The Verge a publié en milieu de journée un article intitulé « L’action d’Apple a baissé de 18 % depuis le lancement de l’hideuse coque avec batterie pour iPhone ». Dans ce papier, Vlad Savov, l'un des chefs de rubrique du site, mettait en rapport le cours de l’action avec la date du lancement de la Smart Battery Case et prouvait, graphique à l’appui, que l’action n’avait cessé de diminuer depuis la sortie.
Comment pouvait-on croire que cet article devait être pris au premier degré ? Déjà, il est rangé dans la rubrique « TL;DR » du site, une catégorie où les journalistes se laissent aller avec des billets d’humeur plus légers. Mais tout le monde n’est pas censé le savoir, c’est vrai.
Néanmoins, l’article en lui-même contenait suffisamment d’éléments pour comprendre que c’était une blague. Il y avait suffisamment d’indices qui devaient permettre à n’importe quel lecteur attentif de comprendre que ce n’était pas sérieux (et la traduction étant un art difficile, surtout quand il s’agit d’un texte humoristique, nous laissons la version originale en plus de notre version) :
Nous ne disons pas que la coque batterie incroyablement laide a effrayé les investisseurs et a eu un effet direct sur le cours de l’action de l’entreprise, mais nous ne disons pas pour autant que cela n’a pas été le cas.
(« Now, we’re not saying that Apple’s incredibly ugly battery case spooked investors and had a direct effect on the company’s stock price, but we’re not not saying that, either. »)
Quant à expliquer ce qui a vraiment causé la chute du cours de l’action, des analystes pourraient accuser le ralentissement général de l’économie ou la saturation du marché, mais n’écartons pas la coque batterie.
(As for what’s really causing the drop in share price, analysts might blame the general slowdown in the economy or consumer market saturation, but hey, let’s not rule out the battery case.)
Mais non, l’écrasante majorité des lecteurs — et quelques autres journalistes — ont pris l’article au pied de la lettre et se sont moqués du site. À tel point que son auteur a été obligé de « s’excuser » — non sans une pointe de sarcasme bien sentie — sur Twitter et surtout de modifier son article. Qui n’est désormais plus drôle du tout…
Et si vous voulez notre avis, c’est bien dommage. On peut trouver que l’article n’est pas très drôle — il nous a fait sourire après manger —, mais c’est de l’humour et il n’a pas à être pris au premier degré. La mésaventure de The Verge n’est pas un cas isolé, hélas, et au fond, elle montre bien la difficulté de l’humour sur internet. Il est souvent très complexe de le transmettre et de le faire comprendre correctement.
Surtout de la part de publications habituellement sérieuses, comme c’est aussi notre cas. Quand il nous arrive de faire la même chose, les critiques fusent, en général au premier degré…
Comme disait l’autre, « On peut rire de tout, mais pas avec n’importe qui. »
;-)