Une fois encore, Catcher est pris la main dans le sac à enfreindre bon nombre des principes établis par Apple sur la responsabilité des fournisseurs. L'entreprise taïwanaise fournit au constructeur de Cupertino une bonne partie des châssis de ses appareils. Elle se retrouve une nouvelle fois au cœur d'accusations de l'ONG China Labor Watch (CLW) sur les conditions de travail de ses ouvriers.
Bloomberg dresse un catalogue éloquent des pratiques délictueuses qui ont cours dans le complexe industriel de Suqian. Les travailleurs des chaînes de production, dont les salaires débutent à 2 $ de l'heure, ne peuvent pas toujours se protéger les yeux et les oreilles en raison de l'absence ou du manque de lunettes et de casques. Les superviseurs ne fournissent des masques de qualité qu'en cas d'inspection, et il arrive que les ouvriers soient obligés d'acheter des gants de cuisine pour se protéger les mains.
Dans les ateliers, l'odeur est difficile à soutenir, même avec des filtres à air censés nettoyer les vapeurs provenant des machines de découpe. Les dortoirs, jonchés de débris, sont dépourvus de douches ou d'eau chaude. Lors d'une visite en janvier, les journalistes de Bloomberg ont pu constater la température glaciale.
CLW rapporte également que les salaires ne sont pas versés le jour même du départ des travailleurs démissionnaires. Les agences qui rabattent des ouvriers pour le compte de Catcher refusent parfois de les laisser partir. Des témoignages reçus par Bloomberg font état d'un manque de formation (4 heures au lieu des 24 réglementaires) concernant les problématiques de sécurité et de manipulation des matériaux.
Petite consolation si on peut dire, CLW n'est pas tombé sur des travailleurs mineurs. Pendant trois mois, China Labor Watch a infiltré des enquêteurs dans l'usine et procédé à une cinquantaine d'entretiens avec des salariés. L'ONG a recensé 14 infractions du code de responsabilité d'Apple concernant les horaires de travail, la pollution, la santé et la sécurité.
Une porte-parole d'Apple a déclaré : « Nous savons que notre travail n'est jamais terminé et nous enquêtons sur chacune des allégations qui nous sont rapportées. Nous demeurons engagés pour protéger les travailleurs de notre chaîne d'assemblage ».
Concernant ce dossier spécifique, le constructeur précise avoir ses propres employés au sein de Catcher ; une équipe supplémentaire a réalisé un audit suite au rapport de CLW, sans trouver de preuves concernant les infractions relevées par l'association.
Catcher est, malheureusement, un « habitué » des infractions au code du travail. À plusieurs reprises ces dernières années, le fournisseur a été mis en accusation, comme en septembre 2014 par exemple. Cette nouvelle affaire arrive alors qu'en décembre, c'était Foxconn qui faisait travailler plus que de raison des stagiaires sur les lignes de production de l'iPhone X.