Ouvrir le menu principal

MacGeneration

Recherche

Tesla : les nouveaux commandements d'Elon Musk

Nicolas Furno

jeudi 21 juillet 2016 à 11:30 • 65

Mobilités

En 2006, Elon Musk établissait le « Master Plan » de Tesla. Le constructeur automobile avait été fondé trois ans plus tôt, mais à l’époque, il n’avait encore rien sorti sous sa marque. Il n’y avait pas encore de voiture Tesla et pourtant son charismatique cofondateur établissait un plan en trois temps :

  • Créer une voiture de sport ;
  • utiliser l’argent gagné grâce à cette voiture pour en créer une moins chère ;
  • utiliser l’argent gagné avec cette deuxième voiture pour créer un troisième modèle encore moins cher.
Le Roadster, premier véhicule à porter le sigle Tesla.
Le Roadster, premier véhicule à porter le sigle Tesla.

Tesla Motors a suivi ce plan tout au long des dix dernières années, tout en essayant de fournir une source d’énergie propre grâce à l’énergie solaire. Tout d’abord en 2008 avec le Roadster, une voiture de sport électrique conçue avec Lotus et vendue plus de 100 000 $. Un véhicule cher et exclusif, puisque le constructeur en a écoulé à peine plus de 2350 unités pendant toute sa carrière, qui s’est terminée en 2012.

L’argent collecté par ces ventes a servi à lancer en 2012 la Model S, la première voiture vraiment conçue par Tesla et le modèle actuellement le plus vendu. Cette berline familiale reste un véhicule premium, son tarif est plus abordable avec, à sa sortie, une version commercialisée aux États-Unis juste en-dessous des 60 000 $. Son succès n’est plus à démontrer et le constructeur a vendu environ 100 000 exemplaires depuis son lancement, il y a quatre ans.

La Model S, première voiture conçue par Tesla (photo Norsk Elbilforening (CC BY 2.0)
La Model S, première voiture conçue par Tesla (photo Norsk Elbilforening (CC BY 2.0)

Grâce à cet argent, Tesla Motors a investi pour produire la Model 3, une berline qui vise la majorité du marché avec un prix d’appel autour de 35 000 $. Cette voiture n’est pas encore sortie et on ne l’attend pas avant la fin de l’année 2017, mais elle vient conclure le premier plan d’Elon Musk. Il était donc temps d’évoquer la suite, ce que le patron du constructeur vient de faire en publiant un nouvel article sur le blog officiel de l’entreprise.

Que contient ce « Master Plan, Part Deux » (sic) ? À nouveau, les grandes lignes directrices des années à venir sont énoncées autour de quelques axes essentiels. Côté énergie, la fusion récente entre Tesla Motors et Solar City permettra d’offrir aux particuliers une solution clé en main pour collecter l’énergie solaire et la stocker. Cela prendra la forme d’un panneau solaire qui intègre une batterie et Elon Musk promet une installation très simple.

La future Model 3, première voiture « abordable » de Tesla.
La future Model 3, première voiture « abordable » de Tesla.

Du côté des véhicules, le patron de Tesla établit à nouveau un plan en trois temps :

  • Couvrir tous les besoins avec un petit SUV et un pickup, mais aussi un poids-lourd et un bus ;
  • atteindre l’autonomie totale pour tous ces véhicules ;
  • mettre en place un service de partage.

Prenons ces étapes point par point. La première est la plus simple, il s’agit d’exploiter la plateforme et de répondre aux différents besoins du marché. Comme la Model 3 est une version réduite de la Model S, Tesla pourra certainement proposer une déclinaison plus modeste de la Model X, son SUV. Quant au pickup, il peut s’agir d’une version agrandie de la Model X, avec une carrosserie différente.

Proposer un bus et un camion électriques capables de concurrencer les poids-lourds et les cars actuels nécessitera certainement plus de travail. Néanmoins, ces gros véhicules ont aussi moins de contraintes que des voitures individuelles. Un bus, par exemple, s’arrête très souvent et si les arrêts sont correctement équipés, il peut se recharger à chaque fois. Proterra fait déjà tourner des bus électriques outre-Atlantique et il suffit de 10 minutes pour charger complètement un véhicule vide, avec une autonomie maximale qui dépasse les 400 km.

