Orange n’a pas l’intention de se faire dicter le rythme de déploiement de sa fibre par l’Arcep. Le régulateur a frappé un grand coup en début de semaine, avec un rapport qui reproche à l’opérateur historique d’aller trop vite dans l’installation de la fibre, laissant derrière lui des concurrents qui ne peuvent pas suivre (lire : L'Arcep s'attaque à la fibre d'Orange).
En se rangeant derrière les trois opérateurs qui n’ont pas su s’investir autant qu’Orange, la logique du gendarme des télécoms est effectivement un peu dure à suivre. L’entreprise de Stéphane Richard ne manque pas de pointer la contradiction entre les exigences de l’Arcep et des orientations européennes qui demandent aux États d’assouplir les règles obligeant d’ouvrir à la concurrence des réseaux mis en place à grands frais par les opérateurs.
L’Union européenne entend pousser les opérateurs à investir dans le déploiement de leurs propres réseaux et éviter d’éventuels « effets d’aubaine », c’est-à-dire un opérateur qui profiterait des investissements des autres pour se créer un réseau à peu de frais. « Je ne vois pas très bien comment on peut se mettre autant en contradiction avec des orientations européennes claires, d'autant plus si on prône une harmonisation hors la loi », explique Pierre Louette, directeur général d’Orange, aux Échos.
Louette estime que le raisonnement de l'Arcep peut paraître « étrange » : « Il fait le constat d'un retard dans le déploiement du très haut débit en France et incite les opérateurs à investir davantage. Nous partageons ce point de vue. En revanche, nous ne comprenons pas pourquoi, parce que cela ne va pas assez vite, il faut freiner celui qui est le plus rapide ». Il rappelle le cas espagnol, où le cadre réglementaire est plus stable et plus souple qu’en France : « Le déploiement de la fibre y est bien plus rapide et Orange y compte déjà plus d'abonnés FTTH qu'en France ».
Orange compte bien poursuivre ses investissements dans le déploiement de la fibre, quitte à laisser la concurrence sur le bas côté. « Si certains concurrents sont en retard, si des erreurs ont été commises, ce n'est pas à nous de les payer. Laissez-nous déployer en paix ! ».