Google, bien qu’en délicatesse avec la Commission européenne depuis longtemps, n’en reste pas moins offensif. Au terme d’une investigation de cinq ans, le régulateur de l’UE a communiqué sa notification de griefs au moteur de recherche, qui concentre 90% du marché sur le vieux continent (lire : Europe : Google fait face à une amende record et un démantèlement). Il s’agit d’un premier pas vers une enquête formelle, qui pourrait coûter cher à Google : 10% de son chiffre d’affaires annuel, soit 6 milliards d’euros, ou pire encore, le démantèlement du groupe, ce qui est le vœu du Parlement européen.
L’exécutif bruxellois reproche à Google un abus de position dominante sur la recherche en ligne, notamment en ce qui concerne l’affichage des liens publicitaires. En avril, la Commission craignait que « les utilisateurs ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes, ce qui porte préjudice aux consommateurs et aux services de comparaison de prix concurrents et entrave l’innovation ». Le service Google Shopping est tout spécialement visé.
Google est passé à l’offensive et compte bien répliquer point par point à la Commission. Dans un billet paru sur le blog Google Europe, Kent Walker, vice-président et directeur juridique de l’entreprise, écrit que les allégations européennes sont « incorrectes » car « infondées ». Google « améliore le choix des consommateurs et offre des opportunités de grande valeur pour les entreprises de toutes tailles ». Le groupe précise avoir livré plus de 20 milliards de clics gratuits vers les agrégateurs ces dix dernières années en Europe, tandis que le trafic « gratuit » a augmenté de 227%. Comment soupçonner de mauvaises pratiques un groupe qui a à cœur de promouvoir ainsi ses concurrents, argumente Google.
Google défend l’« utilité » et la « pertinence » de ses résultats de recherche et des publicités qui s’affichent sur l’ordinateur ou le mobile de l’internaute. Les formats publicitaires mis au point par l’entreprise « ne sont pas anti-concurrentiels », assure le représentant de la société. Les annonceurs et les utilisateurs « confirment qu’ils aiment ces formats » : il s’agit de leur donner ce qu’ils trouvent « le plus utile ».
Bruxelles exige de Google l’affichage de publicités provenant d’autres sources que de la régie du moteur de recherche, ce qui réduirait « la qualité et la pertinence des résultats ». La société se dit prête à discuter de sa réponse et des « preuves » qu’elle apporte avec la Commission, « dans l’intérêt du choix de l’utilisateur et de la concurrence ouverte ».