Proterra commercialise déjà des bus électriques aux États-Unis.
Proterra commercialise déjà des bus électriques aux États-Unis.

Les deux autres étapes s’enchaînent logiquement. Les voitures Tesla sont d’ores et déjà partiellement autonomes, mais le constructeur ne s’en est jamais caché, ce n’est qu’un début. D’ailleurs, Elon Musk insiste sur ce point, c’est pour cela que le pilotage automatique des Model S et Model X est qualifié de bêta. La fonction n’est pas encore au point pour une autonomie totale et il faut la considérer comme une assistance de conduite très avancée, plutôt qu’en tant qu’autopilote à proprement parler.

Néanmoins, le futur est très clair de ce côté : l’intelligence artificielle des véhicules va s’améliorer et un jour, une Tesla pourra vraiment conduire toute seule, sans aucune intervention humaine. Elon Musk reste prudent sur la date et prévient qu’il faudra aussi attendre les autorisations légales, ce qui pourrait prendre du temps. D’après lui, il faudra des tests menés sur 10 milliards de kilomètres avant que les législateurs valident cet usage. À titre de comparaison, l’autopilote de Tesla conduit sur environ 5 millions de kilomètres par jour à l’heure actuelle. L’an dernier, il disait qu’il faudrait attendre deux ans, mais il est manifestement moins optimiste.

Il faut dire que l’opinion publique a un petit peu changé suite au premier accident mortel en Tesla, alors que le pilotage automatique était actif. Elon Musk a beau défendre les bons résultats de ses voitures, qui ont connu beaucoup moins d’accidents que les autres, il a beau mettre en avant sur Twitter les bonnes nouvelles (un piéton a été sauvé par l’autopilote d’une Model S à Washington), le fait est que cet accident a rappelé à tous que la fonction n’était pas encore parfaite. Ce rappel retardera-t-il l’arrivée des véhicules complètement autonomes ? Quoi qu’il en soit, Tesla n’a aucune intention d’arrêter et son CEO le confirme à nouveau.

Le pilotage automatique de Tesla est très impressionnant, mais pas suffisant pour ne pas prêter attention à la route.
Le pilotage automatique de Tesla est très impressionnant, mais pas suffisant pour ne pas prêter attention à la route.

Quand les Tesla seront vraiment autonomes, on pourra appeler sa voiture depuis n’importe où et elle viendra nous chercher d’elle-même. On pourra se laisser conduire et faire autre chose, ou alors elle pourra se conduire seule pour chercher quelqu’un. La conclusion est dès lors logique : on pourra partager la voiture plus simplement.

Comme nous le suggérions, la voiture du XXIe siècle sera partagée, et Elon Musk le reconnaît avec deux idées d’implémentation. Dans les villes, le constructeur prévoit de proposer des véhicules que l’on pourra commander pour ses trajets, à la manière d’Uber, mais sans conducteurs. Mais la bonne idée, c’est que n’importe quel propriétaire de Tesla pourra louer son véhicule en participant à un programme de partage commun. Il suffira de s’inscrire sur une app mobile et sa voiture sera proposée à tous les utilisateurs du service.

En fait, le constructeur a déjà prévu cette finalité : les portières de sa Model X s’ouvrent d’elles-mêmes quand son propriétaire approche. Ajoutez l’identification des personnes autorisées par le smartphone et vous obtenez un véhicule parfaitement adapté au partage.

Une Model X, portes ouvertes. Le premier modèle pensé pour le partage ?
Une Model X, portes ouvertes. Le premier modèle pensé pour le partage ?

Cette idée permettra de baisser le prix d’achat d’une Tesla, sachant que la plupart des véhicules particuliers ne sont pas utilisés plus de 5 à 10 % du temps. C’est bien vu pour l’entreprise qui pourra ainsi toujours vendre des voitures, tout en adoptant ce nouveau modèle.

Rejoignez le Club iGen

Soutenez le travail d'une rédaction indépendante.

Rejoignez la plus grande communauté Apple francophone !

S'abonner