À ce rythme, Google finira par tendre la sébile au fisc. D’après Le Figaro, le moteur de recherche s’est en effet contenté de verser 5 millions d’euros d’impôt sur les bénéfices en France pour 2014, un chiffre en baisse de 35% par rapport à 2013 où l’entreprise s’était acquittée de 7,7 millions d’euros (et 6,5 millions en 2012). L’an dernier, l’activité mondiale de Google avait permis à l’entreprise de générer des profits de 14,4 milliards de dollars.
Certes, la France ne représente qu’une petite partie de ces résultats. Cependant, le marché de la publicité dans les moteurs de recherche a augmenté de 4% en 2014, en atteignant les 1,7 milliard d’euros… uniquement pour l’Hexagone. Et Google est, de très loin, le moteur de recherche le plus utilisé en France. Comment se fait-il alors que la filiale française ait eu à payer si peu d’impôts ?
La société utilise toutes les ficelles de l’optimisation fiscale, un sport international où les champions se nomment Apple, Amazon, Facebook, et bien évidemment Google (les fameux GAFA). La branche française a déclaré des recettes de 216 millions d’euros pour 2014 (des revenus en baisse de 3% par rapport à 2013) qui couvrent les salaires, les charges sociales et autres prestations. Le résultat avant impôts n’est plus que de 17,2 millions d’euros, tandis que le bénéfice est réduit comme peau de chagrin à 12,2 millions.
Tout le reste, c’est à dire la publicité en ligne, est facturé aux annonceurs français par AdWords, la plateforme irlandaise du groupe. On sait que le pays est bien plus souple et moins gourmand sur l’imposition des sociétés qu’ailleurs en Europe, c’est d’ailleurs ce qui lui est reproché depuis des mois par la Commission européenne (lire : Bruxelles ne lâche pas le dossier d'Apple et de l'Irlande).
Si Google paye très peu d’impôts par le truchement de techniques fiscales à la moralité douteuse (mais qui restent tout à fait légales), le moteur de recherche veut souligner son rôle dans l’économie française par le biais de la campagne Moteur de réussites : lancée le 8 avril, cette initiative met en avant des PME et des start-ups qui réussissent grâce à Google. Malgré ces efforts, il n’en reste pas moins que ces pratiques d’optimisation fiscale sont questionnables en regard des difficultés économiques des pays où ces multinationales génèrent leurs profits.
Depuis mi-avril, Apple France est ainsi sous la loupe du ministère des Finances (lire : Optimisation fiscale : le fisc enquête sur Apple France), mais c’est l’Europe entière qui s’inquiète de ces pratiques — les autres pays ne sont pas en reste, comme en Australie récemment.