« Tulipe » : c’était le nom de code donné à Google lors de la préparation de la perquisition orchestrée par le parquet national financier (PNF) au siège de Google France la semaine dernière. Eliane Houlette, la cheffe du PNF, était hier l’invitée du Grand Rendez-vous Europe 1 — Le Monde — iTélé, et elle a donné quelques précisions sur la nature de l’opération et son déroulé.
Le PNF a travaillé dans la plus grande discrétion : pas question que des informations fuitent ou que Google soit mis au courant avant la perquisition. Le dossier a été traité « uniquement hors réseau, hors connexion ». Un ordinateur était bien utilisé, mais « uniquement en traitement de texte » !
Étant donnée la nature de l’entreprise (« le combat de David contre Goliath », explique Eliane Houlette), il était impératif de travailler sous le radar. C’est pourquoi « nous avons décidé de donner un autre nom, “Tulipe”, de ne jamais prononcer le nom de Google ».
L’enquête, débutée en juin 2015 après une plainte de l’administration fiscale, a débouché sur cette opération spectaculaire : en tout, ce sont une centaine de fonctionnaires du parquet, de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, et des experts en informatique, qui ont perquisitionné les locaux de la filiale française du moteur de recherche américain.
Ces fins limiers ont recueilli « plusieurs téraoctets » de données, « une masse considérable » qu’il va maintenant falloir traiter. Et cela peut représenter des mois : « J’espère que ce ne sera pas plusieurs années ». L’administration n’a pas les mêmes capacités de traitement de ces grandes entreprises, ni les « logiciels extrêmement performants » qui accéléreraient le traitement de ces données.
Eliane Houlette voudrait maintenant qu’un procès en bonne et due forme puisse s’ouvrir. « Dès lors que nous engageons des enquêtes nous souhaitons qu’elles arrivent à leur terme et que les personnes bénéficient d’un procès ». Google France a déjà dit son intention de coopérer avec les autorités. En février, la rumeur courait que Google pourrait être assujetti à un redressement très important, à hauteur de 1,6 milliard d’euros. Il s’agit ici d’un dossier concernant « des faits de fraude fiscale aggravée et de blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée ».
Source : Le Monde