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Solaris, le système d’exploitation créé par Sun, s’éclipse

Anthony Nelzin-Santos

vendredi 08 septembre 2017 à 23:15 • 55

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L’abandon de Solaris sera-t-il la principale annonce de la prochaine OpenWorld, la grande conférence annuelle d’Oracle, qui se tiendra du 1er au 5 octobre à San Francisco ? Ce ne serait pas une surprise : même si Oracle refuse encore de le confirmer, il ne fait aucun doute que les équipes issues de l’acquisition de Sun ont été liquidées. Outre le système d’exploitation, l’architecture SPARC et les serveurs ZFS seraient de facto abandonnés.

Solaris 11. Image Oracle.
Solaris 11. Image Oracle.

Le secret a été éventé par un tweet de Simon Phipps, qui avait dirigé la « libération » du code de Solaris au milieu des années 2000, et quitté Sun au moment de son acquisition par Oracle. Au début du mois, Oracle a licencié l’essentiel de l’équipe en charge du développement du système d’exploitation Unix créé par Sun, juste avant le long week-end du Labor Day. Environ 2 500 salariés ont ainsi été remerciés aux États-Unis et en Inde, une information que la firme de Larry Ellison refuse de confirmer, mais qui ne fait aucun doute.

De nombreux salariés actuels et passés s’en sont émus sur les réseaux sociaux, et même sur un site spécialisé dans le suivi des licenciements collectifs. Cette nouvelle vague porte à 7 000 le nombre de licenciements cette année, Oracle ayant licencié près de 18 000 personnes depuis 2016. La liste des bureaux touchés laisse à penser que Solaris et l’architecture SPARC sont désormais abandonnés, comme le développement de nouvelles solutions de stockage autour du système de fichiers ZFS.

Au début de l’année, Oracle avait supprimé toute mention de Solaris 12 de son site, se contentant d’annoncer une future révision de Solaris 11, dont la dernière mise à jour stable remonte à près de deux ans. Solaris est né de la fusion des idées des principaux systèmes Unix des années 1980, dont le SunOS de Sun Microsystems et le Xenix de Microsoft et AT&T. S’il n’a jamais connu un succès commercial à la hauteur des ambitions de Sun, qui avait imaginé acheter Apple en 1996, il a eu une influence considérable.

Sun a largement contribué à défricher le champ des architectures parallèles avec les processeurs SPARC, a inventé des paradigmes d’interface en trois dimensions avec le projet Looking Glass, a amélioré la détection de problèmes en temps réel avec dTrace, et catalysé le développement de nouveaux systèmes de fichiers avec ZFS. Toutes ces technologies ont été inventées pour servir Solaris, mais le triomphe technique n’a eu d’égal que le marasme commercial, qui a culminé avec l’acquisition de Sun par Oracle.

Oracle a rapidement mis fin au projet OpenSolaris, mis sur pied en 2005 pour « libérer » progressivement le code de Solaris, provoquant une cascade de forks, d’Illumos à OpenIndiana en passant par SmartOS (désormais propriété de… Samsung). Pire : au moment même où l’industrie se tournait vers le cloud, Oracle a annulé le projet Sun Cloud, et supprimé toutes les fonctions liées dans Solaris. Brusquée, l’équipe issue de Sun s’est refermée sur elle-même, formant une société dans la société et contribuant au pourrissement de la situation.

À partir du système Solaris et de l’architecture SPARC, Oracle aurait voulu combiner logiciel et matériel pour mieux concurrencer IBM… qui a finalement abandonné le matériel. Le cloud d’Oracle repose sur du matériel maison, et la firme de Larry Ellison ne compte pas tout à fait abandonner sa gamme de serveurs très haut de gamme, mais l’« aventure Sun » touche clairement à sa fin. Signe des temps : quelques jours avant de licencier l’équipe Solaris, Oracle a annoncé vouloir embaucher 5 000 « ingénieurs, consultants et personnels d’assistance » pour son offre de cloud.

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