Que font une cinquantaine d'anciens employés d'Apple lorsqu'ils se retrouvent dans une startup ? Certains ont créé un thermostat (Nest), d'autres ont conçu RearVision, un accessoire pour la voiture.
Le New York Times a tiré le portrait de la startup Pearl Automation créée en 2014 par trois anciens d'Apple, Bryson Gardner, Joseph Fisher et Brian Sander. Chacun a participé au développement de plusieurs générations d'iPhone et d'iPod.
RearVision prend la forme d'un cadre d'aluminium doté de deux caméras (et d'un petit panneau solaire pour alimenter une batterie intégrée), que l'on fixe autour de sa plaque d'immatriculation arrière. Cet accessoire communique par une liaison Wi-Fi avec un module branché sur la prise OBD à l'intérieur de la voiture. Une liaison Bluetooth transmet ensuite le flux vidéo à une app sur l'iPhone et détecte la présence d'obstacles fixes ou mobiles. À partir de 2018, toutes les voitures vendues aux États-Unis devront être équipées d'un système de vidéo arrière, mais cela laisse des opportunités pour les millions de voitures qui n'en ont pas été équipées en standard.
Sur les quelques 80 personnes que compte Pearl Automation, plus d'une cinquantaine ont travaillé à un moment ou un autre chez Apple. Moins que le produit en lui-même, qui est sorti en septembre, l'article s'intéresse surtout à ce que les co-fondateurs de Pearl Automation ont gardé des méthodes de fonctionnement de leur ancien employeur et ce qu'ils ont laissé de côté.
Le goût pour les bons et beaux produits a été conservé mais la rétention des informations au seul bénéfice d'une poignée d'individus a été assouplie. Les orientations, les décisions, les comptes même de la société sont discutés avec tout le monde, là où les grands choix, chez Apple, sont le fait de quelques haut gradés.
Il est vrai aussi qu'Apple a un peu plus de 110 000 employés… mais ce processus décisionnel très pyramidal et centralisé pouvait devenir source de frustration au bout d'un moment. Matt Rogers, ancien de l'équipe iPod, co-fondateur de Nest et membre du conseil d'administration de Pearl Automation, explique :
C'était un endroit extraordinaire pour travailler : une croissance qui est allée à toute vitesse, de super produits, beaucoup d'innovation. Mais chez Apple c'est très « comment allons-nous sortir le prochain iPhone pour Noël ? »
Eswar Priyadarshan, resté quatre ans chez Apple après l'acquisition de sa société Quattro Wireless (qui devint la régie pub iAd), fait une analogie avec une autre forme de communauté « Les moines soldats ne parlent pas et font ce qu'on leur dit de faire ». Quitte à ce que cela se traduise par une politique où l'on n'ose pas prendre trop de risques.
Cependant, les responsables d'Apple l'ont souvent dit, que ce soit Jobs ou Cook : pour un seul "oui" il y a eu des dizaines et des dizaines de "non". Apple se lance sur de nouveaux marchés (et c'est rare) lorsqu'elle a le sentiment que son offre peut apporter une valeur ajoutée à ce qui existe déjà. C'est une politique connue et surtout assumée.
Pearl Automation a néanmoins repris quelques méthodes d'Apple, comme celle de diviser un gros projet en petites tâches confiées à de petites équipes où chaque membre se voit confier la responsabilité de résoudre un problème particulier. Simplement, contrairement à Apple, les informations circulent à tous les niveaux de cette PME, elles ne sont plus autant compartimentées.
Quant à la réaction d'Apple face à cet exode d'employés, apparement elle n'en a pas tenu rigueur aux responsables de Pearl Automation. Un porte-parole d'Apple a déclaré « Pearl Auto est un très bon exemple de la créativité et de l'innovation qui font avancer l'écosystème iPhone » (RearVision marche aussi sur Android toutefois).