Depuis son acquisition de SFR, Numericable essaie de faire oublier qu’il dispose avant tout d’un réseau de câble pour alimenter ses abonnés. Le nouveau FAI essaie de brouiller les lignes entre la fibre optique traditionnelle (FTTH) et le câble coaxial (FTTLA). D’ailleurs, quand on veut s’abonner, on n’a qu’un débit maximal, jusqu’à 1 Gbit/s, sans savoir la technologie que l’on aura concrètement à son domicile.
Pour autant, ces deux technologies sont-elles aussi équivalentes que SFR veut bien le dire ? Dans son dernier observatoire de la qualité du service d’accès à internet fixe, l’ARCEP dresse une conclusion très claire : la « fibre optique jusqu’à l’abonné » (FTTH) est la « technologie d’accès la plus performante ». Preuves à l’appui, des dizaines de mesures réalisées chez les cinq fournisseurs d’accès en France, depuis neuf sites différents répartis sur tout le territoire. Une manière d’essayer, autant que possible, d’éliminer l’influence locale.
À partir de ces mesures, l’autorité a publié un rapport d’une trentaine de pages où l’on voit bien l’intérêt de la fibre optique jusqu’à l’abonné. Les débits mesurés sont nettement meilleurs en FTTH, même si en fonction des offres commerciales des fournisseurs, ils varient du simple au quadruple. Au passage, la connexion câblée n’atteint même pas les 200 Mbit/s dans ces mesures, alors que Numericable a déjà réussi à pousser sa technologie bien au-delà (lire : Numericable accélère le câble avec une offre à 800 Mbit/s). Est-ce parce que ces offres commerciales ne sont plus disponibles depuis l’acquisition de SFR ? C’est difficile à dire, tant le FAI est obscur dans ses offres…
Le débit ne fait pas tout et l’ARCEP a jugé les différentes technologies sur d’autres critères encore, comme la latence, essentielle pour jouer en ligne, mais aussi pour la vidéoconférence. Et en la matière, la supériorité de la fibre optique est indéniable, avec une latence moyenne mesurée autour de 8 millisecondes. En comparaison, le câble ne fait pas mieux que l’ADSL, avec des latences souvent supérieures à 20 millisecondes.
Pour concrétiser ses mesures, l’ARCEP teste aussi des applications concrètes : chargements de page web, streaming vidéo, téléchargement. Dans tous les cas, la fibre optique FTTH conserve l’avantage, même si la différence est parfois mince.
Ce rapport ne devrait pas aider SFR, qui essaie de maintenir la confusion entre FTTH et FTTLA. À la fin du mois de mars, le ministère de l’économie a publié un arrêté pour forcer les fournisseurs à distinguer les deux technologies à partir du mois de juin. SFR a fait appel de cette décision et on ne connaît pas encore la fin de l’histoire, mais on ne parierait pas vraiment sur une victoire de l’entreprise au carré rouge…