« La sécurité est la première des libertés », peut-on entendre en boucle dans la bouche de nos hommes politiques. Et au nom de cette sécurité, les idées les plus sécuritaires ont le vent en poupe au gouvernement — il circule même des propositions qui feront froid dans le dos aux défenseurs des libertés. Le Monde a eu accès à des hypothèses de travail sur lesquelles planche la DLPAJ (Direction des libertés publiques et des affaires juridiques), un organisme rattaché au ministère de l’Intérieur qui planche sur les projets de loi relatifs à la sécurité publique.
Ces propositions ont été imaginées pour répondre aux demandes des policiers et des gendarmes, et elles pourraient faire partie de deux projets de loi qui devraient être présentés dès le mois de janvier. Rien ne dit que Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, reprendra ces dispositions à son compte ; mais au vu de la situation du pays en cette période post-attentats, il faut s’attendre au pire en matière de libertés publiques.
Parmi ces mesures, on trouve « l’interdiction des connexions Wi-Fi libres et partagées », ainsi que le blocage des connexions Wi-Fi durant l’état d’urgence. Numerama rappelle qu’il revient à chaque utilisateur d’internet de sécuriser leur connexion, au risque de recevoir une admonestation d’Hadopi (un malandrin ayant accès à cette connexion pourrait s’en servir pour télécharger illégalement du contenu). Dans les faits, les sanctions sont inexistantes.
La DLPAJ a également en tête d’« interdire et bloquer les communications des réseaux Tor en France ». On souhaite bien du courage à celui qui voudrait techniquement bloquer le réseau décentralisé Tor qui permet d’anonymiser les échanges, même si ça n’est pas impossible — Wikipedia empêche les modifications apportées via Tor à son encyclopédie. Le Japon, la Chine et l’Iran bloquent déjà Tor.
Enfin, le chiffrement est une fois de plus dans le collimateur : la Direction des libertés publiques voudrait qu’il soit possible d’« Identifier les applications de VoIP et obliger les éditeurs à communiquer aux forces de sécurité les clefs de chiffrement ». La encore, il s’agit de forcer la main aux éditeurs pour qu’ils créent des portes dérobées au service des agences de sécurité gouvernementales. Nul doute que les pirates mettront rapidement la main sur les clés qui ouvriront ces backdoors, comme prévient Apple depuis des mois.