Lancé à l’automne dernier par Google, le projet AMP (pour Accelerated Mobile Pages) est désormais actif sur certains résultats de recherche. Rappelons qu’il s’agit de versions épurées et allégées des articles publiés sur internet, mises en cache sur les serveurs de Google et proposées aux utilisateurs mobiles pour un chargement plus rapide des articles en question.
C’est à l’occasion de son passage à Paris, mercredi 24 février, que Sundar Pichai a annoncé le lancement public d’AMP. Le patron de Google a rappelé les objectifs du projet et annoncé au passage de nouveaux partenariats en France. En plus du quotidien Les Échos qui était déjà partenaire à l’origine, TF1 et RTL y participeront, ainsi que 20 Minutes et Ouest France. Au total, le moteur de recherche a signé des accords avec des centaines d’éditeurs, mais tous les blogs WordPress vont aussi en bénéficier.
Tous les articles fournis par WordPress.com sont d’ores et déjà compatibles avec AMP et pour les blogs et sites hébergés ailleurs, une extension officielle est également proposée. Dans les deux cas, on peut afficher la version optimisée en ajoutant /amp
à la fin de l’URL, mais Google devrait sélectionner automatiquement la « bonne » version en fonction de la situation en cours. De quoi améliorer la navigation mobile et surtout l’accélérer, en retirant la majorité des scripts JavaScript et en chargeant en priorité le début du contenu.
Pourquoi adopter AMP ? Comme Facebook et ses Instant Articles, un projet directement concurrent, Google promet une bien meilleure visibilité, avec un carrousel qui présente les articles en tête des résultats de recherche. Le chargement doit être aussi immédiat et on pourra passer facilement d’un article à l’autre, avec des mouvements latéraux. Ajoutons que, si les versions AMP sont optimisées et allégées, elles peuvent toujours contenir de la publicité.
Néanmoins, Google contrôle très étroitement ce qui peut être intégré à un article AMP, ce qui pose problème. Toutes les régies publicitaires ne peuvent pas s’y retrouver et au départ, on ne pouvait pas utiliser de vidéos Dailymotion, alors que celles de YouTube étaient prises en charge depuis le départ. Depuis la présentation du projet, le nombre de partenaires a été toutefois enrichi et on peut noter que le spécialiste de la recherche n’interdit pas ses concurrents. Côté statistiques par exemple, des grands noms comme Adobe, comScore ou Quantcast sont disponibles et pas seulement Google Analytics.
Conscient sans doute de ces problématiques, Google essaie toutefois de s’effacer derrière sa solution, qui a été conçue en partenariat avec les créateurs de contenus et surtout qui se veut libre et ouverte. Le code source est proposé sur GitHub et n’importe qui peut le modifier, voire le forker pour créer un dérivé. Mais est-ce que le géant de la recherche mettra en avant les résultats d’un AMP différent ? Pas si sûr…
Project Shield : protéger l'information contre les DDoS
Autre nouveauté Google qui intéressera les publications en ligne : le Project Shield est désormais ouvert à tous les sites d’actualité. Derrière ce nom très impressionnant, une protection contre les attaques DDoS assurée par la multitude de serveurs gérés par Google. Ce concurrent de CloudFlare et d’autres services similaires est totalement gratuit et il est désormais ouvert à (presque) tous les sites.
Les critères de sélection ne sont pas très clairs, mais en gros, tous les journalistes et tous ceux qui évoquent l’actualité peuvent prétendre à la protection apportée par Google. Les sites qui participent à Google News seront automatiquement acceptés. Si ce n’est pas votre cas, mais que vous pensez être concerné, remplissez le formulaire en bas de cette page et votre demande sera validée manuellement. Si vous êtes accepté, il faudra modifier les DNS associés à votre nom de domaine pour qu’ils transitent d’abord par les serveurs de Google, c’est le seul moyen d’assurer une protection vraiment efficace.
L’entreprise assure toutefois qu’elle ne collectera pas de données à des fins publicitaires. D’ailleurs, le Project Shield n’est pas assuré directement par Google, mais par Jigsaw, l’une des filiales d’Alphabet dont l’objectif est de trouver des réponses aux plus gros problèmes géopolitiques grâce à la technologie. S’assurer que tous les sites d’actualité restent disponibles, même en cas d’attaque DDoS, entre donc dans cet objectif. Apparemment, la maison-mère ne souhaite pas rentabiliser cette branche plus idéaliste.