« En s’attaquant au chiffrement contre le terrorisme, on se trompe de cible », déclarent la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et le Conseil national du numérique (CNNum) dans une tribune publiée dans Le Monde.
Alors que le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, va rencontrer aujourd'hui son homologue allemand pour lancer une initiative contre les messageries chiffrées à l’international, la CNIL et le CNNum rappellent que le chiffrement « protège des milliards d’individus contre des cybermenaces ».
Si les deux organisations reconnaissent que « la situation sécuritaire [de la France] est critique » et que « comme tout objet technique, le chiffrement est tout à la fois remède ou poison selon qu’il tombe entre de bonnes ou de mauvaises mains », elles mettent en garde contre l'instauration de portes dérobées :
Les spécialistes, à commencer par ceux de l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI), sont unanimes : il est techniquement impossible de s’assurer que de tels accès ne soient disponibles qu’au profit des personnes autorisées. [...] De plus, il y a fort à parier que de telles mesures auraient une efficacité toute relative sur l’infime minorité d’utilisateurs ciblés.
Les auteurs de la tribune, qui estiment que le chiffrement peut compliquer une enquête mais « n'est pas un obstacle insurmontable », en appellent à un renforcement des règles de coopération judiciaire avec les fournisseurs de produits et de services sécurisés, « en particulier les mutual legal assistance treaty (MLAT) – accords bilatéraux entre États qui permettent l’échange d’informations et de données lors d’enquêtes en cours – afin de réduire ces délais de transmission. »
À la suite des attentats du 13 novembre, comme d'autres entreprises, Apple s'est dite « disposée à communiquer aux enquêteurs français dans le cadre d’une urgence vitale avérée ou d’une menace terroriste le contenu d’un iPhone sauvegardé dans le nuage. »