle au calendrier qu’il s’était fixé, le géant des semi-conducteurs n’a pas tardé à déployer des correctifs. Si dans le cadre d’une utilisation courante sur Mac, les premiers correctifs mis à disposition des utilisateurs ont relativement peu d’impacts sur les performances, sur les serveurs, le diagnostic est bien différent.
Ce graphique publié par Mike Newswanger l’illustre parfaitement. L’ingénieur a commencé à évaluer l’impact en matière de performances sur les premiers serveurs de Stack Overflow dotés du correctif.
Les deux courbes montrent la charge processeur : en orange la charge du processeur avant le patch, en vert celle après la mise à jour. La différence se voit à l’oeil nu. À nombre de requêtes identiques, le CPU voit sa charge de travail augmenter de 65 % en moyenne. Pire encore, on constate des pics dans certains cas pouvant atteindre 275 % ! Les tests en question ont été menés sur des serveurs Dell équipés de processeur Xeon E5 2690 v3 (double socket, chacun dispose de 12 core).
Bien entendu, il s’agit d’un cas particulier, mais ce n’est certainement pas un cas isolé. Les programmes pour serveurs sont souvent conçus pour exploiter au maximum les caractéristiques des processeurs. Microsoft pour sa part a d’ailleurs reconnu que Meltdown et Spectre auront un impact non négligeable sur les performances de Windows Server. Red Hat a tenu de son côté un discours assez similaire. LeMagIT publie plusieurs témoignages liés à cette problématique. Nos confrères citent le cas d’EPIC dont les serveurs au cœur de leurs plates-formes de jeu en ligne, consomment 20 à 30 % en plus depuis la mise en place des correctifs. Pour ne rien arranger, certains notent que tout cela conduit également à une augmentation de l’instabilité des serveurs.
Alors maintenant, il faut imaginer des centaines de millions de processeurs qui quasiment du jour au lendemain, vont commencer à chauffer plus, à tourner plus vite et à consommer davantage pour accomplir les mêmes tâches qu’hier. Dans certains cas, il faudra même acheter des serveurs supplémentaires pour accomplir la même besogne. La note d’électricité des data-center va très vite s’en ressentir. Et en termes de conséquence écologique, même si cela est encore très difficile à chiffrer pour le moment, cette faille aura un coût important. Certains se « rassureront » en se disant que cela reste relativement peu de choses comparées aux cryptomonnaies, qui sont très critiquées sur cet aspect-là. Le mining consommerait actuellement l’équivalent de la production de quatre centrales nucléaires. On se rassure comme on peut…