En 2014, 98 % du chiffre d'affaires de Mozilla, soit 323 millions de dollars, est provenu de partenariats passés avec des moteurs de recherche, dont un en particulier, Google. En 2015, Google va verser à la fondation... 0 $. D'un seul coup, le plus gros payeur, non seulement de l'année dernière mais aussi de toute l'histoire de Mozilla, ne va plus rien verser.
Un divorce suivi par de nouveaux mariages
« Nous n'avons plus de relation commerciale avec Google actuellement », a indiqué Denelle Dixon-Thayer, la responsable des affaires commerciales et juridiques de la fondation, à CNET. Est-ce la panique chez Mozilla ? Absolument pas.
De nouveaux contrats ont été passés avec Yahoo aux États-Unis, Baidu en Chine et Yandex en Russie, entre autres. Une partie de ces revenus est fixe, l'autre dépend du trafic apporté par Firefox. Jim Cook, le directeur financier de Mozilla, assure que l'ensemble de ces nouveaux contrats va être plus lucratif que l'ancien deal avec Google. Ce dernier reste par ailleurs toujours le moteur de recherche par défaut dans certains pays, dont la France, mais ne rapporte plus rien.
Mozilla présente cette diversification des interlocuteurs comme un moyen de stimuler la concurrence, de proposer des moteurs plus en phase avec les marchés locaux (Baidu en Chine, Yandex en Russie) et évidemment de se défaire de la dépendance à Google, qui était à la fois partenaire et concurrent.
Pas un mot en revanche sur les autres initiatives économiques. Le magazine en ligne Mozilla Voices, rebaptisé en cours de route The Open Standard, a très vite été abandonné. Surtout, on ne connait pas les recettes liées aux publicités introduites dans Firefox depuis l'année dernière. En l'absence de déclaration des dirigeants, il faudra attendre le bilan financier de 2015 pour voir ce que cela représente.
Des revirements stratégiques, mais une mission inchangée
Outre le divorce avec Google, 2015 aura été marquée par d'autres événements importants. Après des années de réticence liée à la politique technologique d'Apple, Mozilla s'est finalement décidé à porter Firefox sur iOS récemment, suivant le nouveau crédo « allons là où les utilisateurs sont. »
Firefox pour Android a passé la barre des 100 millions de téléchargements cette année, un chiffre à première vue impressionnant, sauf que Google revendique de son côté 800 millions d'utilisateurs de Chrome sur Android et iOS.
Quant à Firefox OS, lancé il y a presque trois ans, il n'a absolument pas percé. Positionné au départ sur les marchés émergents avec des terminaux ultra low-cost, le système entièrement libre n'a rien pu faire face à Android.
Il va maintenant servir de vitrine pour les technologies web et viser les amateurs de Firefox et de logiciels libres. Dans cette optique, Mozilla a dernièrement sorti sur Android une app qui permet de tester Firefox OS.
Jim Cook garantit que tous ces bouleversements participent d'une même mission, celle de « redonner le contrôle à l'utilisateur quand il surfe sur le web et se sert d'apps. » Même si les utilisateurs ne semblent pas préoccupés par le contrôle qu'exercent Google et Apple sur le web aujourd'hui, le directeur financier de la fondation croit que cela pourrait changer. « Si vous regardez en arrière, autour de 2003 ou 2004, les gens ne se souciaient pas d'Internet Explorer... jusqu'à ce qu'ils comprennent. »